Avec la dernière version de son système iOS, Apple a revu la gestion du carnet d'adresses. Et les mesures introduites ne semblent pas plaire aux développeurs d'applications de réseaux communautaires.
A posteriori, la mise à jour d'iOS 18 semble prendre une autre tournure. Au-delà des options de personnalisation visibles en surface, la firme californienne semble vouloir changer la donne sur plusieurs secteurs d'activité.
Nous avons déjà abordé le sujet de la publicité en ligne, dont les représentants ne voient pas d'un très bon œil le bloqueur de contenus au sein du navigateur Safari. Apple entend également proposer un meilleur contrôle de son carnet d'adresses.
Une meilleure gestion des contacts
Pendant des années, les applications de réseaux communautaires ont exploité un effet viral : le partage du carnet d'adresses du smartphone. Cela nous permettait de retrouver nos amis ou connaissances sur les réseaux sociaux. Surtout, ce mécanisme leur assurerait une croissance fulgurante. Pour Nikita Bier, fondateur des diverses plateformes communautaires revendues à Discord et Facebook, il s'agit d'un véritable coup de massue. C'est en tout cas ce qu'il explique dans une interview recueillie par le New York Times.
Avec iOS 18, lorsqu'une application souhaite accéder à votre carnet d'adresses, il n'est plus obligatoire de partager l'intégralité de ce dernier. L'utilisateur est en mesure de choisir quels contacts spécifiques seront envoyés sur les serveurs de l'application en question.
Et cela a du sens. À l'heure où le smartphone est bien souvent utilisé pour un usage personnel et professionnel, pouvoir dresser des barrières est plutôt une option bienvenue. Certains carnets d'adresses peuvent par ailleurs contenir des informations sensibles. Nous rapportions que Facebook avait probablement votre numéro de téléphone, même si vous n'avez tout simplement pas de profil créé sur le réseau. La faute à l'un de vos contacts qui y a au préalable versé en masse son carnet d'adresses.
L'année dernière, pour mémoire, avec iOS 17, Apple avait mis en place un système similaire pour limiter cette fois l'accès des applications tierces aux photos.
Une manœuvre tactique pour Apple ?
Certes, pour Facebook, X.com et autres acteurs historiques du Web social, il est sans doute trop tard. En revanche, avec ces limitations d'iOS 18, la start-up souhaitant lancer son réseau aura bien plus de mal à percer et à se faire connaître. Finalement, il faudra en quelque sorte le mériter et laisser l'utilisateur être le seul juge de ce succès potentiel pour le convaincre d'élargir un peu plus son carnet d'adresses.
À l'instar de l'App Tracking Transparency, remettant dans les mains de l'utilisateur le choix d'être pisté ou non, certains développeurs reprocheraient à Apple d'entretenir une position aussi hypocrite que monopolistique. En effet, par défaut, l'application native iMessage s'octroie tous les droits. D'emblée, cela place donc les autres applications de messagerie concurrentes (WhatsApp, Signal et compagnie) à un niveau inférieur.
Or, on le sait, Apple est dans le collimateur de l'Union européenne, laquelle insiste particulièrement pour qu'Apple ouvre son écosystème. Avec l'entrée en vigueur du DMA, Apple a dû accueillir des App Store externes et devra permettre de définir davantage d'applications tierces par défaut, et même autoriser la désinstallation de plusieurs de ses propres applications.
Reste à savoir comment réagiront les autorités de l'Union européenne si cette nouveauté d'iOS 18 fait l'objet d'une plainte. On imagine que la firme de Cupertino avancerait certainement l'argument de la vie privée… Une idée qui n'aura pas de mal à convaincre les utilisateurs, à condition toutefois que l'entreprise elle-même montre patte blanche.
16 septembre 2024 à 19h05
Source : New York Times