J’ai grandi avec Windows. Comme beaucoup. Et comme beaucoup, j’ai râlé, j’ai testé autre chose, j’ai voulu fuir. Mais je suis toujours là, à double-cliquer dans l’Explorateur, à contourner Edge, à pester contre les réglages planqués. Voici le récit pas très objectif d’un attachement ambigu, fait d’habitudes, de ras-le-bol chronique… et d’un fond de dépendance affective numérique.

C’était pas Mick Jones et Ellen Foley, c’était Windows et moi. © gguy / Shutterstock
C’était pas Mick Jones et Ellen Foley, c’était Windows et moi. © gguy / Shutterstock

Autant poser le contexte tout de suite : les premières versions de Windows, je les ai à peine croisées. Pas d’ordinateur à la maison, donc pas d’exploration solo. Mes premiers contacts avec l’environnement Microsoft, c’était Adibou chez les copines ou WordArt au bureau de mon père. Effets « vague hawaïenne » et dégradés arc-en-ciel sur fond blanc cathodique : la base. Quand un beau jour de 2003, tout a basculé.

C’était lui ou rien : mon histoire avec Windows a commencé comme ça

Après des années de supplication, mes parents avaient enfin accepté d’investir dans un PC familial : écran plat – de l’époque, entendons-nous, aujourd’hui on parlerait quand même de brique – et colline verdoyante Windows XP, tant qu’on ne la regarde pas trop de biais, techno plasma oblige. J’avais 14 ans, et WordArt ne me suffisait plus. Pour l’animer, c’était soit Encarta, soit les CD-ROM de démo récupérés dans les boîtes de céréales. J’ai acheté les Sims, mis au point des stratégies pour contourner le contrôle parental artisanal (confiscation de la rallonge), chopé mes premiers virus sur eMule et mis tous mes contacts MSN au supplice à force de wizz.

Je découvre Windows 7. Et la nécessité de m’organiser

Windows 7, c'est mon premier vrai système d’exploitation « à moi », celui qui fait tourner mon PC d'étudiante. La sortie de l’OS coïncidait à peu près avec mon entrée à la fac. Or, j’ai un aveu à vous faire : je ne suis pas d’un naturel très organisé. Mais il a bien fallu s’y mettre. Les prises de notes, les exposés, les dossiers à rendre, mes recherches pour mes différents mémoires… Tout finissait sur le bureau de mon PC. Ou pire, à la racine du système, dans un chaos de fichiers mal nommés, captures d’écran sans date et PDF oubliés.

Pas le choix : il a fallu apprendre à créer des dossiers, les nommer, les ranger, retrouver ses fichiers sans y passer deux heures. Progressivement, Windows m’a imposé une méthode. Une logique que je n’ai pas choisie, douloureuse au début, mais qui a fini par porter ses fruits. Plus on s’apprivoisait, plus il me semblait évident, presque fluide. Surtout, il ne cherchait pas à me réinventer. Je pouvais bidouiller mes fichiers, organiser mes dossiers comme bon me semblait, et même tripatouiller un peu le registre – pas toujours conseillé, mais satisfaisant.

"Windows 7 en première année" (reconstitution partielle de la scène du crime). © Chloé Claessens / Clubic
"Windows 7 en première année" (reconstitution partielle de la scène du crime). © Chloé Claessens / Clubic

Puis Windows 8 a tenté de me faire croire que j’avais une tablette

C’est à ce moment-là que notre relation a vacillé. Le menu Démarrer, ce socle affectif, avait disparu. L’interface tactile mal dégrossie, les tuiles criardes… Même ma pauvre Surface RT, offerte dans un moment d’espoir – ou d’égarement ? –, a fini dans un tiroir, trop limitée pour en faire autre chose qu’un presse-papier made in Redmond. J’ai tenu bon, par fidélité ou résignation. Mais j’ai compris que quelque chose s’était brisé.

J’ai aussi tenté de convertir mon père avec un Nokia Lumia, pensant que Windows Phone serait parfait pour un usage simple. Il n’a rien compris. Moi non plus. Résultat : une dispute. Microsoft, certifiée responsable de conflits intergénérationnels depuis 2013.

Avec Windows 10, j’ai retrouvé mes repères (et mes clics droits)

Quand Microsoft a fait machine arrière avec Windows 10, j’ai ressenti un mélange de soulagement et de méfiance. L’ergonomie était de retour, mes habitudes aussi. J’ai appris à dompter les mises à jour envahissantes, à désactiver Cortana, à neutraliser Bing dans Windows Search, à ignorer Edge, puis à l’éviter même après sa conversion à Chromium.

Et je me suis rendu compte que j’étais devenue, à mon insu, une pro de l’organisation de fichiers. Pas parce que Windows était parfait, mais parce qu’il m’avait forcée à tout structurer moi-même. Une méthode acquise à la dure, entre dossiers mal nommés et fichiers oubliés.

