Face à l'UE, Apple ouvrira encore plus iOS, mais à quel prix ?

Depuis plusieurs mois Apple modifie son système iOS pour respecter l'entrée en vigueur du Digital Market Act. Et, en une seule phrase, la firme de Tim Cook montre la pleine puissance de l'UE.

Avec iOS 17.4, Apple a commencé à dissocier les mises à jour de son système d'exploitation mobile pour les Européens. Il est désormais possible d'installer un App Store différent. C'est ainsi que l'AltStore et l'Epic Game Store ont vu le jour. Mais les choses vont aller bien plus loin.

Identifiée avec iOS comme un gatekeeper par l'Union européenne, l'entreprise Apple n'a d'autre choix que de se plier aux exigences du DMA pour continuer à vendre ses produits sur le Vieux Continent. Et si nous sommes habitués à une multinationale proposant des produits et services particulièrement fermés, elle va devoir les ouvrir.

Votre iPhone, vos choix

Dans un billet de blog à destination des développeurs, Apple explique que les utilisateurs de l'Union européenne devront avoir plus de choix pour configurer leurs applications favorites par défaut. Depuis iOS 14, il est possible de remplacer le navigateur ou le client mail. Mais la société n'avait fait que le strict minimum. Les éditeurs tiers étaient encore obligés d'utiliser le moteur de rendu par défaut - WebKit. Ce n'est qu'à l'entrée en vigueur du DMA que les choses ont changé en donnant plus de flexibilité pour les navigateurs alternatifs.

Un peu plus tard cette année, Apple permettra aux utilisateurs de l'Union européenne de configurer davantage d'applications par défaut et notamment pour le téléphone, l'application de messagerie, le gestionnaire de mots de passe, le clavier ou encore l'outil permettant de filtrer le spam téléphonique. Au printemps prochain, la firme de Cupertino ira encore plus loin et permettra de définir une application de cartographie par défaut ainsi qu'un outil de traduction.

Mais c'est en une seule phrase qu'Apple montre la pleine puissance de l'UE : « De plus, l'App Store, Messages, Photos, Caméra, et Safari pourront désormais être supprimés par les utilisateurs dans l'UE ».

Chose impensable il y a encore quelque temps, Apple semble peu à peu perdre le contrôle sur son système mobile et l'utilisateur n'hésitera certainement pas à se détourner de ces applications s'il n'en voit pas l'usage.

Et au passage, tout cela concerne également iPadOS.

Un iPhone sur-mesure, mais à quel prix ?

Une nouvelle section spécifiquement dédiée à cette configuration fera son apparition au sein des paramètres d'iOS. Si les développeurs tirent parti de ces nouveautés, il sera donc possible d'avoir un iPhone extrêmement personnalisé et collant véritablement à ses besoins.

Reste qu'Apple continue de faire pression comme elle peut. Face aux exigences de l'UE, l'entreprise a pris le parti de bloquer en Europe la fonctionnalité la plus attendue d'iOS 18 : Apple Intelligence (ainsi que la mise en miroir des iPhone). Il est intéressant de noter que ce blocage ne concerne d'ailleurs que les terminaux en ligne de mire du DMA, l'IA d'Apple pouvant être activée sur les Mac.

Apple déclare officiellement que les exigences d'interopérabilité imposées par le DMA peuvent compromettre la sécurité et la confidentialité des données de ses utilisateurs. Bien évidemment, officieusement, Apple serait plutôt en train de créer une opposition entre ses utilisateurs européens et la Commission européenne.

Alors un iPhone ouvert, oui, mais à quel prix ? Car si l'UE impose au géant californien un double développement pour respecter les règles en vigueur en Europe, Apple pourrait aussi très bien jouer double jeu et choisir de privilégier les utilisateurs américains de manière régulière. Cette année, c'est l'IA. Et l'année prochaine ? On imagine en tout cas que dans un tel scénario, les cerveaux affutés des jailbreakers trouveront un moyen de contourner ces restrictions.

Source : Apple