[Article mis à jour le 24/10 à 19h27] Il fallait s'y attendre. Plusieurs organismes publicitaires français montent au créneau contre la fonctionnalité Distraction Control d'Apple. Dans une lettre ouverte, ils menacent le géant californien de possibles recours de justice.

La fonction Distraction Control ne plaît pas aux entreprises de la publicité en France  © Thaspol Sangsee / Shutterstock
La fonction Distraction Control ne plaît pas aux entreprises de la publicité en France © Thaspol Sangsee / Shutterstock

Cette fonctionnalité, accessible depuis les réglages de Safari sur iOS 18, permet de choisir manuellement les éléments gênants sur les pages web pour les masquer. Cela concerne les fenêtres de connexion, les champs de recherche, les pop-up de cookies, les bannières… et les publicités. Ils sont ensuite cachés, même lors des futures connexions.

En septembre, Pierre Devoize, directeur général adjoint en charge des affaires publiques de l'Alliance Digitale, alertait déjà sur Distraction Control. L'association, qui représente les intérêts des acteurs du marketing digital en France, passe désormais à l'action.

« Une menace existentielle au modèle publicitaire en ligne »

Aux côtés d'autres acteurs de l'industrie publicitaire tricolore, notamment le Syndicat des régies internet (SRI) et l'Alliance de la presse d'information générale, l'Alliance Digitale met en garde Apple.

« Les tests des versions bêta et publiquement disponibles d'iOS 18 ont accru l'anxiété au sein de nos différentes industries », assurent-ils. Ils ont en effet conclu que la fonctionnalité permettait de dissimuler tout le contenu des pages web, « y compris le contenu éditorial des médias en ligne, le matériel protégé par des droits d'auteur et les bases de données protégées ». Cela facilite « la manipulation de l'information sur Internet et la fidélité des transactions sans fournir des informations adéquates aux consommateurs », poursuivent-ils.

La fonction est accessible sur Safari, avec iOS 18 © Primakov / Shutterstock
La fonction est accessible sur Safari, avec iOS 18 © Primakov / Shutterstock

En outre, le fait que Distraction Control permette de masquer les murs de consentement « met en péril la conformité avec la réglementation européenne sur la protection des données et affaiblit les modèles économiques des éditeurs ». L'outil pose « une menace existentielle au modèle publicitaire en ligne », s'inquiètent les signataires, car il compromet la mesure réelle et fiable des performances des annonces distribuées sur les sites web.

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Possible violation du DMA

Ce n'est pas la première fois que ces associations s'adressent à Apple pour discuter de la fonctionnalité. Mais leur tentative de communication, datant du mois de mai, est restée sans réponse. Cette fois, elles exigent la suspension de son déploiement « dans l'attente d'un examen plus approfondi » ainsi que « l'accès à la documentation technique complète détaillant la fonctionnalité » et ses futures mises à jour.

« Compte tenu du manque important d'information et de transparence dans cette affaire, du fait que Safari a été désigné comme un service de plateforme de base en vertu de la loi sur les marchés numériques (DMA), et des conséquences potentielles profondes de ces développements, les associations et les membres que nous représentons envisagent activement tous les recours juridiques possibles », préviennent les signataires.

Pour Apple, Distraction Control n'est pas un adblocker

De son côté, Apple explique que le Distraction Control n'a pas été conçu pour être un bloqueur de publicité. En effet, « celui-ci doit être configuré de manière proactive par les utilisateurs pour chaque site Web qu'ils visitent, et ceux-ci doivent sélectionner les différents éléments qu'ils souhaitent masquer » précise la pomme.

Pour la faire simple, le contrôle des distractions (en VF, NDLR) de Safari permet de masquer du contenu statique dans une page Web, l'inverse d'un emplacement publicitaire qui change de message ou d'annonceur de façon dynamique à chaque passage de l'internaute. Enfin, précision qui vaut le détour, si l'utilisateur choisit de cacher une bannière de cookies ou de consentement (le message qui s'affiche en arrivant sur un site Web et vous informant sur l'utilisation des cookies), le site Web se comportera exactement comme si l'utilisateur ignorait ou fermait cette fameuse fenêtre.

En absence de dialogue ou de compromis entre l'industrie de la publicité en ligne et Apple, il n'est pas exclu que cette initiative débouche sur l'intervention de la Commission européenne, chargée de faire appliquer le Digital Markets Act. Affaire à suivre…

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