Live Japon : HD-DVD ou Blu-ray ? Le point !

Karyn Poupée
Publié le 18 août 2007 à 10h29
Voici, comme chaque semaine un nouveau mini-reportage en direct du Japon, réalisé grâce à notre correspondante permanente sur place : Karyn. Présente dans la célèbre ville de Tokyo, Karyn nous propose donc de nous faire vivre l'actualité high tech de ce côté-ci du globe. Dépaysement garanti !

La « drôle de guerre » des DVD haute-définition vue du Japon

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Bien présomptueux qui pourrait à ce jour dire lequel du clan Blu-Ray (Sony et Matsushita) ou HD-DVD (Toshiba) remportera la guéguerre mondiale du standard de DVD de nouvelle génération (haute capacité, haute définition).

Ces deux coalitions se querellent depuis des années pour imposer leur nouveau format comme successeur de référence des DVD vidéo et DVD de stockage de données actuels. Ils ont un temps caressé l'espoir d'éviter l'affrontement sur le terrain commercial, négociant en coulisses un rapprochement de leurs technologies respectives. Las, les discussions ont capoté, chacun restant fermement sur ses positions. Il revient désormais aux éditeurs de vidéos et consommateurs de désigner le vainqueur. Or, vu du Japon, depuis plusieurs mois, l'impression grandit que l'alliance Sony mène la vie dure à ses opposants.

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Déjà, lors du CEATEC, salon annuel de l'électronique japonais en octobre 2006, les visiteurs ressortaient presque convaincus que les tenants du format Blu-Ray Disc (aussi appelé BD) avaient pris le pas sur les partisans du HD-DVD. Cela ne reposait alors sur aucun argument technique massue, sur aucune déclaration fracassante, sur aucune révélation explosive, mais sur de simples sensations résultant pour bonne part d'un bombardement promotionnel fort bien orchestré.

Le logo à dominante bleue Blu-Ray était plus visible, le stand Blu-Ray plus grand, mieux placé, plus décapant, bref, plus impressionnant que celui, plan-plan, consacré au HD-DVD. De plus, pour séduire aussi les techno-cinéphiles avertis, moins sensibles aux arguments marketing, Sony et ses soutiens avaient eu la bonne idée d'exhiber, fût-ce dans de nombreux cas à l'état de prototype, une vaste panoplie de lecteurs et enregistreurs de salon émanant d'une dizaine de sociétés aux marques réputées (Sony, Panasonic, Samsung, LG, Sharp, Philips...). Tous diffusaient une superproduction sur grand écran. Bien vu !

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Face à cette offensive, le clan Toshiba faisait presque pitié avec seulement deux modèles de salon, un enregistreur de Toshiba et le lecteur optionnel HD-DVD pour la console Xbox 360 de Microsoft. Toshiba alignait, certes, une belle artillerie de PC portables HD-DVD, mais assurément, ils ne faisaient pas le poids. L'armée commandée par Sony avait gagné une première bataille au CEATEC.

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Toutefois, à l'époque, qui partait survoler le front américain, revenait persuadé du contraire. Le HD-DVD semblait y dominer le clan adverse avec une offre de films alors plus importante que celle disponible en Blu-Ray. On se perdait donc en conjectures.

Blu-ray / HD-DVD : où en sommes nous ?

Seulement voilà, mi-2006, Sony n'avait pas encore sorti son arme atomique: la console de jeux Playstation 3 (PS3). Lancée en fin d'année dernière, cette machine fut aussi présentée, à juste titre, comme le lecteur de DVD Blu-Ray le moins cher du marché. Vendue depuis sa sortie à environ 5 millions d'unités dans le monde, elle contribue notablement à promouvoir le format Blu-Ray. PS3 comprises, il se serait ainsi écoulé environ quatre fois plus de lecteurs ou lecteurs/enregistreurs Blu-Ray que d'équivalents HD-DVD.

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Dans la foulée, Sony a mis sur le marché japonais deux modèles d'enregistreurs de salon et des PC "Vaio" compatibles Blu-Ray au tarif jugé plus que compétitif (modèles de bureau et portables). Le deuxième promoteur géant du Blu-Ray, Matsushita (marque Panasonic), lui a emboîté le pas avec des lecteurs et enregistreurs de salon encore plus performants. Les autres japonais Hitachi, Pioneer ou Sharp ont aussi choisi le Blu-Ray. Sharp propose des lecteurs sous la marque Aquos, un logo popularisé par sa gamme de téléviseurs haute-définiton à écran plat à cristaux liquides (LCD).

