Des scientifiques ont cherché à évaluer le poids d'Internet. D'une méthode de calcul à une autre, on passe de quelques grammes de fraises à un tiers de Cybertruck !

En fraises ou en Cybertruck, combien pèse Internet d'après vous ? - © nepool / Shutterstock
En fraises ou en Cybertruck, combien pèse Internet d'après vous ? - © nepool / Shutterstock

Tiens, et si on pesait Internet ? On se demande encore comment certains scientifiques ont pu avoir cette idée folle. Pourtant, ils l'ont non seulement eue, mais ils se sont aussitôt mis au travail.

Des chercheurs comme Russell Seitz, Christopher White et Daniel Whiteson ont imaginé différentes façons d'évaluer le poids d'Internet : ils ont considéré l'énergie utilisée par les serveurs ou la quantité d'ADN nécessaire pour stocker les données. Ces tentatives, même théoriques, montrent combien il est difficile de mesurer ou quantifier Internet.

Les estimations du poids d'Internet, du ridicule au colossal

Les scientifiques peuvent parfois faire preuve de premier degré. C'est donc très sérieusement qu'ils ont tenté de calculer le poids d'Internet. Plusieurs méthodes avec des résultats aussi différents que déroutants. En 2006, le physicien Russell Seitz estimait qu'Internet pesait environ 50 grammes, soit le poids de deux fraises. Pour arriver à ce chiffre, il se basait sur la masse d'énergie nécessaire pour faire fonctionner les serveurs. Très léger.

Cette estimation a été contestée depuis. Christopher White, qui dirige NEC Laboratories America, la juge trop simpliste. Daniel Whiteson, physicien des particules à l'UC Irvine, trouve cette façon de faire absurde. Il la compare à une tentative d'estimer le prix d'un donut en divisant le nombre de donuts sur Terre par le PIB mondial. Insensé.

Une autre méthode consiste à calculer le poids des électrons utilisés pour coder les informations sur Internet. En 2025, le magazine Discover avait évalué le poids d'Internet à une infime fraction de gramme, soit l'équivalent d'un filet de jus de fraise. Le problème, c'est que cette façon de faire se concentre davantage sur la transmission d'Internet que sur Internet lui-même. Encore raté.

Christopher White propose une troisième voie. Il suggère d'imaginer que l'on regroupe toutes les données stockées sur Internet au même endroit. Ensuite, on calcule l'énergie nécessaire pour coder ces données. En 2018, l'International Data Corporation estimait que la quantité de données sur Internet atteindrait 175 zettaoctets en 2025. Avec ce chiffre, White a calculé que le poids d'Internet serait d'environ 53 quadrillionnièmes de gramme, une quantité infime. Ridicule ?

On peut aussi comparer la quantité de données sur Internet à la quantité d'ADN qu'il faudrait pour stocker ces données. Un gramme d'ADN peut coder 215 pétaoctets d'informations. Si Internet fait 175 zettaoctets, il faudrait environ 960 947 grammes d'ADN, soit l'équivalent de 10,6 Américains, un tiers de Cybertruck ou 64 000 fraises. Disproportionné.

Bref, il est très difficile de donner un poids précis à Internet. Chaque méthode repose sur des hypothèses différentes et illustre différents aspects d'Internet.

Tous ces calculs pour arriver à quelques grammes de jus de fraises ou un Cybertruck coupé en trois - © Triff / Shutterstock
Tous ces calculs pour arriver à quelques grammes de jus de fraises ou un Cybertruck coupé en trois - © Triff / Shutterstock

La difficulté de peser Internet montre notre faible compréhension du cyberespace

Tenter de donner un poids à Internet amène plutôt à se poser des questions sur la nature de l'information et notre capacité à la mesurer. Le Web est un ensemble complexe de données, d'énergie et de connexions, ce qui rend sa mesure très compliquée.

Christopher White lui-même souligne que le Web est « essentiellement inconnaissable ». Même si l'on propose des estimations basées sur des modèles mathématiques, ce ne sont que des approximations. Elles ne tiennent pas compte de la complexité et de l'évolution constante d'Internet.

Cette difficulté montre notre faible compréhension du cyberespace et nos limites. Les outils que nous utilisons pour mesurer des objets physiques ne sont pas toujours adaptés à cet univers. Par exemple, la notion de masse, fondamentale en physique, devient abstraite quand on parle d'information.

Finalement, essayer de peser Internet, c'est peut-être surtout se rappeler que certaines questions dépassent les réponses qu'on peut y apporter. C'est accepter que l'immensité d'Internet se mesure peut-être plus en potentiel qu'en grammes ou en tonnes.