Le groupe biélorusse Cyber-Partisans s'en serait pris au KGB © Gorodenkoff / Shutterstock
Le groupe biélorusse Cyber-Partisans s'en serait pris au KGB © Gorodenkoff / Shutterstock

Selon l'une de ses membres, Yuliana Shametavets, cette cyberattaque serait une réponse aux accusations de la principale agence du KGB envers le groupe Cyber-Partisans de fomenter une attaque des infrastructures sensibles de la Russie.

Que l'on ne s'y trompe pas. Tout comme il y a la Russie et la Biélorussie, il y a le KGB et… le KGB. Car c'est bien de la cyberattaque du KGB biélorusse qu'il s'agit. Entre les deux pays voisins, les ressemblances, les alliances et les mésalliances sont un vieux serpent de mer. Mais il n'empêche qu'il s'agit toujours de services de renseignements. Et ce sont précisément ces services secrets qu'un groupe dissident biélorusse, appelé Cyber-Partisans, affirme avoir piratés.

Par la voix de Yuliana Shametavets, la référente du groupe qui s'est exprimée auprès de l'agence de presse américaine AP, c'est le KGB biélorusse qui aurait frappé le premier en accusant les Cyber-Partisans d'avoir prémédité des attaques de plusieurs sites sensibles du pays. Œil pour œil, donc.

La Biélorussie, cible privilégiée des hacktivistes dissidents du groupe Cyber-Partisans

Mais pourquoi les Cyber-Partisans en veulent-ils autant à leur KGB ? La brouille prend forme après la réélection controversée d'Alexandre Loukachenko en 2020. Face à la répression sévère des manifestations post-électorales, ces hacktivistes, professionnels anonymes de l'informatique, installés à l'étranger, ont décidé d'agir contre le régime autoritaire. Leurs premières actions ont été symboliques, comme le piratage de sites d'information d'État pour diffuser des images de brutalités policières ainsi que l'inscription de Loukachenko et du ministre de l'Intérieur sur une liste de personnes recherchées. Ils ont également remplacé le drapeau officiel biélorusse sur des sites gouvernementaux par le drapeau blanc-rouge-blanc, emblème des dissidents.

Avec le temps, les Cyber-Partisans ont évolué, collaborant avec BYPOL, un groupe d'ex-policiers biélorusses également opposés à Loukachenko. Cette alliance a permis de mieux planifier leurs attaques informatiques, visant toujours à exposer la violence du régime et à promouvoir la démocratie. Les membres du groupe, qui préservent leur anonymat même entre eux, se considèrent comme des hackers éthiques, ciblant l'État sans nuire aux citoyens. Leur porte-parole, Yuliana Shemetovets, opère depuis New York, et leur objectif ultime est de mettre fin à la répression en Biélorussie et de restaurer les principes démocratiques.

Les dossiers et noms de près de 9 000 employés du KGB, un chatbot Telegram pour identifier ses agents, le butin revendiqué des Cyber-Partisans

C'est au terme d'années de tentatives infructueuses de pirater le KGB que les Cyber-Partisans sont arrivés à leurs fins, le 28 avril dernier. Ils ont d'ailleurs publié leur haut fait sur leur compte X.com.

Les Cyber-Partisans mettent à disposition les données personnelles de plus de 8 600 employés du KGB © VAKS-Stock Agency / Shutterstock
Les Cyber-Partisans mettent à disposition les données personnelles de plus de 8 600 employés du KGB © VAKS-Stock Agency / Shutterstock

Et pour parfaire leurs actions, les hacktivistes annoncent avoir mis à disposition un chatbot Telegram qui donne accès aux noms des agents du KGB avec leurs photos. « Nous voulons montrer que dans le monde numérique, il est impossible de cacher des informations, que la vérité sur les répressions politiques fera surface et que ceux qui les ont perpétrées seront punis », prévient Yuliana Shemetovets.

Il faut dire que les Cyber-Partisans ne sont pas des lapins de 6 semaines en matière de cyberpiratage. Ils ont à leur actif l'attaque de médias contrôlés par l'État, celle des chemins de fer par trois fois, qui a entraîné la paralysie du trafic ferroviaire, avec notamment du matériel militaire russe vers l'Ukraine.

« Nous poursuivrons les attaques afin d'infliger le maximum de dégâts au régime de Loukachenko », a conclu, déterminée, Yuliana Shemetovets. La bamboche au KGB, c'est terminé.

Sources : AP, Security Week