Des chercheurs hongkongais ont conçu une interface gustative portable qui permet de simuler des saveurs virtuelles grâce à une sucette connectée. Ils ouvrent ainsi la voie à de nouvelles expériences, mais aussi des applications concrètes.
Si tous les goûts sont dans la nature, ils pourraient bien l'être demain dans la réalité virtuelle. Restée longtemps l'apanage des sens visuels et auditifs, elle a cantonné l'expérience immersive à ce qui pouvait être vu et entendu, soit à travers de jeux vidéo, soit plus sérieusement, en médecine, pour combattre notamment l'anxiété.
Jusqu'à ce qu'une équipe de scientifiques vienne bousculer cette limitation sensorielle avec un dispositif aussi surprenant qu'ingénieux. Une sucette high-tech, fruit de recherches menées à l'Université de Hong Kong, promet de faire décoller l'expérience sensorielle numérique vers des horizons jusqu'alors inexplorés. Une technologie capable de faire voyager nos papilles dans des univers entièrement virtuels, sans avoir recours à des méthodes intrusives ou complexes.
Mais comment une simple sucette peut-elle révolutionner la perception gustative dans les mondes virtuels ?
L'innovation repose sur un mécanisme qui répond au doux nom d'iontophorèse. Ne partez pas, c'est plus simple à comprendre qu'à prononcer ou écrire. Comme l'explique Ars Technica, contrairement aux précédentes tentatives de simulation gustative qui nécessitaient des électrodes invasives ou le stockage de produits chimiques volumineux, les chercheurs ont misé sur un hydrogel intelligent.
Ce gel, chargé de composés ioniques spécifiques, permet de générer des saveurs avec une précision chirurgicale. Neuf canaux distincts sont embarqués dans un dispositif miniature de seulement 8×3×1 cm, capable de reproduire une palette gustative étonnante : sucré, salé, acide, cerise, lait, thé vert, fruit de la passion, et même le controversé durian, aux relents de cadavre en décomposition.
Lorsque l'utilisateur met la sucette en contact avec sa langue, le courant électrique, d'une intensité si faible qu'elle passe inaperçue, joue le rôle de chef d'orchestre moléculaire. Il guide précisément les ions à travers l'hydrogel, et déclenche des sensations gustatives calibrées. Point crucial : contrairement aux systèmes précédents, point de besoin de coller des électrodes sur la langue ou de stocker des réservoirs de produits chimiques. Un microcontrôleur et un module Bluetooth permettent un pilotage sans-fil et transforment littéralement l'expérience.
Médecine, commerce, éducation… Des applications concrètes dans différents domaines
Au-delà du divertissement, cette sucette virtuelle recèle un potentiel scientifique et commercial prometteur. Dans le domaine médical, elle pourrait révolutionner le diagnostic des troubles gustatifs, aujourd'hui difficiles à évaluer objectivement. Imaginez des tests standardisés où les patients pourraient précisément quantifier leurs perceptions gustatives, notamment après des pathologies comme la COVID-19 qui altèrent fréquemment le goût.
Côté commercial, l'interface ouvre la voie à des expériences de shopping immersives totalement inédites. Un consommateur pourrait désormais goûter virtuellement un produit avant même de l'acheter, abolissant les frontières entre e-commerce et expérience sensorielle. Dans les environnements éducatifs de réalité mixte, elle deviendrait un formidable outil pédagogique, permettant aux enfants de découvrir différentes saveurs de manière ludique et interactive.
La technologie n'est pas encore parfaite : actuellement limitée à une heure d'utilisation avant que les hydrogels ne perdent en intensité, elle représente néanmoins une avancée spectaculaire.
Source : Ars Technica