L'ARCEP a publié, jeudi, son rapport annuel dans lequel elle dresse les évolutions marquantes des réseaux internet fixes et mobiles pour 2019 et leurs perspectives.
L'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) a publié, jeudi 25 juin, l'édition 2020 de son rapport sur l'état d'Internet en France, présenté en conférence de presse, qui nous donne l'occasion de faire le point sur de nombreux dossiers comme la qualité de service pour le fixe et le mobile, la neutralité du web, la fameuse transition vers IPv6 (d'importance avec la pénurie d'adresses IPv4), l'impact environnemental des terminaux, réseaux et usages pour l'année 2019.
Croissance historique des débits mobiles en 2019 en France
Sur la qualité de service globale, l'ARCEP attache une importante toute particulière à la mesure des performances des différents opérateurs. Un critère de choix pour les consommateurs. En ce sens, l'API « carte d'identité de l'accès », censée améliorer la mesure de la qualité d'Internet, devrait être implémentée et intégrée dans une majorité de box en juillet 2022. Pour une meilleure fiabilité des outils de test dits « en crowdsourcing », de type Speedtest (qui ne sont pas toujours d'une grande fiabilité et qui pourront avoir accès à l'API en se conformant au Code de conduite de l'ARCEP).
S'agissant des débits non pas fixes mais mobiles, on note une très nette évolution entre 2018 et 2019. De façon globale, le débit descendant moyen en France métropolitaine est passé de 30 Mbit/s en 2018 à 45 Mbit/s en 2019.
Si en zones dense (62 Mbit/s, +44% sur un an) et en zone intermédiaire (46 Mbit/s, +44%) la croissance est remarquable, les efforts des opérateurs ont surtout été notables en zone rurale, où les débits ont tout simplement doublé en un an, passant de 14 Mbit/s en 2018 à 28 Mbit/s l'année suivante. Les premiers effets du New Deal mobile sont enfin visibles.
Quid des réseaux durant la crise sanitaire ?
Le rapport valant pour l'année 2020, l'ARCEP ne pouvait évidemment pas omettre la crise sanitaire que la France vient (ou est en train) de traverser, et qui a entraîné une sollicitation plus importante des réseaux qu'à l'accoutumée, justement au plus fort de la crise. Durant le confinement, l'autorité indique que le trafic internet a augmenté de plus de 30% (selon les données fournies à Netscout par les FAI).
La majorité du trafic internet se concentre vers une poignée d'acteurs
Le trafic internet, lui, a fortement augmenté en 2019, avec une croissance de 29% et un trafic entrant vers les principaux FAI à l'interconnexion de 18,4 Tbit/s. L'ARCEP note que les capacités installées à l'interconnexion (qui permet aux acteurs du net de se connecter et d'échanger du trafic mutuellement) des FAI Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont été 2,7 fois supérieures au trafic entrant.
Oui, le trafic internet a augmenté donc, il a tendance à se concentrer autour d'un nombre d'acteurs réduit. 55 % du trafic (contre 53% en 2018) provient par exemple des quatre principaux fournisseurs de contenus d'Internet : dans l'ordre Netflix, qui creuse l'écart sur Google, Akamaï et Facebook.
Une transition vers IPv6 qui devient « primordiale »
Depuis l'annonce de la pénurie d'IPv4 le 15 novembre 2019, l'ARCEP et Internet Society France ont lancé la task-force IPv6, avec l'objectif de faciliter et favoriser la transition vers IPv6 de l'écosystème d'Internet. Aujourd'hui, la transition reste lente, et seuls 27% des sites web les plus visités en France offrent une accessibilité en IPv6.
La transition vers IPv6 étant la seule solution capable d'assurer la croissance du net à long terme (plusieurs fournisseurs comme Google, Facebook et Netflix ayant déjà commencé à remplacer IPv4 avec IPv6), les opérateurs télécoms français qui détiendront des fréquences 5G dans la bande 3,4 - 3,8 GHz auront ainsi l'obligation de rendre leur réseau mobile compatible avec le protocole.
L'ARCEP veut créer un « baromètre vert » du numérique
L'ARCEP a consacré une partie de son rapport à la neutralité d'Internet, en rappelant au préalable que 450 millions de citoyens protégés sont protégés par le règlement européen internet ouvert, adopté en 2015, ainsi que par les lignes directrices relatives à la mise en oeuvre du règlement. L'autorité française dispose à ce titre de plusieurs outils, et continue de veiller aux pratiques qui pourraient être contraires au principe de neutralité du net.
Concernant enfin l'empreinte environnementale des réseaux, elle est le symbole même de ce que devrait être l'extension des pouvoirs de l'ARCEP, qui ambitionne de « faire de l'enjeu environnemental un nouveau chapitre de la régulation ». Le 6 avril 2020, l'autorité a d'ailleurs ajouté un volet environnemental à son outil de collecte d'informations auprès des opérateurs télécoms afin de mieux percevoir les enjeux environnementaux du secteur et pouvoir informer les utilisateurs et les pouvoirs publics de l'impact de leurs usages.
Le numérique représente entre 3 et 4 % des émissions de gaz à effet de la planète. C'est autant que le transport aérien (du moins avant la crise). Et c'est la croissance constante de la part du numérique dans ces émissions qui pousse l'ARCEP à se saisir de l'enjeu environnemental. Le régulateur devrait publier, d'ici la fin de l'année, un rapport en ce sens, rapport qui pourrait déboucher sur un « baromètre vert » du numérique.
Source : ARCEP