Il avait été annoncé en mai dernier, mais depuis, la firme OpenAI s'est faite discrète à son sujet. L'outil de désinscription aux données d'entraînement de l'IA Media Manager est, hélas, encore bien loin de voir le jour.
Venant tout juste d'annoncer son prochain changement de statut, OpenAI, la société derrière l'incontournable ChatGPT, ne cesse de faire des progrès. Pour preuve, son système o3 est aussi intelligent qu'un humain, et la firme envisagerait même la création de robots humanoïdes.
Mais un outil crucial manque encore et toujours à l'appel : Media Manager, un service permettant aux artistes d'empêcher l'IA d'utiliser leurs données à des fins d'entraînement. Ce dernier est toujours aux abonnés absents. Y a-t-il anguille sous roche ?
Media Manager, un remake d'En attendant Godot ?
L'annonce date de mai 2024 : « OpenAI développe actuellement Media Manager, un outil qui permettra aux créateurs et aux propriétaires de contenu de nous indiquer ce qui leur appartient et de préciser comment ils souhaitent que leurs œuvres soient incluses ou exclues de la recherche et de la formation en apprentissage automatique. » La fonctionnalité devait être mise en place d'ici 2025. Mais peut-être ses développeurs voulaient-ils dire « d'ici la fin de l'année 2025 » ?
Toujours est-il que la firme n'a plus vraiment communiqué sur le sujet. Selon TechCrunch, le lancement de Media Manager serait loin d'être prioritaire pour OpenAI : il n'y a aucune mise à jour dans les tuyaux, et il semblerait même qu'un employé « qui travaillait sur Media Manager, Fred von Lohmann, [soit] passé à un rôle de consultant à temps partiel en octobre. »
Un outil controversé, toujours en cours de développement
On sait que pour entraîner ses modèles d'intelligence artificielle, OpenAI a besoin d'un nombre considérable de données. Cependant, un grand nombre de ces informations s'appuient sur des œuvres protégées, utilisées sans autorisation. Sans surprise, de nombreux procès ont été intentés contre la firme, et cette dernière s'est vue contrainte de tisser des partenariats pour obtenir certaines licences. Mais les sommes allouées sont loin d'être suffisantes aux yeux des mécontents.
OpenAI a aussi proposé des formulaires pour permettre aux artistes d'interdire l'utilisation de leurs données. Ces derniers nécessitent toutefois de fournir une image et une description de chaque élément à supprimer, ce qui est loin d'être simple. Des outils empêchant la collecte d'informations sur les pages des webmasters ont également été mis en place. Mais à l'heure actuelle, rien ne permet d'écarter l'utilisation de fichiers audio, vidéo et texte.
Si en août, Media Manager était encore en cours de développement, aucune date de lancement n'a été dévoilée. L'outil soulève déjà de nombreuses inquiétudes, car identifier des contenus à une aussi grande échelle est extrêmement complexe. On ne parle même pas des œuvres modifiées ou copiées sur des plateformes tierces. De plus, comme l'a très justement souligné Ed Newton-Rex, fondateur de Fairly Trained : « Media Manager transférerait injustement la charge du contrôle de la formation des IA sur les créateurs ».
En attendant que l'outil pointe le bout de son nez, OpenAI invoque encore et toujours l'utilisation équitable devant les juges. Si elle réussissait à prouver que ses modèles créent des œuvres transformatrices, et qu'il ne s'agit pas de plagiat, Media Manager n'aurait plus vraiment lieu d'être. On dirait bien qu'OpenAI a décidé de jouer la montre, au grand dam des artistes.
30 décembre 2024 à 11h18
Sources : OpenAI, TechCrunch