Alors, Mozilla, on a pris goût aux méthodes de filous ?
Prise entre le marteau et l’enclume dans un secteur archi-concurrentiel, Mozilla avait déjà tenté de gratter quelques parts de marché sur les plus vieilles versions de Windows pour consolider sa base d’internautes actifs, annonçant que son navigateur continuerait de prendre en charge les éditions 7, 8 et 8.1 de l’OS jusqu’en mars 2025. Las ! Les miettes du gâteau ne suffiront pas à la fondation pour s’imposer face à Chrome et Edge, qui concentrent à eux seuls près de 80% des pdm sur desktop, quand Firefox n’en cumule que 6,5%. C’est donc en toute logique – mais sans aucune décence – que Mozilla, défenseuse autoproclamée de la transparence, a décidé de se battre avec les armes de ses adversaires, au détriment du respect de ses utilisateurs et utilisatrices.
Quand Mozilla prend les internautes par la main
La combine en question ? Une implémentation en cours de test dans Firefox 134 beta 2 qui montre que Mozilla est prête à user de nouvelles stratégies contestables pour se faire une place sur Windows 11 et imposer son navigateur par défaut, l’air de rien.
Repérée par Windows Report, la technique est actuellement expérimentée dans le cadre d’une campagne marketing. Dans le détail, lorsque les internautes téléchargent Firefox à partir d’une page web spécifique, le programme d’installation du navigateur comprend un nouvel identifiant d’attribution, explicitement baptisé set_browser_default, censé faire de Firefox le navigateur par défaut dès la première exécution du programme.
Cette tactique prend la forme d’un nouveau menu d’installation, dans lequel la case « Définir Firefox comme navigateur par défaut » est déjà pré-cochée. Très délicate, Mozilla vous laisse donc théoriquement le choix… si vous y prêtez attention. En revanche, si vous êtes de celles et ceux à valider sans lire les petites lignes, l’assistant d’installation prend le relais, ouvre directement la page des paramètres de Windows, et vous guide jusqu’à faire officiellement de Firefox votre navigateur principal.
Des méthodes contestables dans la forme plus que dans le fond
Le fait que cette expérience soit, pour le moment, circonscrite à un public ciblé tend à démontrer que Mozilla cherche déjà à évaluer l’impact de ce changement sur un groupe spécifique. L’attribution d’un tel identifiant devrait en effet permettre à la fondation de suivre l’évolution du taux d’adoption de Firefox par défaut parmi les internautes ayant téléchargé le navigateur via la page web marketing, en vue, peut-être, de généraliser la pratique si les résultats sont bons.
Évidemment, analyser le terrain pour comprendre les usages et adapter ses stratégies de diffusion n’est pas problématique en soi. En revanche, la méthode choisie par Mozilla pour forcer le passage, alors même qu’elle a toujours défendu le libre choix des internautes, soulève une question embarrassante : jusqu’où peut-on aller pour rester dans la course, sans trahir ses principes ?
D’autant que Mozilla n’en est pas à sa première bassesse cette année. L’été dernier, la fondation activait la PPA (Prevacy Preserving Attribution) par défaut dans Firefox, sans avoir jugé nécessaire de consulter ses utilisateurs et utilisatrices au préalable, arguant que les internautes manquaient de toute façon de jugeote et n’étaient pas capables de faire des choix éclairés concernant la protection de leurs données privées. À prendre sa communauté pour des imbéciles, on gagne rarement en popularité.
Source : Windows Report