Un A380 d'Emirates, sur le tarmac de l'aéroport Paris-Charles de Gaulle (© Alexandre Boero pour Clubic)
Un A380 d'Emirates, sur le tarmac de l'aéroport Paris-Charles de Gaulle (© Alexandre Boero pour Clubic)

Une équipe de chercheurs issus pour la plupart de l'Université d'Oxford affirme avoir réussi à convertir du dioxyde de carbone en carburéacteur.

Depuis des décennies, notre société repose sur la combustion d'hydrocarbures fossiles. Mais la dégradation de l'environnement et du climat à l'aide du catalyseur qu'est le dioxyde de carbone (CO2) a lancé un mouvement de décarburation dans certains secteurs, pour tenter de limiter l'impact nocif de l'activité de l'Homme sur notre planète. Concernant l'aérien, l'idée est de transformer le traditionnel CO2 extrait de l'air en carburéacteur. L'opération a l'avantage d'être neutre en carbone.

Un procédé qui aboutit à un carburant neutre en carbone

Pour mettre au point ce carburéacteur, les chercheurs, à l'aide de la méthode de combustion organique, ont préparé un catalyseur Fe-Mn-K (fer, manganèse et potassium) qui permet de convertir le dioxyde de carbone en carburéacteur d'aviation liquide à hauteur de 38,2%. Par ce procédé d'hydrogénation, les scientifiques n'ont relevé qu'une faible sélectivité en monoxyde de carbone (5,6%) et en méthane (10,4%).

« Comme ce dioxyde de carbone est extrait de l'air et réémis des carburateurs lorsqu'il est brûlé en vol, l'effet global est un carburant neutre en carbone », expliquent les chercheurs, conscients du fait que l'utilisation de combustibles fossiles continue de croître, à un rythme prédit de 1,3% jusqu'en 2030.

Ici, la méthode tranche radicalement avec les carburants à réaction, qui sont produits à partir de sources fossiles d'hydrocarbures, où la combustion vient libérer le carbone fossile directement dans l'atmosphère, sous forme de dioxyde de carbone.

Le recyclage du dioxyde de carbone, une alternative à l'électrique et à l'hydrogène

Là où le travail de l'équipe de chercheurs d'Oxford peut se révéler payant, c'est en considérant le coût de cette conversion du CO2 en carburéacteur. Car il est faible, si l'on en croit l'étude publiée dans la revue Nature Communications. Les matériaux utilisés, comme le fer, sont en effet très courants, et l'approche peu onéreuse. L'opération est en tout cas moins coûteuse que celle qui consiste à transformer l'hydrogène et l'eau en carburant.

La transformation du dioxyde de carbone en carburéacteur peut être vue comme une véritable alternative à d'autres solutions renouvelables et durables, comme l'avion électrique ou l'avion à hydrogène, sans doute davantage destinées à des vols court et moyen courriers. Et permettre aux compagnies de conserver certains appareils jugés trop consommateurs de kérosène. « Le recyclage du dioxyde de carbone en tant que source carbone pour les carburants et les produits chimiques de grande valeur offre un potentiel considérable pour les industries aéronautique et pétrochimique », confirment les chercheurs.

Pour l'heure, cette expérience (qui n'est pas la première en matière de conversion CO2-carburéacteur) a livré des résultats très positifs dans un environnement clos, en laboratoire. Reste désormais à l'appliquer en pratique. Les scientifiques cherchent à présent des partenaires industriels, des constructeurs notamment, pour accélérer cette expérimentation prometteuse.