Bruxelles continue de faire pression sur Apple en exigeant que la firme californienne ouvre davantage son écosystème. Nous rapportions ce matin que l'Union européenne souhaitait une interopérabilité totale d'iOS avec les plateformes concurrentes. Dans un document, Apple explique en détail pourquoi elle est réticente en prenant comme exemple Meta.
Pendant des années, Apple a parfaitement entretenu son "jardin clos", ce qui a permis à l'entreprise de proposer des interactions très poussées entre ses différents appareils et systèmes d'exploitation. Bien entendu, ces travaux visent à conserver le plus longtemps possible les utilisateurs, voire à les inciter à investir davantage dans les produits de la marque avec la promesse d'une expérience unifiée imbattable.
La position d'Apple
Alors face aux demandes de l'Union européenne, Apple préfère communiquer sur un autre point : celui de la sécurité. Et pour ce faire, elle illustre les demandes de la société Meta éditant, entre autres, Facebook, WhatsApp, Threads et Instagram.
Dans un document, Apple rappelle avoir mis en place l'App Tracking Transparency au sein de son App Store afin d'informer clairement les utilisateurs des permissions requises par chaque application, mais aussi en présentant un pop-up lorsque l'une d'elle souhaite pister l'internaute à des fins publicitaires.
Dans le cadre du DMA, l'Union européenne a déjà contraint Apple à permettre aux éditeurs tiers de configurer leur application par défaut et aux utilisateurs à désinstaller celle d'Apple livrées sur chaque iPhone. La firme de Tim Cook explique désormais : "Mais nous voyons maintenant des exemples concrets de la façon dont une nouvelle approche de l'interopérabilité dans l'UE mettrait les utilisateurs en danger, en les obligeant à ouvrir leurs appareils - et leurs données les plus sensibles - à des entreprises ayant un historique de violation de leur vie privée". Et d'ajouter : "Alors que nous continuons à créer des opportunités d'interopérabilité, il reste extrêmement important de le faire de telle manière à ce que cela convienne à nos utilisateurs."
Le cas de Meta
Pour Apple, cette interopérabilité pourrait être compromise par les entreprises dont le modèle économique consiste à emmagasiner un maximum de données personnelles. Et c'est bien entendu le cas de Meta pour ses réseaux sociaux Facebook, Instagram et Threads ainsi que pour sa messagerie WhatsApp. D'ailleurs, toujours selon Apple, Meta serait la société qui a demandé le plus d'interopérabilité avec l'OS d'Apple. Meta entend donc se positionner très largement en faveur de la Commission européenne. Et l'on se souvient que la société n'avait pas particulièrement apprécié la mise en place de l'App Tracking Transparency et publiquement décrié Apple lorsque les partenaires publicitaires commençaient à observer une chute de leurs revenus.
Apple explique : "Dans de nombreux cas, Meta cherche à modifier les fonctionnalités de manière inquiétante concernant la confidentialité et la sécurité des utilisateurs, et qui semble en outre être totalement sans rapport avec l'utilisation réelle des appareils externes de Meta, tels que les lunettes intelligentes Meta et les Meta Quests."
Apple a donc rejeté plusieurs demandes d'accès émanant de Meta. La firme de Mark Zuckerberg avait souhaité avoir l'autorisation de lire l'intégralité des messages (SMS et iMessage) et des emails, de voir tous les appels entrants et sortants ou encore de pister chacune des applications installées sur l'iPhone. Meta a par ailleurs soumis une demande d'accès à AirPlay pour pouvoir accéder à la télévision et aux enceintes connectées des utilisateurs ainsi qu'aux App Intents et à CarPlay pour analyser les interactions de l'utilisateur et, le cas échéant, mettre en avant ses propres applications.
S'il est évident que les demandes de Meta sont outrancières, Apple détourne le véritable problème qu'est l'interopérabilité en prenant un cas extrême pour en faire une généralité. Reste à savoir si la société saura répondre aux demandes de l'Union européenne en prévenant les dérives de ce genre.