Edge, Cortana et moi : une cohabitation tendue. © Chloé Claessens / Clubic

Edge me file des boutons, mais je vis pour Office

C’est là que l’ambivalence s’installe. Je fustige les outils imposés : Bing, Edge, les widgets douteux sur le bureau… Pourtant, je ne peux pas me passer d’Office. Word et Excel sont devenus mon quotidien, et même sur Mac, je continue de travailler avec eux.

Pire encore : OneDrive m’a suivie jusque-là. Ses sauvegardes automatiques, ses versions synchronisées… Je râle, mais je laisse faire. Parce que dans le fond, c’est pratique. Et que j’ai arrêté de compter les fois où cette intégration m’a évité un drame. Microsoft me fatigue, mais Microsoft me sauve aussi.

Quand j’ai tenté l’infidélité, c’est moi qui ai flanché

J’ai bossé sur Mac. D’abord en stage, sans trop de difficulté. Puis, des années plus tard, à temps plein. Et là, j’ai morflé. Mes repères avaient disparu. Mes raccourcis, envolés. L’Explorateur remplacé par un Finder au design chic mais frustrant. Mon clavier Windows, mal reconnu par macOS, est devenu un cauchemar ergonomique. Même le point d’exclamation me faisait des nœuds au cerveau (touche 8 de la barre alphanumérique, pour celles et ceux qui cherchent encore).

Je n’étais pas sur un mauvais système. J’étais juste dans un environnement qui n’avait pas été pensé pour moi, produit formaté par Windows que je suis devenue.

macOS, jour 221 : toujours aucun signe du point d’exclamation. © Chloé Claessens / Clubic

Et maintenant ? Je suis sur Mac. Mais Windows me manque

Aujourd’hui, je travaille sous macOS. C’est mon environnement par défaut, celui que j’utilise au quotidien, huit heures par jour. Je pensais simplement devoir m’habituer. Mais après plusieurs mois, je cherche encore le mode d’emploi. C’est sans appel : mon PC Windows 11, relégué en machine d’appoint, me manque. Il est là, en arrière-plan, prêt à être réveillé à la moindre contrariété ergonomique. Dès que je dois m’organiser rapidement, retrouver un fichier, faire une manip un peu technique… j’y reviens. Comme à un refuge un peu râpeux, mais familier.

Windows 11, c’est mon système de secours. Celui où tout est à sa place – même si Microsoft fait parfois tout pour me prouver le contraire.

Alors oui, j’ai peut-être un syndrome de Stockholm numérique

Mais je l’assume. Parce qu’au fond, Windows m’a appris à faire avec. À me débrouiller. À contourner, bidouiller, et parfois même apprécier. Je rêve encore d’un environnement plus libre, plus propre, moins intrusif. Mais je sais que je resterai fidèle, au moins encore un peu. Le temps de finir de ranger mes fichiers.

Et puis, qui sait ? Ma Surface RT, ce vestige d’une époque où Microsoft voulait réinventer la roue avec du plastique noir et une puce ARM, pourrait bientôt connaître une retraite un peu plus digne. Depuis quelques jours, je songe à la hacker pour y installer une distribution Linux, en quête d’une épiphanie qui me permettrait de sortir de ma relation toxique avec Windows. Preuve que même les projets ratés ne sont pas toujours des causes perdues. Et peut-être que moi non plus.

Et vous, quelle est votre histoire avec Microsoft ?

À l’occasion des 50 ans de Microsoft, nous vous invitons à revenir, vous aussi, sur ce qui a marqué votre parcours numérique.

Une innovation qui vous a marqué ? Une interface que vous n’avez jamais oubliée ? Une fonctionnalité que vous attendiez depuis des années ?

Produits phares, services oubliés, souvenirs professionnels ou personnels… Partagez votre expérience sur notre forum et dites-nous comment Microsoft a influencé, surpris ou parfois dérouté votre quotidien.

Windows 11
    8 / 10

    Windows 11 de Microsoft redéfinit l'expérience utilisateur avec une interface repensée, des widgets personnalisables et une intégration renforcée de Microsoft Teams. Chaque innovation vise à optimiser et enrichir l'utilisation quotidienne de votre appareil. Que vous soyez professionnel, créateur ou utilisateur lambda, Windows 11 répond à vos besoins en alliant efficacité et plaisir d'utilisation.

    Les plus
    • Refonte graphique de l'interface réussie
    • Snap amélioré
    • Groupes d'ancrage efficaces
    • Gestion affinée des bureaux virtuels
    Les moins
    • Des problèmes de performances signalés
    • Encore des bugs, patience donc
    • Compatibilité limitée aux anciennes générations de PC
    • Une évolution, mais pas une révolution...