L'ARCEP, le gendarme des télécoms, a reporté son enquête annuelle sur la qualité des réseaux mobiles, en raison de soupçons sur la fiabilité des mesures.

Les opérateurs télécoms, comme Orange, attendant avec impatience la prochaine étude sur la qualité de service mobile © Alexandre Boero / Clubic
Les opérateurs télécoms, comme Orange, attendant avec impatience la prochaine étude sur la qualité de service mobile © Alexandre Boero / Clubic

Chaque année, les opérateurs Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free adorent exhiber fièrement les résultats de l'enquête sur la qualité de service mobile publiée par l'Autorité de régulation des télécoms (ARCEP). Mais voilà que celle-ci, qui devait initialement publier la cuvée 2024 en octobre dernier, a reporté sa publication.

Cette décision fait suite à la découverte d'anomalies importantes dans les mesures de performances, notamment sur la 5G en zones urbaines, nous apprennent nos confrères de l'Informé. L'ARCEP a donc décidé d'ouvrir une enquête administrative pour faire toute la lumière sur cette situation inédite.

Le comparatif annuel des réseaux mobiles suspend son verdict

La campagne de mesures 2024, réalisée entre mai et juillet par une filiale d'Accenture, a révélé des disparités inhabituelles entre les performances des opérateurs. Ces écarts, particulièrement marqués sur les débits descendants (c'est-à-dire les débits en téléchargement) en 5G dans les zones denses et intermédiaires, ont immédiatement alerté l'ARCEP.

Si des différences de performances entre opérateurs sont normales, l'ampleur de celles constatées cette année soulève des questions sur la fiabilité des mesures. Cette enquête annuelle, qui s'appuie sur plus de 278 critères, est souvent très importante pour les consommateurs.

Elle permet habituellement d'évaluer objectivement la qualité des services mobiles d'Orange, SFR, Bouygues et Free, que ce soit pour les appels, les SMS ou la connexion Internet. Les résultats sont d'ailleurs largement utilisés par les opérateurs dans leurs communications commerciales, le fameux « meilleur réseau de France » etc. que vous voyez affiché en gros à l'arrêt de bus.

L'autorité des télécoms exige des explication

Alors est-ce une manipulation technique délibérée ou un bug ? Pour Laure de la Raudière, la présidente de l'ARCEP, ces écarts pourraient être liés à « des paramètres techniques spécifiques, des équipements ou des fonctionnalités déployés différemment ». L'autorité a donc mandaté sa formation de règlement des différends (RDPI) pour mener une enquête approfondie sur l'origine exacte de ces anomalies.

Pour le secteur, il s'agit de garantir que les mesures reflètent fidèlement l'expérience réelle des utilisateurs. Les conclusions de cette enquête pourraient avoir des répercussions importantes sur la crédibilité des opérateurs et la confiance des consommateurs dans les performances annoncées, surtout sur cette année où les réseaux auront été particulièrement sollicités.

L'importance de cette investigation dépasse le cadre technique, puisqu'elle touche directement à la concurrence loyale entre opérateurs. L'ARCEP devra déterminer si ces anomalies résultent d'une manipulation volontaire qui aurait pu fausser la compétition sur le marché des télécommunications français.