Les organisations Interpol et AFRIPOL ont annoncé, mardi, avoir démantelé un vaste réseau cybercriminel africain, avec 1 006 suspects arrêtés. Ils se livraient à toutes sortes d'activités cybercriminelles, avec de lourds dégâts financiers.

De nombreux téléphones ont été saisis par les autorités, dans le cadre de l'opération Serengeti © Interpol
De nombreux téléphones ont été saisis par les autorités, dans le cadre de l'opération Serengeti © Interpol

Tous les membres de la communauté dite « cyber » le diront : la cybercriminalité n'a jamais été aussi organisée, puissante et sophistiquée. Mais l'opération Serengeti, menée conjointement par l'organisation internationale de police criminelle Interpol et le mécanisme de coopération policière africaine AFRIPOL, vient de démontrer la capacité des forces de l'ordre à coordonner une riposte internationale digne de ce nom. Car celle-ci, massive, a abouti à l'arrestation de centaines de hackers, qui se livraient à du ransomware ou à des escroqueries en ligne partout dans le monde, depuis le continent africain.

Les chiffres du coup de filet peuvent donner le tournis

Les statistiques de cette opération sont impressionnantes : on compte 1 006 suspects arrêtés, 134 089 infrastructures malveillantes démantelées et près de 193 millions de dollars de pertes financières identifiées. L'offensive concertée impliquait, en outre, 19 pays africains et ciblait des activités criminelles aussi variées que les ransomwares, les fraudes aux e-mails professionnels et les escroqueries en ligne.

Au Kenya, les enquêteurs ont percé à jour un réseau de fraude bancaire complexe, basé sur des scripts malveillants qui permettent de contourner les protocoles de sécurité. Les criminels ont rapidement dispersé 8,6 millions de dollars volés via des transferts internationaux, impliquant des sociétés aux Émirats arabes unis, au Nigéria et en Chine.

Au Sénégal, ce sont huit personnes, dont cinq ressortissants chinois, qui ont été interpellées pour une escroquerie en ligne de 6 millions de dollars. La perquisition des autorités a permis de mettre la main sur plus de 900 cartes SIM, 11 000 dollars en liquide et une collection de données personnelles de victimes.

Un combat contre de nouveaux horizons cybercriminels

Un groupe particulièrement cynique a été démantelé au Cameroun. Le collectif attirait des victimes avec de fausses promesses d'emploi, les retenait ensuite captives et les forçait à recruter d'autres personnes dans leur système frauduleux.

Les résultats de l'opération Serengeti © Interpol
Les résultats de l'opération Serengeti © Interpol

Ce n'est pas tout, puisqu'au Nigeria, un individu a été arrêté pour des escroqueries liées aux cryptomonnaies, ayant généré à lui seul plus de 300 000 dollars en attirant des investisseurs sur des plateformes de messagerie avec de fausses promesses.

Enfin, en Angola, ce sont 150 personnes qui ont été interpellées pour la gestion d'un casino virtuel frauduleux qui ciblait des joueurs brésiliens et nigérians. 200 ordinateurs et plus de 100 téléphones ont été saisis.

L'opération, ce coup de filet XXL, aura été financée par le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Conseil de l'Europe, décidés à maintenir avec force la lutte contre la cybercriminalité. Fortinet, Trend Micro et Kaspersky sont parmi les acteurs cyber ayant contribué à l'opération. Mais tout n'est pas gagné, car comme le souligne Valdecy Urquiza, le secrétaire général d'Interpol, « ce n'est ici que la pointe de l'iceberg ».

Source : Interpol