Le Skynet-1A, satellite britannique lancé en 1969, a mystérieusement changé de position orbitale dans les années 1970. Censé survoler l'Afrique de l'Est, il se trouve désormais au-dessus des Amériques, à 36 000 km d'altitude.

Skynet-1A se retrouve à 36 000 kilomètres au-dessus de l'Amérique sans que l'on sache comment ni pourquoi - © Dima Zel / Shutterstock
Skynet-1A se retrouve à 36 000 kilomètres au-dessus de l'Amérique sans que l'on sache comment ni pourquoi - © Dima Zel / Shutterstock

Le mystère plane autour du plus ancien satellite britannique, le Skynet-1A. Ce vaisseau spatial d'une demi-tonne, contemporain des premiers pas de l'Homme sur la Lune, devait initialement servir de relais de communication pour les forces britanniques depuis son poste d'observation au-dessus de la côte est africaine.

Problème, ce précieux témoin de la conquête spatiale britannique s'est volatilisé de son emplacement d'origine pour réapparaître à des milliers de kilomètres de là, au-dessus du continent américain. Les lois de la physique sont formelles : un tel déplacement ne peut être le fruit du hasard.

Quelqu'un, quelque part, a délibérément ordonné au satellite de mettre ses propulseurs en marche pour effectuer ce voyage vers l'ouest. Mais qui ? Et surtout, pourquoi ?

Le déplacement du Skynet-1A révèle les zones d'ombre des opérations spatiales des années 70

Alors qu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, on ne sait toujours pas pourquoi le satellite Intelsat 33e de Boeing a explosé, c'est une autre énigme qui agite le consultant spatial Stuart Eves et n'a encore abouti à aucune réponse définitive.

Malgré l'exploration minutieuse des Archives nationales et de nombreux entretiens avec des experts en satellites du monde entier, le mystère reste entier. Les indices pointent vers une possible implication américaine. Et pour cause : le satellite, bien que britannique, a été fabriqué aux États-Unis par Philco Ford et lancé par une fusée Delta de l'US Air Force. Graham Davison, ancien pilote du Skynet-1A depuis la base RAF Oakhanger dans le Hampshire, confirme que les Américains exerçaient initialement un contrôle sur le satellite avant de le céder à la Royal Air Force. Hélas, aujourd'hui âgé de plus de 80 ans, il admet que sa mémoire lui fait défaut. « En substance, il y avait un double contrôle, mais quand et pourquoi Skynet-1A aurait pu être rendu aux Américains, ce qui semble probable – j'ai peur de ne pas m'en souvenir », dit-il.

Une hypothèse émerge des archives : le déplacement aurait pu survenir lors d'une période de maintenance appelée « Oakout », pendant laquelle le contrôle était temporairement transféré aux États-Unis. Les dernières traces du satellite dans les journaux officiels datent de juin 1977, moment où Oakhanger a perdu sa trace, laissant présumer que la décision finale reposait entre les mains américaines.

Mais qu'est-il arrivé au Skynet-1A ? - © IRINA SHI /Shutterstock
Mais qu'est-il arrivé au Skynet-1A ? - © IRINA SHI /Shutterstock

Cette délocalisation orbitale transforme le Skynet-1A en menace pour le trafic spatial actuel

Si l'on ne sait pas encore précisément ni comment ni pourquoi Skynet-1A s'est fait ce petit voyage en solitaire dans l'espace, il se trouve que son emplacement actuel est particulièrement problématique. Coincé dans un « puits de gravité », selon le Dr Stuart Eves, à 105 degrés de longitude ouest, il oscille comme une bille au fond d'un bol, croisant régulièrement la route d'autres satellites.

Cette danse orbitale n'a rien d'esthétique, elle est dangereuse : à cette position, un satellite actif peut voir un débris s'approcher à 50 km jusqu'à quatre fois par jour. Si ces distances peuvent sembler confortables, la vitesse vertigineuse des objets en orbite transforme ces rencontres en menaces potentielles.

Et le premier responsable en cas d'accident serait le Royaume-Uni, toujours légalement en charge de son satellite. Le ministère de la Défense surveille constamment Skynet-1A via son Centre national des opérations spatiales et alerte les autres opérateurs en cas de risque de collision.

En revanche, le problème aurait pu être évité si le satellite avait été placé dans un « cimetière orbital », une pratique désormais courante, mais inexistante dans les années 70. Le faire aujourd'hui coûterait très cher au gouvernement britannique.

Source : BBC