Naval Group est chargé de la conception du nouveau porte-avions. Crédits Naval Group
Naval Group est chargé de la conception du nouveau porte-avions. Crédits Naval Group

À l’occasion de sa visite de l’usine Framatome hier, le Président de la République a donné des détails sur le futur porte-avions français qui devra remplacer le Charles de Gaulle en 2038. Ce nouveau navire embarquera une propulsion nucléaire, mais également des catapultes électromagnétiques d’un nouveau genre.

Des choix technologiques proches de ceux implémentés à bord des nouveaux porte-avions américains.

K22 : un nouveau réacteur nucléaire pour le PANG

Aujourd’hui, tous les sous-marins français ainsi que le Charles de Gaulle sont dotés d’une propulsion nucléaire. Si elle offre des avantages incontestables aux sous-marins, son utilité pour les porte-avions est régulièrement remise en question. Les Britanniques, notamment, ont préféré une propulsion classique pour leurs porte-avions, rappelant que ces derniers doivent de toute manière être escortés par des pétroliers-ravitailleurs pour alimenter en carburant les avions et les navires d’escorte.

Cela fait donc plusieurs années que la question de la propulsion du porte-avions de nouvelle génération (PANG) se posait, avec des arguments en faveur des deux options. Finalement, Emmanuel Macron a tranché. La France se dotera d’un unique porte-avions lourd pour remplacer le Charles de Gaulle, et ce dernier sera équipé de deux réacteurs de 225MW d’un nouveau type, le K22.

Pour autant, la Marine Nationale ne souhaite pas s’engager dans une aventure aussi hasardeuse que les réacteurs de nouvelle génération de l’EPR de Flamanville. Robustesse et fiabilité sont des maîtres-mots dans la Marine. Le nouveau K22 sera donc un réacteur à eau pressurisée dérivé du K15 de 150 MW équipant actuellement le Charles de Gaulle et les sous-marins français. Une solution évolutive plutôt que révolutionnaire, mais qui permettra de réduire les coûts et surtout de maintenir une compétence industrielle stratégique qui pourra servir aussi bien au secteur militaire qu’au secteur civil.

Des catapultes électromagnétiques made in USA

Passer du K15 au K22 sera nécessaire pour propulser le nouveau bâtiment, qui fera 75 000 tonnes contre 42 000 pour le Charles de Gaulle. Mais le surplus de puissance servira également à alimenter les nombreux systèmes de bord, qui seront d’une toute nouvelle génération ! Pour le moment, les catapultes qui servent à propulser les avions depuis le pont du Charles de Gaulle sont alimentées par des circuits à vapeur. Avec le PANG, la Marine Nationale entrera dans une nouvelle ère !

Comme les nouveaux porte-avions américains de la classe Gerald R. Ford, le PANG sera équipé de catapultes électromagnétiques fabriquées par General Atomics, les EMALS. À la manière d’un rail-gun, les EMALS utilisent des électroaimants dont le déclenchement séquentiel fournit à la catapulte une force de translation modulée avec précision, permettant de lancer en douceur des avions plus lourds. Tout cela sans les volutes de vapeur qui ont rendu culte la scène d’introduction de Top Gun.

À noter que le système de récupération des avions, à base de câbles d’arrêt, utilisera également un système électromagnétique pour freiner les appareils, l’AAG. Actuellement en phase de rodage aux USA, EMALS et AAG seront pleinement opérationnels bien avant 2038, mais coûteront peut-être à la France quelques centaines de millions d’euros.