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Pour gagner la guerre, il faut remporter la victoire aux Etats-Unis, via l'enrôlement des éditeurs de films, martèlent les stratèges. Soit. Où en sont les troupes, mon général ? Et bien, aux dernières nouvelles, le Blu-ray a pris le dessus. Il serait en train d'envahir le terrain américain. La puissance de frappe de l'armée Blu-ray a contraint Toshiba à baisser de 20 à 30% le prix de ses lecteurs aux Etats-Unis.

Le tarif de la PS3 lui aussi s'oriente vers le bas. Autrement dit, les combattants se canonnent à coup d'étiquettes. Cette lutte tarifaire est en outre attisée par la compétitivité des produits de plusieurs autres fournisseurs en embuscade comme les sud-coréens Samsung et LG. Ces derniers sont plus ou moins alliés des deux camps. Cet affrontement de chiffres va s'accentuer à l'approche des fêtes de fin d'année, période qui sera cruciale.

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Sony, qui est également à la tête d'un empire de l'image, Sony Pictures Entertainment, peut en outre compter sur de bonnes munitions. Il dispose en propre d'un catalogue de petites bombes (James Bond, Spiderman, le Da Vinci Code...) qui font mouche auprès des adeptes du Jeux Vidéo. Sans compter qu'il a entièrement rallié à sa cause deux importants studios hollywoodiens (Disney et 20th Century Fox). Il bénéficie de la neutralité tactique de Warner et Paramount, lesquels proposent des films tant en Blu-Ray qu'en HD-DVD... en attendant que l'un des camps capitule.

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Sony vient aussi d'obtenir le renfort sur le front US de la méga-chaîne de location de DVD, BlockBuster. Cette dernière a décidé d'orienter son offre sur le Blu-ray, ayant selon elle plus de clients demandeurs de ce format. De son côté, Toshiba bénéficie de la réserve de super-productions d'Universal et des deux studios neutres Warner et Paramount. Au palmarès actuel des ventes de films sur DVD, le Blu-Ray devancerait désormais assez logiquement le HD-DVD de plusieurs centaines de milliers d'exemplaires.

Les commandants des troupes Toshiba commencent toutefois à se demander par quel canal secret les adversaires ont obtenu leur arsenal. Sony n'a-t-il pas fait pression sur les studios pour bénéficier de leurs productions en exclusivité, afin de tuer à petit feu sans coup férir les rivaux ? La Commission Européenne enquête. Les studios en question ont reçu un questionnaire de l'institution pour clarifier les raisons pour lesquelles ils ont opté pour le Blu-ray. Si manquements aux lois il y a eu, elle sanctionnera.

La guerre n'est pas finie...

En attendant, l'affrontement se poursuit en rayon. Au Japon, dans les temples de l'électronique que sont Bic Camera ou Yodobashi Camera, le Blu-ray est d'emblée plus visible que le HD-DVD, tant aux rayons des lecteurs/enregistreurs, qu'au coin films. C'est plus équilibré à l'étage PC.

Même si le premier critère de choix des Japonais est "la qualité d'image" et le second "l'évolution de l'adoption de chacun des formats", le prix fait bien entendu partie des facteurs pris en compte. Ils jugent les enregistreurs tentants, mais encore trop chers. Ils craqueront lorsque le tarif aura chuté de plus de moitié par rapport au prix actuel, à 100.000 yens environs (700 euros). En un an, la baisse est déjà de 30%. Initialement les enregistreurs de salon étaient proposés aux alentours de 300.000 yens (2.000 euros), ils ne sont plus qu'à 210.000 yens (1.550 euros). Les quadragénaires sont les plus intéressés. Un petit sondage auprès des vendeurs confirme que le Blu-Ray supplante son rival. Les préposés de service le recommandent aux chalands, tout en prenant la précaution de préciser: « pour le moment les jeux ne sont pas faits, mais compte-tenu du poids de Sony, Matsushita et Sharp et des caractéristiques du format..., enfin voilà, après... ».

Mais il y a un certain présage !

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D'autres éléments nous conduisent à partager leur opinion. Tout d'abord, sur le plan technique, le Blu-ray offre potentiellement une capacité supérieure à celle du HD-DVD, puisqu'il peut concentrer 25 gigaoctets (Go) d'informations par couche, contre 15 Go pour le HD-DVD et 4,7 Go pour un DVD actuel.

