La désormais fameuse méthode des transits (image d'illustration). Crédits NASA
La désormais fameuse méthode des transits (image d'illustration). Crédits NASA

Grâce à des télescopes de plus en plus perfectionnés, les astronomes détectent chaque année plus d'exoplanètes, en particulier grâce à la méthode des transits. Les données du télescope astrométrique Gaia montrent que plus de 2 000 étoiles proches peuvent détecter la Terre avec la même méthode.

Et malgré tout, pas encore de « visiteurs venus d'ailleurs »...

Un bon transit, c'est essentiel

C'est un moment fugace qui nécessite en général des instruments spécialisés pour évaluer précisément la luminosité d'une étoile. Il arrive que cette valeur baisse d'une fraction, puis revienne à la normale. Cette baisse est-elle périodique ? Si oui, les mesures seront étudiées en profondeur… car c'est peut-être une planète qui passe entre son étoile et notre point de vue. Cette méthode, qui est au cœur de ce qu'on appelle la méthode des transits, est l'une des plus fiables et des plus utilisées pour détecter de nouvelles exoplanètes.

La liste de ces dernières ne cesse de s'allonger, à tel point qu'il est aujourd'hui estimé qu'autour de la plupart des étoiles se trouvent d'autres planètes… sans doute aussi exotiques que celles de notre Système solaire. Au point d'abriter la vie ? On ne le sait pas, et plusieurs groupes d'astronomes s'échinent à trouver des moyens d'aller plus loin pour trouver des exoplanètes que l'on estimera habitables.

Cela étant dit, deux chercheuses basées à New-York, L. Kaltenegger et J. K. Faherty ont publié en juin dans Nature un article intéressant qui prend le concept à l'envers : d'éventuels extraterrestres orbitant autour de leur étoile à une courte distance de notre Système solaire pourraient-ils détecter la Terre via la méthode des transits ?

Pluie d'étoiles proches…

Avec plus de 331 000 étoiles situées à moins de 300 années-lumière de la Terre au sein du catalogue généré par la mission européenne Gaia, la réponse est évidemment oui. Restait à savoir combien… et pour cela, les données du télescope astrométrique Gaia ont été indispensables. Car la mission, qui revient plus ou moins à cartographier notre univers proche en positionnant les étoiles par rapport à nous ainsi qu'en établissant leurs déplacements au cours du temps, est unique en son genre.

Avec la distance des étoiles, leur vitesse et leur position, il devient donc possible de savoir si « de chez eux » un transit de la planète Terre devant notre Soleil a pu être observé. En comptant les occasions passées, présentes et futures (comme chaque système solaire se déplace, il n'est pas toujours possible d'avoir le bon angle de vue pour l'alignement), les chercheurs ont calculé qu'un peu plus de 2 000 étoiles « proches » ont pu observer un transit de la Terre (pour peu qu'il y ait eu des observateurs pour le faire, évidemment).

Qui peut dire si la Terre n'a pas une vague appellation mathématique en tant que 3e planète de son système ? Crédits : NASA
Qui peut dire si la Terre n'a pas une vague appellation mathématique en tant que 3e planète de son système ? Crédits : NASA

La Terre, au fin fond d'un catalogue d'exoplanètes alien ?

Cette étude est intéressante parce que les efforts pour trouver des exoplanètes « habitables » et envoyer des émissions radio vers d'autres systèmes (à défaut de pouvoir espérer y faire voler un jour une sonde) se focalisent rarement sur la capacité supposée de ces systèmes à nous détecter en retour. Des 1 402 étoiles qui sont capables de détecter un transit terrestre « en ce moment », seules 75 sont assez proches pour avoir déjà détecté des ondes radio émises par les humains depuis la Terre ! Et sept sur les 2 034 au total hébergent des exoplanètes connues, déjà intégrées à nos catalogues… dont le fameux système TRAPPIST-1.

Bien sûr, cela n'établit en rien qu'il y a bien quelqu'un (ou quelque chose) capable de nous observer, mais c'est aussi une application concrète de cette nouvelle et fabuleuse carte de notre coin de galaxie générée par Gaia, dont les données sont en grande partie compilées en France.

Source : Eos.org