On met de l'IA dans tout ce qu'on trouve aujourd'hui, alors pourquoi pas un marque-page ?

Zoom sur Mark. © Mark Engineering
Zoom sur Mark. © Mark Engineering

Et si votre marque-page devenait bien plus qu’un simple bout de papier ? Avec Mark, une startup propose un accessoire connecté qui promet de transformer votre expérience de lecture. Mais derrière son design élégant et ses fonctionnalités avancées, ce gadget soulève une question essentielle : en avons-nous vraiment besoin ?

Le Strava de la lecture ?

Mark, présenté comme un « écosystème » pour les amateurs de lecture, ambitionne de combler le fossé entre le monde du papier et les outils numériques. Cet objet, à première vue anodin, est conçu en titane de qualité aéronautique et s’inspire du design Bauhaus. Il ne se contente pas de marquer votre page : il synchronise vos lectures avec des dispositifs numériques pour offrir des résumés personnalisés, suivre vos progrès et même créer une communauté autour de la lecture.

Mark se dote d'un seul moyen d'interaction direct sous la forme de cette couronne. © Mark Engineering
Mark se dote d'un seul moyen d'interaction direct sous la forme de cette couronne. © Mark Engineering

Concrètement, après avoir glissé Mark dans votre livre, l’appareil génère automatiquement des résumés des pages lues. Ces résumés peuvent inclure des thèmes clés, des citations marquantes ou encore des statistiques sur votre rythme de lecture. À cela s’ajoutent des fonctionnalités comme le suivi de vos habitudes et une rétrospective annuelle appelée « Mark Wrapped », qui compile vos lectures et apprentissages.

Résumé d'une session de lecture grâce à l'IA. © Mark Engineering

Mais ce n’est pas tout : Mark ambitionne aussi d’être un réseau social pour lecteurs. À l’image de Strava pour les sportifs, il permettrait d’échanger idées et impressions avec d’autres utilisateurs, rendant la lecture plus interactive et communautaire.

Un volet « réseau social » rapprocherait Mark de Strava. © Mark Engineering

Une réponse à un problème... qui n'existe pas ?

Si l’idée peut séduire certains technophiles ou passionnés de lecture, elle pose néanmoins une question cruciale : répond-elle à un véritable besoin ? Selon les créateurs de Mark, 65 % des lecteurs préfèrent encore les livres imprimés aux supports numériques. Pourtant, ces derniers offrent déjà des solutions pratiques pour annoter ou consulter des résumés via des applications comme Kindle ou Audible.

Mark prétend résoudre un problème que beaucoup ne perçoivent pas : la difficulté à retenir ou partager les idées issues de la lecture. Mais est-ce vraiment le rôle d’un marque-page ? Pour certains, cette approche pourrait détourner l’attention de l’essence même de la lecture : le plaisir de se perdre dans un livre sans distraction numérique.

Le titane participe à la légèreté de l'accessoire, mais est-ce suffisant ? © Mark Engineering

De plus, d’autres alternatives existent déjà sur le marché. Par exemple, le Magic Bookmark développé par l’Université de Surrey utilise des capteurs optiques pour connecter les pages d’un livre à du contenu multimédia sans nécessiter d’électronique embarquée. Cette solution écologique et minimaliste contraste avec l’approche hautement technologique et statutaire de Mark.

Gadget ou outil indispensable ?

Mark semble vouloir séduire par son luxe et sa sophistication autant que par ses fonctionnalités. Cependant, son prix élevé (125$) pourrait limiter son attrait au-delà d’une niche d’utilisateurs fortunés ou férus d’innovation.

En fin de compte, Mark illustre une tendance croissante dans la technologie : réinventer des objets du quotidien en leur ajoutant une couche numérique. Si certains y verront une avancée vers une lecture plus connectée et enrichissante, d’autres pourraient y voir une distraction superflue ou un luxe inutile.

Alors que les ventes de livres papier continuent de prospérer face à la concurrence numérique, il reste à voir si ce type d’innovation saura convaincre les lecteurs traditionnels. Une chose est sûre : Mark ne laisse personne indifférent face à cette tentative audacieuse de redéfinir un objet aussi simple qu’un marque-page.