C'est lors d'une opération mondiale sans précédent qu'Interpol a démantelé un vaste réseau de cybercriminels. La police mondiale a ainsi arrêté 5 500 suspects et récupéré plus de 400 millions de dollars volés.

L'opération Haechi V a permis l'arrestation de 5 500 suspects - © T. Schneider /Shutterstock
L'opération Haechi V a permis l'arrestation de 5 500 suspects - © T. Schneider /Shutterstock

L'opération HAECHI V d'Interpol s'est déroulée entre l'été et l'automne 2024. Elle ciblait pas moins de sept types de crimes financiers — phishing vocal, escroqueries sentimentales, sextorsion en ligne, fraude à l'investissement, jeux de hasard illégaux, fraude par compromission de courrier électronique et fraude au commerce électronique — et a mobilisé les forces de l'ordre de 40 pays.

Et pour cause, 5 500 suspects arrêtés, plus de 400 millions de dollars d'actifs récupérés. C'est sans doute en Asie de l'Est qu'a été réalisé le plus gros coup de filet, qui a anéanti un réseau de phishing vocal ayant escroqué 1,1 milliard de dollars à plus de 1 900 victimes.

La technologie I-GRIP : comment Interpol intercepte en temps réel les transferts criminels à travers le monde

Avec Interpol, les opérations se succèdent et l'addition est toujours lourde pour les cybercriminels. Après Serengeti, qui a permis l'arrestation de plus de 1 000 suspects et l'identification de près de 200 millions de dollars de pertes financières, Haechi V a frappé fort. Très fort et à travers le monde, grâce à l'arme secrète d'Interpol contre la cybercriminalité financière, baptisée I-GRIP. Ce système mondial d'intervention rapide sur les paiements révolutionnaires est capable de bloquer instantanément des transferts frauduleux entre pays. Ainsi, la police de Singapour a récupéré 39,3 millions de dollars sur 42,3 millions volés à une entreprise, grâce à une collaboration éclair avec les autorités du Timor-Leste.

À Guernesey, une simple session de sensibilisation a conduit à l'interception de 2,5 millions de dollars de fonds frauduleux au Portugal. Ces success-stories démontrent que la coopération policière internationale peut désormais contrer la rapidité des réseaux criminels. En seulement cinq mois, Interpol a presque doublé le nombre de cas résolus et triplé le nombre de comptes de services d'actifs virtuels bloqués par rapport à 2023.

Une citation du secrétaire général d'Interpol, Valdecy Urquiza, résonne comme un avertissement : « La nature transfrontalière de la cybercriminalité rend essentielle la coopération policière internationale, et le succès de cette opération soutenue par INTERPOL montre les résultats que l'on peut obtenir lorsque les pays travaillent ensemble. Ce n'est qu'en unissant nos efforts que nous pourrons rendre le monde réel et le monde numérique plus sûrs ».

Le programme I-GRIP d'Interpol - © Interpol
Le programme I-GRIP d'Interpol - © Interpol

Le succès de l'opération Haechi V : le vol de plus d'un milliard de dollars par un réseau de phishing en Corée

Le coup de force le plus spectaculaire de l'opération HAECHI V s'est déroulé en Asie de l'Est, où les polices coréenne et chinoise ont démantelé un réseau criminel d'une rare brutalité. Ces escrocs avaient développé un mode opératoire glaçant : se faire passer pour des agents des forces de l'ordre, utilisant de fausses identités pour manipuler leurs victimes. Leur technique ? Une ingénierie sociale redoutablement efficace qui leur a permis de voler 1,1 milliard de dollars à plus de 1 900 personnes.

À l'instar de son collègue, Lee Jun Hyeong, le chef du Bureau central national Interpol de Séoul, a déclaré : « Nos collègues, ici en Corée et dans les services de police du monde entier, ont fait preuve d'un dévouement et d'un professionnalisme exceptionnels au cours de l'Opération HAECHI V. Nos efforts ont non seulement permis de traduire les malfaiteurs en justice, mais aussi de réaliser des progrès significatifs en matière d'interception et de récupération de fonds illicites. Nous continuerons à contribuer à une réponse rapide et efficace à la cybercriminalité financière ».

Les enquêteurs ont par ailleurs découvert les stratagèmes utilisés par les cybercriminels pour venir à bout de leurs victimes. Le plus souvent, c'est la pression psychologique exercée qui a fonctionné le mieux, via l'usurpation d'identité d'officiers de police pour créer un sentiment d'urgence et de légitimité. Chaque appel était méticuleusement préparé, chaque faux document soigneusement falsifié. Vingt-sept membres de ce groupe ont été arrêtés, dix-neuf ont été formellement inculpés. De quoi couper les pattes à ce réseau tentaculaire.

Source : Interpol