L'entreprise Apple a été accusée de monopole par les autorités allemandes. En cause, c'est son dispositif permettant de bloquer les annonceurs mis en place en 2021.
![Vie privée : contre Apple, la justice allemande se range du côté de... Facebook](http://pic.clubic.com/3c48b4e41996233/936x542/smart/app-tracking-transparency.jpg)
Lorsque Apple a introduit son App Tracking Transparency, la société expliquait qu'elle remettait dans les mains des utilisateurs le choix de laisser les applications téléchargées suivre ou non leurs activités. Pour les éditeurs, le but de traquer une personne permet en théorie de lui fournir du contenu jugé plus pertinent, comme des actualités. Dans les faits, plusieurs sociétés s'en servent pour créer des profils utilisateurs auprès desquels ils seront en mesure de diffuser les publicités de leurs partenaires tout en obtenant potentiellement un meilleur taux de conversion, et donc de revenus.
App Tracking Transparency : efficace ou hypocrite ?
L'Office fédéral de lutte contre les cartels, l’autorité de concurrence fédérale allemande, a mené une enquête de trois ans sur les pratiques d'Apple et notamment sur son App Tracking Transparency. Reuters rapporte les propos d'Andreas Mundt, président du bureau, lequel affirme que ce dispositif de protection complexifie l'accès aux données des utilisateurs pour les développeurs d'applications tierces.
Avant 2021, après avoir téléchargé une application depuis l'App Store, aucune information n'était rendue disponible sur les éléments que celle-ci était en mesure d'accéder. On se souvient alors de ces calculatrices ou applications de lampe torche qui multipliaient sans raison valable les accès aux contacts ou à la géo-localisation… De quoi accumuler une mine de données à revendre…. Désormais, Apple liste au sein de l'App Store les éléments d'accès requis par cette application et envoie une notification permettant d'autoriser ou non le suivi.
Les autorités estiment cependant qu'Apple entretient une sorte de monopole sur les données de ses utilisateurs. Face à cette accusation, Apple assure avoir mis la barre encore plus haut pour elle-même lorsqu'elle souhaite pouvoir accéder aux fichiers, aux photos ou aux contacts de ses propres utilisateurs. Et d'ajouter : "Nous continuerons d'avoir des échanges constructifs avec l'Office fédéral de lutte contre les cartels pour nous assurer que nos utilisateurs aient toujours une transparence et un contrôle sur leurs données".
La râle des annonceurs
C'est Facebook le premier qui a crié au scandale. La firme de Mark Zuckerberg s'est offusquée de ne plus pouvoir pister librement les internautes. Le mécanisme de protection aurait ainsi malmené les annonceurs sur le réseau social souhaitant diffuser leurs publicités sur la version iOS de Facebook.
En juillet 2021, trois mois après l'introduction de l'App Tracking Transparency, les annonceurs auraient vu leurs revenus chuter de 20%. De fait, ces derniers ont ralenti les investissements publicitaires au sein de Facebook qui affichait une perte de 12,8 milliards de dollars un an plus tard.
Suite à cette accusation, Thomas Höppner, l'avocat des plaignants regroupant des éditeurs, des annonceurs, mais aussi des agences publicitaires, affirme : " les mesures d'Apple ont créé une opacité artificielle dans son écosystème qui a conduit à moins de choix, des coûts plus élevés pour les applications et moins de protection contre la fraude publicitaire, tout en augmentant les revenus d'Apple provenant des services".
En attendant le jugement final, Apple devra donc trouver un accord et remédier au problème sous peine d'être condamné à payer une amende quotidienne. Si les annonceurs obtiennent gain de cause en Allemagne, cela pourrait en tout cas avoir des répercussions en France.