La bataille du Wi-Fi 7 fait rage : Bouygues Telecom poursuit Free devant le tribunal de commerce pour publicité mensongère et dénigrement concernant sa Freebox Ultra, mais la certification est-elle vraiment indispensable ?

Comme le révèle l'Informé ce jeudi 13 mars, Bouygues Telecom a assigné son concurrent Free en justice, en septembre dernier devant le tribunal de commerce de Paris. L'objet du litige ?
La technologie Wi-Fi 7 mise en avant par Free lors du lancement de sa Freebox Ultra en janvier 2024, que Bouygues Telecom, qui a lancé sa Bbox Wi-Fi 7 certifiée par la Wi-Fi Alliance au début de l'année, accuse d'être commercialisée sans certification officielle. Que reproche exactement Bouygues à Free ? On a essayé d'y voir plus clair.
Les deux griefs de Bouygues Telecom contre Free
Concrètement, Bouygues Telecom accuse Free d'avoir menti sur sa technologie Wi-Fi 7. Lors de la présentation de la Freebox Ultra il y a plus d'un an maintenant, Xavier Niel, habillé de sa célèbre chemise blanche, avait fièrement annoncé que Free était « le premier opérateur au monde à commercialiser le Wi-Fi 7 ». À l'époque, la certification de la technologie venait tout juste d'être lancée par la Wi-Fi Alliance, c'était quelques jours plus tôt.
Free a ensuite intégré cette innovation dans sa campagne publicitaire nationale, avec le slogan « Nouveau Wi-Fi 7, le meilleur des Wi-Fi ». Sauf que selon Bouygues Telecom, ni la Freebox Ultra, ni ses répéteurs n'ont obtenu la certification officielle. D'ailleurs, plusieurs abonnés de Free se seraient plaints sur les forums de problèmes de débits avec les répéteurs qui ne gèrent que deux des trois bandes de fréquence (2,4 et 5 GHz) utilisées par le Wi-Fi 7.
Le second grief concerne le dénigrement. Bouygues Telecom estime avoir été victime de propos désobligeants lors de la présentation de la Freebox Ultra. Xavier Niel avait cité et tourné en dérision des déclarations de Bouygues sur l'inutilité de la fibre à 10 Gbit/s, qualifiant les anciens dirigeants de « vrais Nostradamus », ajoutant qu'il n'est « pas sûr que nos concurrents aient fait des mauvais choix en participant à leurs départs ». Mais encore ?
La certification WiFi 7, une nécessité technique ou une simple formalité administrative ?
Contacté jeudi après-midi par Clubic, Bouygues Telecom s'est refusé à tout commentaire sur cette procédure judiciaire en cours. C'est une position de réserve qui est plutôt classique dans ce type de situation. D'après nos sources, Free aurait une approche différente concernant les certifications.
Toujours selon nos informations, du côté de Free, le fait de ne pas être certifié n'est en rien un signe d'une moindre qualité. La certification par la Wi-Fi Alliance représenterait en effet simplement la vérification d'une configuration spécifique du Wi-Fi 7, et non une validation obligatoire pour commercialiser cette technologie.
Free miserait ainsi davantage sur la R&D de ses produits, plutôt que sur l'obtention de certifications. Les performances techniques seraient d'ailleurs au rendez-vous chez l'opérateur de Xavier Niel, avec des débits constatés atteignant 4 Gbit/s avec un seul appareil utilisant la bande 6 GHz, et jusqu'à 6 Gbit/s avec deux appareils connectés simultanément.
Il est aussi bon de rappeler que plusieurs fabricants de référence comme Apple, Netgear, Huawei ou Eero proposeraient également des produits Wi-Fi 7 sans passer par ce processus de certification, une pratique qui serait donc loin d'être isolée dans l'industrie.