La start-up spécialisée en intelligence artificielle impose une clause inédite à ses candidats : rédiger leurs candidatures sans aucune aide algorithmique. Une décision qui interroge sur la place réelle des systèmes génératifs dans l’évaluation des compétences humaines.
Anthropic, société derrière le modèle de langage Claude, défraie la chronique avec une directive surprenante : ses offres d’emploi exigent des postulants qu’ils s’engagent par écrit à ne pas utiliser d’assistants IA pendant leur candidature. Un paradoxe pour cette entreprise valorisée à 18 milliards de dollars, dont l’activité consiste précisément à développer ces technologies.
Une politique à contre-courant
La clause d’Anthropic stipule que « les compétences communicationnelles doivent être appréciées sans assistance artificielle ». Objectif affiché : mesurer la motivation réelle des candidats et leur capacité à exprimer une pensée structurée. Une approche qualifiée de « nécessaire » par certains recruteurs, qui craignent la banalisation des profils formatés par l’IA.
La start-up encourage pourtant ses employés à utiliser Claude au quotidien pour « augmenter leur productivité ». Ce double discours questionne : pourquoi bannir l’IA en phase de recrutement si celle-ci devient incontournable ensuite ? Des experts y voient une méfiance envers les limites actuelles des IA génératives, encore capables de générer des hallucinations ou des biais.
- Upload de fichiers pouvant aller jusqu'à 100 000 tokens (75 000 mots environ)
- Personnalisation avancée
- Conception éthique
Sur des forums comme Hacker News, des développeurs comparent cette mesure à « interdire les calculatrices dans un concours de mathématiques ». À l’inverse, des responsables RH saluent une initiative permettant de « détecter les surqualifications artificielles » dans un marché saturé de candidats IA. Aucune méthode ne permet aujourd’hui de détecter avec certitude l’usage ponctuel d’outils comme ChatGPT. La clause fonctionne donc sur la base d’une déclaration d’honneur, ce que certains jugent « naïf dans un secteur ultra-concurrentiel ».
Cette politique s’inscrit dans un paysage professionnel où 75 % des demandeurs d’emploi français utilisent déjà des outils génératifs pour optimiser leurs CV et lettres de motivation. Elle révèle surtout les contradictions d’une industrie partagée entre promotion technologique et préservation des capacités humaines.
Source : Ars Technica