Pour recruter des mains toujours plus jeunes, les réseaux criminels adoptent les codes des influenceurs sur les réseaux sociaux. Europol alerte sur cette nouvelle tendance qui inquiète et transforme les activités illégales en « défis » attractifs pour les adolescents.
Dans une note publiée ce mardi 12 novembre, Europol, l'Agence de l'Union européenne pour la coopération des services répressifs, tire la sonnette d'alarme sur un phénomène bien préoccupant. L'institution s'inquiète de l'utilisation massive des médias sociaux par les réseaux criminels pour recruter des mineurs. L'agence révèle que ces derniers sont impliqués dans plus de 70% des marchés criminels, notamment dans le trafic de drogue, la fraude en ligne et la cybercriminalité. Les méthodes de recrutement sont de plus en plus sophistiquées. Elles s'inspirent désormais des codes et techniques des influenceurs.
Des méthodes de recrutement de criminels qui ciblent la génération Z sur les réseaux sociaux
Les recruteurs ont parfaitement intégré les codes de communication des jeunes sur les réseaux sociaux. En utilisant un savant mélange d'émojis, de messages codés et de langage adapté, ils parviennent à établir un premier contact avec leur cible, sans éveiller les soupçons. Les conversations se déroulent sur des applications chiffrées, permettant l'anonymat et la destruction automatique des messages.
La promesse d'argent facile est au cœur de leur stratégie. Les sommes proposées peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros, parfois même 20 000 euros, pour les actes les plus graves, comme les meurtres. Ces offres, que certains jeunes considèrent comme alléchantes, sont présentées comme des « opportunités business » ou de simples « jobs », en masquant leur nature illégale, derrière un vocabulaire entreprenariat toujours plus déduisant.
Les criminels savent y faire pour manipuler émotionnellement les adolescents. Ils créent un sentiment d'appartenance, d'exclusivité, et leur font croire qu'ils sont spéciaux, qu'ils ont été choisis. Forcément, les plus vulnérables sont les adolescents en quête de reconnaissance.
La « gamification » du crime organisé
Europol en dit plus sur les techniques utilisées. L'agence regrette la « gamification » des activités criminelles. Les missions illégales sont présentées comme des challenges, ou des défis, qui rappellent sans mal l'univers des jeux vidéo et des réseaux sociaux. Une approche ludique qui vient banaliser la gravité des actes demandés et rendre l'engagement criminel plus attractif pour les jeunes.
D'ailleurs, les tâches confiées aux mineurs sont multiples, et de plus en plus risquées. Alors qu'ils sont souvent âgés de 13 à 17 ans en moyenne, les jeunes peuvent être utilisés comme dealers de rue, coursiers ou même être impliqués dans des activités violentes, ce fut le cas très récemment encore à Marseille. Plus inquiétant encore, certains jeux vidéo servent carrément d'outils d'entraînement pour enseigner des techniques violentes.
Alors pourquoi les réseaux criminels privilégient-ils les mineurs aujourd'hui ? En partie parce qu'ils présentent un risque minimal en cas d'arrestation. Sans casier judiciaire et avec une connaissance limitée de l'organisation criminelle, ils deviennent des recrues idéales pour les activités illégales, tout en étant moins susceptibles de collaborer avec les autorités et forces de l'ordre.
08 novembre 2024 à 17h28