La France réajuste sa stratégie hydrogène avec des objectifs plus réalistes face au marché. Le gouvernement a révisé mercredi sa « Stratégie nationale hydrogène », en maintenant son ambition tout en adaptant son calendrier et ses mesures de soutien.

Cinq ans après le lancement de sa première feuille de route, l'État français a fait le point sur sa vision hydrogène et opère un virage stratégique. Le bilan est encourageant, mais les défis technologiques et économiques restent trop lourds.
Cette nouvelle Stratégie nationale hydrogène (SNH II) a été expliquée cette semaine et détaillée par le gouvernement. Ce dernier a décidé de réajuster certains objectifs à court terme, tout en réaffirmant l'engagement national avec 4 milliards d'euros sur la table pour sécuriser la compétitivité de la filière. Place désormais à un déploiement plus méthodique et adapté aux évolutions du marché et à la maturité technologique.
La filière hydrogène française s'adapte au rythme du marché
La stratégie révisée dite SNH II arrive à un moment charnière pour l'écosystème hydrogène tricolore. Les résultats des cinq premières années montrent un bilan plutôt positif, avec 150 projets soutenus et la promesse de 8 000 emplois directs d'ici 2030. Mais derrière ces chiffres, le gouvernement reconnaît que le temps de maturation technologique et économique nécessite un changement d'approche.
Le principal ajustement concerne les objectifs d'électrolyse, avec jusqu'à 4,5 GW visés pour 2030, et un nouvel horizon à 8 GW pour 2035. Ce lissage montre que la révolution hydrogène nécessite un temps de développement technologique plus long, puisque la France est confrontée à une concurrence internationale féroce et aux avancées rapides d'autres modes de décarbonation.
La priorité est désormais donnée au développement de « hubs » régionaux, comme à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, dans la Vallée de la Chimie au sud de Lyon, et autour du Havre-Estuaire de la Seine. Ces écosystèmes localisés permettront, d'après l'État, de concentrer à la fois production, distribution et consommation, avec un réseau « intra-hubs » pour maximiser l'efficacité et réduire les coûts logistiques toujours trop élevés.
Les mesures concrètes pour propulser l'hydrogène vers l'industrialisation
Pour concrétiser cette vision réalignée, peut-on dire, l'État dégaine une série de mesures phares. Un mécanisme de soutien de 4 milliards d'euros sur 15 ans vient sécuriser la compétitivité de l'hydrogène bas-carbone face à son équivalent fossile. Un coup de pouce financier qui s'avère crucial, surtout que le différentiel de coût reste un frein majeur au déploiement massif.
En parallèle, la réactivation de l'appel à projets « Briques Technologiques de l'Hydrogène IDH2 » témoigne de la volonté du gouvernement de poursuivre l'innovation sur les éléments critiques. L'accent est aussi mis sur le développement des usages, avec un nouvel appel à projets pour déployer des véhicules utilitaires hydrogène dès 2025, pour accélérer le développement des piles à combustible et des réservoirs.
L'aviation et le maritime ne sont pas oubliés. La France garde l'ambition de faire émerger d'ici 2030 les premières productions industrielles de carburants de synthèse. Deux projets majeurs se distinguent d'ailleurs. Le premier, « Green Horizon », est porté par Lhyfe et Yara pour l'ammoniac ; et le second, « Masshylia », est emmené par Total et Engie pour la raffinerie.
Tous deux sont soutenus dans le cadre du projet important d’intérêt européen commun (PIIEC) Hydrogène européen. La formation n'est pas négligée, avec 6 millions d'euros alloués au projet « École H2 » en Bourgogne Franche-Comté. De quoi boucler la boucle.
29 mars 2025 à 12h43