La France devra respecter en 2050 une neutralité carbone à l'échelle nationale, et les industriels envisagent l'utilisation du captage-stockage géologique du CO2 (CSC) pour y parvenir. Une solution qui ne convainc pas l'ADEME, l'Agence de transition écologique.
Pour les secteurs industriels n'ayant que peu de marge de manœuvre sur la décarbonation, le CSC pourrait être une véritable alternative afin de réduire les émissions sans changer fondamentalement leur moyen de production.
Des défis majeurs pour réussir ce captage
L'utilisation des techniques de captage et de stockage géologique du CO2 demandent une configuration spécifique pouvant permettre de répondre à différents besoins liés à cette technologie. Il y a déjà un défi financier, car le CSC est très coûteux en énergie, avec le risque de ne pouvoir réduire les coûts que de manière très limitée, et uniquement dans le cas des sites très fortement émetteurs qui gagneront forcément à réduire la pollution qu'ils génèrent.
L'autre défi est sociétal et environnemental, puisqu'il faut faire accepter aux populations proches de ces solutions le risque technologique et sanitaire qu'elles représentent. Le défi environnemental est celui des capacités de stockage géologique de ces gaz, les sols n'étant pas adaptés partout. Outre ces questions, celle de la présence d'infrastructures pour le transport du CO2 et celle de la concentration des sites industriels alentours sont également soulevées par l'ADEME.
Le CSC, un dernier coup de pouce plutôt qu'une solution
En raison de ces contraintes diverses, l'Agence de transition écologique prévient que selon elle, très peu de sites peuvent actuellement prétendre à l'utilisation efficace de ces technologies. Seules trois zones, situées dans les Hauts-de-France, en Normandie et en Nouvelle-Aquitaine, auraient en effet la possibilité de stocker au total jusqu'à 24 millions de tonnes de CO2 par an, dont la majeure partie serait conservée en mer. Ce chiffre est toutefois maximal, car si d'autres mesures sont mises en place pour réduire l'empreinte carbone de ces sites, les émissions seront moindres.
Et d'après l'ADEME, il faudra bien d'autres mesures puisqu'elle rappelle que la stratégie nationale bas carbone vise à limiter le CSC à 5 millions de tonnes par an en 2050. De plus, l'agence juge que des sites tels que les industriels de la chimie situés en Auvergne Rhône-Alpes ne pourront pas bénéficier d'une telle technologie, notamment à cause de leur éloignement des zones de stockage.
Pour toutes ces raisons, l'ADEME explique que « la mise en œuvre du CSC doit être considérée comme la dernière étape dans une stratégie de décarbonation. Cette dernière doit en effet commencer par des actions plus matures et performantes telles que l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Le recours au CSC peut cependant être opportun pour des industries ayant des possibilités d’actions alternatives limitées pour abattre totalement leurs émissions de CO2 ».
Source : L'ADEME