Comme l'avaient promis Emmanuel Macron et Florence Parly l'an dernier, l'Espace et l'armée de l'Air sont rassemblés sous la même bannière. La nouvelle armée s'installera dans la Ville rose dans les cinq ans.
Les armées françaises ouvrent un nouveau chapitre de leur histoire. Le vendredi 11 septembre 2020 restera comme le jour marquant la transition de l'armée de l'Air en armée de l'Air et de l'Espace, sa nouvelle dénomination. La ministre des Armées Florence Parly et le chef d'état-major de l'armée de l'Air général Philippe Lavigne ont assisté vendredi à cet événement et à la présentation du nouveau logo de cette armée depuis la base aérienne 107 de Villacoublay, dans les Yvelines.
La France travaille sa défense
Le nouveau nom de l'armée de l'Air, devenue, donc, armée de l'Air et de l'Espace comme nous vous l'indiquions déjà en juillet 2019, a été décidé après la création, l'année passée, du commandement de l'espace (CDE). Cette nouvelle branche militaire doit fédérer et coordonner les moyens dédiés au domaine spatial de défense. Elle s'inscrit dans le cadre de la stratégie militaire française, symbolisée par la loi de programmation militaire 2019-2025 et ses plus de 4 milliards d'euros de budget. Elle se destine à renforcer les moyens français de surveillance et les capacités d'auto-défense dans l'espace.
Le commandement de l'espace, qui a vu le jour le 3 septembre 2019, doit progressivement monter en puissance d'ici 2025 pour progressivement élargir son champ de compétences aux cyberattaques, à l'espionnage, au brouillage et aux armes antisatellites. Il doit offrir à la France les capacités défensives et offensives nécessaires à la riposte, en cas de menace.
« Notre stratégie est une logique de découragement. Il s'agit de dire que nous exercerons un droit de légitime défense », explique le général Michel Friedling, à la tête du commandement de l'espace, qui évoque un appui sur des techniques de brouillage ou de lasers de puissance, qui peuvent neutraliser ou aveugler un satellite ennemi. 2 000 satellites sont positionnés aujourd'hui et sous surveillance. La stratégie de défense spatiale de la France, elle, s'orientera autour de quatre axes, avec une nouvelle doctrine militaire pour les opérations spatiales, l'adaptation de la gouvernance du spatial militaire, une nouvelle ambition capacitaire ainsi que le développement d'une expertise spatiale de défense.
Priorité à l'Air plutôt qu'à l'Espace ?
Pour le moment, le commandement de l'espace (CDE) est installé à Paris. Mais d'ici cinq ans, il accueillera ses membres à Toulouse, où il prendra place. Un lieu ô combien symbolique, puisqu'on y retrouve le Centre spatial de Toulouse, place opérationnelle du Centre national d'études spatiales (CNES). Si le CDE rassemblait 220 personnes à la fin de l'année 2019, il devrait regrouper 470 personnes en 2025, dans la capitale européenne du spatial.
L'armée de l'Air et de l'Espace a, en outre, dévoilé, ce 11 septembre, son tout nouveau logo, sur lequel on retrouve toujours l'épervier présent depuis plusieurs décennies, survolant désormais ce qui s'apparente à la Terre, pour évoquer la vision spatiale. On notera également une différence dans la police d'écriture du logo. « Armée de l'air » a le droit au gras, ce qui la met forcément plus en valeur, à l'inverse de la mention « et de l'espace », plus en retrait. Cela sous-entendrait-il que l'Air prend le dessus sur l'Espace ?
Pour l'État français, il s'agissait en tout cas de répondre à des pays comme les États-Unis, la Chine, la Russie ou l'Inde, qui ont su développer de réelles capacités d'espionnage ou de destruction de satellites. Pour affirmer une souveraineté française de l'Air… et de l'Espace.