Longtemps opposé à l’idée d’ouvrir son App Store à la concurrence, Apple s’apprête à changer sa position sur le vieux continent, contrainte et forcée par les nouvelles régulations bruxelloises.
Le DMA et le DSA auront aux raisons d’Apple. Après s’être démenée pour échapper aux nouvelles réglementations européennes, la firme s’apprête à abandonner le combat, au moins temporairement. Comme l’explique Mark Gurman dans sa newsletter pour Bloomberg, l’entreprise serait sur le point de « scinder » son App Store en deux, pour éviter que le reste du monde ne puisse profiter des libertés offertes par les nouvelles règles en place sur le vieux continent.
Un nouvel App Store avant le 7 mars 2024
Concrètement, cela signifie qu’une version de l’App Store spécifique à l’UE sera développée par Apple. Cette dernière sera plus laxiste puisqu’elle permettra aux utilisateurs et utilisatrices d’installer des applications venant de sources tierces. La date butoir pour être en accord avec le DMA étant fixé au 7 mars 2024, Apple serait donc prête à lever ses restrictions « dans les prochaines semaines », selon Bloomberg. Cela qui signifie qu’il n’y aura plus long à attendre avant de pouvoir profiter des changements proposés par Bruxelles.
On aurait pu s’attendre à ce que, à la manière du RGPD, Apple profite de cette occasion pour changer sa position partout dans le monde, mais la volonté de développer une version spécifique de l’App Store pour l’UE prouve bien que l’entreprise n’est pas prête à abandonner sa poule aux œufs d’or dans le reste du monde. L’App Store remporte encore très gros à Apple et la possibilité de voir la concurrence bousculer la domination de l’entreprise n’est pas exactement réjouissante pour Tim Cook et les autres cadres de la firme.
Le premier domino d’une longue série
Le délai imposé à Apple pour se mettre en accord avec les règles européennes risque bien de rentrer en conflit avec le procès qui oppose la firme à Bruxelles. Et une ouverture de l’App Store sans incident de sécurité majeure pourrait considérablement affaiblir la position d’Apple dans cette affaire et avoir des répercussions partout dans le monde.
Éminemment symbolique, cette ouverture forcée du monopole d’Apple sur la distribution d’application pourrait, en effet, poser les jalons pour que d’autres pays soient en mesure de réclamer la même chose. Le Japon semble notamment sur les starting-blocks sur le sujet. Le département de la justice étasunien semble aussi vouloir pousser Apple à faire preuve de plus d’ouverture. L’App Store version UE pourrait n’être que le premier domino d’une longue série.
Source : Bloomberg