Pour lutter contre la prolifération des images truquées, l'Agence France-Presse (AFP) dévoile une solution innovante qui certifie l'authenticité de ses photos. Il s'agit d'un filigrane invisible, testé avec succès lors des élections américaines.

L'AFP a trouvé la solution pour prouver que ses photos et vidéos sont bien authentiques © Q world / Shutterstock.com
L'AFP a trouvé la solution pour prouver que ses photos et vidéos sont bien authentiques © Q world / Shutterstock.com

L'intelligence artificielle générative et la multiplication des images synthétiques peuvent mettre à mal la provenance de l'information, dont l'Agence France-Presse (AFP) est un gros pourvoyeur. Pour tenter de garder le contrôle face à l'IA, l'agence a développé et testé avec succès une technologie novatrice qui permet de garantir l'authenticité de ses contenus visuels, photos comme vidéos, de leur capture jusqu'à leur diffusion. Une avancée majeure dans la lutte contre la désinformation.

Une certification infalsifiable dès la prise de vue : l'idée géniale de l'AFP

Le système mis en place par l'AFP repose notamment sur le standard C2PA, une norme technique ouverte déjà adoptée par les géants du numérique comme Google, Microsoft et OpenAI. Pour son test grandeur nature, l'agence a utilisé un appareil photo Nikon prototype qui intégrait directement une signature numérique sécurisée, et ce au moment de la prise de vue. Cerise sur le gâteau, tous les fabricants d'appareils photo prévoient d'intégrer cette fonctionnalité dès cette année.

La technologie s'appuie ensuite sur un processus rigoureux de stockage et de traitement. Une petite explication s'impose. Chaque photo originale est conservée sur un serveur sécurisé où elle est dupliquée, permettant ainsi son édition selon les règles éditoriales de l'AFP, tout en maintenant un lien permanent avec le fichier source. Il y a donc une traçabilité totale, qui pourrait bien révolutionner les pratiques du photojournalisme.

L'innovation du processus réside dans l'utilisation d'un filigrane invisible développé par IMATAG. Ce marquage, indélébile et appliqué avant la diffusion, intègre une empreinte digitale unique qui relie l'image éditée à son fichier original. La solution est également applicable aux contenus vidéo.

Vers un nouveau standard du photojournalisme

La vérification de la provenance d'une image devient accessible à tous grâce au plugin WeVerify, codéveloppé par l'AFP. Les fact-checkeurs, chercheurs en sources ouvertes (OSINT) et même le grand public peuvent désormais décoder ce filigrane et retrouver le fichier original stocké sur le serveur sécurisé, comme on examinerait le négatif d'une photo argentique. Une transparence totale qui renforce la crédibilité du travail journalistique.

On sait que cette solution est au point, puisqu'une expérimentation a été menée lors des élections américaines à l'automne dernier. Elle a pu démontrer toute l'efficacité de cette approche à grande échelle. Et voilà que l'AFP souhaite maintenant voir d'autres acteurs de l'industrie – des fabricants d'appareils photo aux éditeurs de logiciels en passant par les diffuseurs de presse – adopter cette technologie, pour établir un standard commun.

À l'heure où l'IA générative brouille les frontières entre le vrai et le faux, cette initiative de l'AFP, qui est en lutte avec un certain Elon Musk pour d'autres raisons, est à considérer comme une avancée concrète. Elle pose les bases d'un nouveau standard de confiance pour l'information visuelle, et pourrait bien donner des idées à d'autres agences et acteurs du monde des médias.