Vue d'artiste du satellite de communication militaire Skynet 5D. Pour le moment, les Britanniques disposent de très peu de moyens spatiaux souverains. Mais le Brexit pourraient les conduire à augmenter leurs investissements. Crédits : UK MoD
Vue d'artiste du satellite de communication militaire Skynet 5D. Pour le moment, les Britanniques disposent de très peu de moyens spatiaux souverains. Mais le Brexit pourraient les conduire à augmenter leurs investissements. Crédits : UK MoD

Si la série Netflix Space Force a tourné en dérision le lancement en grande pompe de l’US Space Force par Donald Trump, l’officialisation de l’US Space Command britannique le 1er avril dernier n’a rien d’une blague. Ce nouveau commandement interarmées aura pour but de répondre aux enjeux spatiaux d’aujourd’hui et de demain.

La création de cette nouvelle branche de commandement s’inscrit dans une logique qui touche la plupart des grandes puissances spatiales.

Enjeux économiques et enjeux militaires

Depuis quelques années, on observe un phénomène de singularisation de l’espace exoatmosphérique dans les doctrines stratégiques et les organisations militaires des principales puissances militaires et économiques. Aux États-Unis, cela s’est traduit par la création de l’US Space Force, une sixième branche armée qui quitte alors le giron de l’US Air Force. En France, la création d’un commandement de l’espace au sein de l’Armée de l’air a conduit cette dernière à être officiellement renommée Armée de l’air et de l’espace.

Il faut dire que l’espace, plus que jamais, est devenu un enjeu économique majeur. Au-delà des traditionnels satellites d’observation météo et de télécommunication, les nombreuses constellations déployées fournissent bien évidemment une géolocalisation de plus en plus précise, mais aussi une capacité d’observation de la Terre indispensable pour prévenir les catastrophes naturelles, de plus en plus violentes.

Plus récemment, les nouvelles constellations en orbites basses promettent de révolutionner le mode de vie moderne, en apportant une connectivité haut débit mondiale, en permettant de contrôler les futurs essaims de drones aériens et navals utilisés pour le commerce mondial, ou encore en facilitant le déploiement de l’Internet des objets. Autant de nouveaux vecteurs essentiels à l’économie de demain, qui constitueront autant de points de fragilité que les États devront protéger, que ce soit contre des cyberattaques, de l’espionnage, ou bien une destruction volontaire ou accidentelle.

L’UK Space Command emboîte le pas

Suite aux initiatives américaines et françaises, et dans la lignée de l’OTAN qui reconnaît désormais l’espace comme l’un de ses domaines d’opération, le Royaume-Uni s’est décidé à créer son propre commandement spatial unifié.

Intégrant des éléments venus de la Royal Navy, de la Royal Air Force et de la British Army, ainsi que des personnels civils du ministère de la Défense, l’UK Space Command sera basé à High Wycombe, au nord-ouest de Londres. Pour l’heure, il centralisera les activités spatiales existantes, à savoir les quatre satellites de communication Skynet-5, le système de surveillance anti-missile balistique anglo-américain BMEWS, et les différentes participations militaires du pays dans des programmes multinationaux.

À terme, toutefois, le Royaume-Uni entend se doter de véritables moyens d’action militaire dans et vers l’espace. Sorti de l’Europe, le pays devra en effet accroître sa dotation en moyens souverains. Mais Londres devra également assurer la protection des futurs moyens civils du pays, notamment la constellation OneWeb. Cependant, en cas d’investissements souverains insuffisants, l’UK Space Command risque fort de devenir, en pratique, une succursale européenne de la Space Force américaine.

Source : Rusi.org