Hitachi, groupe diversifié rival frontal de Toshiba et soutien du Blu-ray, a ainsi annoncé récemment avoir développé un procédé complexe qui permet de décupler la puissance de lecture de la cellule laser bleue employée pour ce type de disque optique. De ce fait, le système sait lire des signaux de faible niveau inscrits en profondeur d'un disque Blu-Ray. Cette technique permet de graver davantage de couches superposées. L'astuce technique employée a notamment pour particularité d'amplifier le signal sans pour autant générer du bruit parasite, a assuré la firme. « Grâce à cette technologie, nous pensons qu'il sera possible de lire et écrire quatre ou huit couches de données par face, soit l'équivalent de 100 ou 200 gigaoctets (Go) par face sur un disque de nouvelle génération au format Blu-ray », a indiqué le groupe.

Résultat il sera possible de coucher l'équivalent de près d'une journée de programmes de télévision en vraie haute-définition sur un seul DVD Blu-Ray. Toshiba ne restera bien sûr pas sans réagir. Un technicien du groupe nous assurait fin 2006 que le HD-DVD (15 Go par couche) pourrait atteindre à terme un volume de stockage de 90 Go par face. C'est bien, mais c'est moins. Or, a moyen ou long terme, le potentiel de stockage est toujours un élément de première importance, même si on a tendance sur le moment à prétendre le contraire. Combien d'entre-vous juraient il y a une douzaine d'années qu'un disque dur de 300 megaoctets dans un ordinateur personnel était amplement suffisant ? ... No comment.

Revenons à nos moutons car ce n'est pas tout. Le même Hitachi va commercialiser ce mois-ci (août 2007) au Japon, puis en octobre ailleurs, des caméscopes grand public haute-définition enregistrant sur DVD Blu-ray, une première mondiale. Ces caméras permettront de filmer une heure de vidéo en pleine haute définition (Full HD - image de 1.080 lignes de 1.920 points) sur un disque Blu-Ray de huit centimètres de diamètre, plus petit que les DVD Blu-ray traditionnels (douze centimètres).

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Hitachi commercialisera simultanément ces supports nouveaux, fabriqués par sa filiale Hitachi Maxwel. Avec l'adoption massive des téléviseurs capables de restituer des séquences vidéo en réelle haute définition et l'augmentation des programmes de TV diffusés ainsi, les clients, notamment japonais, sont de plus en plus attachés à la qualité de leurs propres images. Les camescopes grand public capables d'enregistrer des signaux en haute définition existent déjà (ils font d'ailleurs un carton au Japon), mais les images sont couchées sur DVD traditionnel ou disque dur. L'intérêt du format Blu-Ray est donc de quintupler la durée des séquences stockées par disque de surface identique et de bénéficier d'une meilleure qualité d'image.

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Deux modèles de camescopes arriveront dans un premier temps sur les étals (dont un couplant DVD Blu Ray et disque dur). Leur prix se situera dans une fourchette de 1.000 à 1.200 euros. Le tarif à l'étranger n'est pas encore connu.

L'élargissement de la gamme d'appareils employant le format Blu-ray (lecteurs/enregistreurs de DVD, consoles de jeu, camescopes, PC) constitue au côté des films une autre gamme de munitions pour Sony... à condition que les clients les achètent. Car le problème, c'est qu'actuellement, l'attentisme freine les ventes. Chacun attend de savoir quel format prendra l'avantage pour rallier le bon camp. Drôle de guerre !

Une possible cohabitation ?

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Et s'il n'y avait pas de vainqueur ? Et si ce conflit s'éternisait pour se solder par un statu quo ante bellum ? En effet, contrairement au combat nippo-nippon VHS (JVC) contre Betamax (Sony) qui s'était achevé par l'élimination du second du marché des vidéos grand public, la guerre HD-DVD contre Blu-Ray pourrait aussi se conclure sur un partage du terrain de facto. Il n'est en effet pas impossible que les deux formats finissent par cohabiter, du fait de la sortie de lecteurs hybrides, ce qui mécaniquement n'était pas possible du temps des magnétoscope VHS ou Betamax .

Une seule chose est sûre : comme dans le cas des formats de cassettes vidéo, les vainqueurs seront Nippons, puisque les deux supports de haute capacité sont originaires du pays du Soleil-Levant. Dans tous les cas, Sony ne sera pas totalement perdant puisqu'il est l'un des seuls trois groupes au monde capables de fabriquer des diodes lasers bleu-violets, composant clef des platines HD-DVD ou Blu-Ray. Les deux autres producteurs de ces diodes sont aussi japonais , il s'agit de Nichia (l'inventeur) et de Sharp. Ce dernier, qui évalue le marché mondial de ces diodes à 100 millions d'unités par an à partir de 2009/2010, espère en fournir à lui seul plus de la moitié à partir de 2008. Comme pour tout le reste, qui vivra verra !
Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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