C'est une avancée majeure dans la recherche d'une vie extraterrestre. Des astronomes affirment avoir détecté les « indices » les plus prometteurs d'une vie sur une planète en dehors de notre système solaire. Explications.

Illustration d'une exoplanète et de son étoile. ©Artsiom P / Shutterstock
Illustration d'une exoplanète et de son étoile. ©Artsiom P / Shutterstock

Parmi les nombreuses exoplanètes repérées par nos télescopes, il y en a une qui capte particulièrement l'attention des chercheurs depuis plusieurs années déjà. Dénommée K2-18b, elle se trouve à 124 années-lumière de la Terre et est classifiée en tant que planète hycéanique, c'est-à-dire recouverte d'eau liquide avec une atmosphère riche en hydrogène.

En 2023, des astronomes ont détecté la présence de méthane et de dioxyde de carbone dans son atmosphère en analysant des données issues du télescope James Webb. Et cette fois, c'est encore grâce à cet instrument de pointe que la découverte a pu être réalisée.

« Des indices d'une possible activité biologique »

Dans une étude publiée dans la revue The Astrophysical Journal Letters, des astrophysiciens expliquent avoir détecté des niveaux élevés de sulfure de diméthyle et de disulfure de diméthyle sur K2-18b. Sur Terre, ces molécules ne sont produites que par des organismes vivants, en particulier le phytoplancton.

« Ce que nous trouvons à ce stade, ce sont des indices d'une possible activité biologique en dehors du Système solaire. Franchement, je pense qu'il s'agit de la découverte la plus proche d'une caractéristique que nous puissions attribuer à la vie », a expliqué Nikku Madhusudhan, astrophysicien à l'université de Cambridge et auteur principal de l'étude, lors d'une conférence de presse.

Vue d'artiste du télescope James Webb déployé dans l'espace. ©NASA/Adriana Manrique Gutierrez
Vue d'artiste du télescope James Webb déployé dans l'espace. ©NASA/Adriana Manrique Gutierrez

Ne pas s'emballer pour l'instant

Si pour l'heure, il n'existe aucun processus non biologique connu capable de générer ces molécules dans les quantités observées, les astronomes restent prudents en attendant d'approfondir leurs recherches. « Si cela est dû à la vie, notre hypothèse de base est que ces océans pourraient avoir des niveaux très élevés d'activité biologique due à la vie microbienne, similaire à ce qui existait dans les premiers océans de la Terre », estime le chercheur.

D'autres éléments sont à prendre en compte. L'année dernière, par exemple, des scientifiques ont identifié des traces de sulfure de diméthyle sur une comète, suggérant une production de manière non organique. Mais la concentration de la molécule observée sur K2-18b semble être des milliers de fois supérieure aux niveaux observés sur Terre, allant dans le sens d'une origine biologique, a déclaré Nikku Madhusudhan.

De même, Raymond Pierrehumbert, professeur de physique planétaire à l'Université d'Oxford, a mené des recherches distinctes indiquant que K2-18b est trop chaude pour permettre la vie. Il faut donc faire preuve de patience pour confirmer la théorie des astrophysiciens.

Vue d'artiste de l'exoplanète K2-18b. ©NASA, CSA, ESA, J. Olmstead (STScI), N. Madhusudhan (Cambridge University)

Une quête qui s'accélère

En trois décennies, les astronomes ont détecté environ 5 800 planètes au-delà de notre système solaire. Outre K2-18b, de nombreux autres astres sont étudiés en tant que candidats pour abriter une forme de vie extraterrestre. La recherche se concentre aussi à côté de chez nous, notamment sous la surface de certaines lunes glacées de Jupiter et de Saturne.

Et nous devrions bientôt avoir des réponses : les sondes JUICE de l'Agence spatiale européenne (ESA) et Europa Clipper de la NASA se dirigent actuellement vers ces dernières, et les exploreront dès le début des années 2030.

Désormais, les chercheurs peuvent aussi compter sur l'intelligence artificielle (IA) pour les accompagner dans cette quête. Un nouvel algorithme d'apprentissage automatique, entraîné sur des systèmes planétaires synthétiques, a identifié 44 étoiles susceptibles d'abriter des planètes rocheuses dans leur zone habitable. Il sera appliqué aux découvertes du télescope chasseur d'exoplanètes PLATO de l'ESA, dont le lancement est prévu l'année prochaine.