© easyJet
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La compagnie easyJet est convaincue que les vols zéro-émission peuvent devenir une réalité. Selon elle, des efforts communs et coordonnés entre les pouvoirs publics et le secteur aéronautique peuvent concrétiser cette ambition.

Depuis plus de deux ans maintenant, easyJet veut convaincre l'opinion, les spécialistes et les réticents que l'ambition de l'avion zéro-émission ne relève pas que du fantasme. Déjà au Salon du Bourget, en 2019, la compagnie aérienne confiait à Clubic son ambition, avec le cap mis sur 2030. Depuis, la firme britannique discute aussi avec Airbus, dont elle veut acquérir le futur avion commercial fonctionnant à l'hydrogène, qui pourrait être commercialement exploitable d'ici 2035. À présent, elle rameute les foules (c'est-à-dire le secteur aéronautique et les gouvernements) pour transformer le secteur au cours de cette décennie et se conformer à son objectif de zéro-émission net d'ici 2050.

Une collaboration des pouvoirs d'un côté, et des avantages financiers et fiscaux pour les compagnies de l'autre

La crise du secteur aérien, consécutive à celle connue de tous sur le plan sanitaire, n'a pas calmé les ardeurs d'easyJet en matière de vols sans émissions, bien au contraire. La compagnie a encore fait mûrir son discours et croit toujours en cet objectif. Selon elle, seule une étroite collaboration entre le secteur aérien et les pouvoirs publics du monde entier permettra de mettre en place cette technologie zéro-émission, « nécessaire pour transformer le secteur au cours de la prochaine décennie et au-delà », nous dit-elle.

Le directeur général d'easyJet, Johan Lundgren, qui s'est exprimé depuis le Airbus Summit s'étant déroulé à Toulouse ces 21 et 22 septembre, insiste sur le fait que seule cette coopération entre les différentes parties permettra de donner vie à l'ambition de l'avion zéro-émission, en insistant sur certains domaines.

Tout d'abord, il estime que les gouvernements devront soutenir le développement de l'approvisionnement en hydrogène ainsi que celui des infrastructures dans les aéroports. L'idée ? Favoriser la création d'hydrogène vert pour l'aviation. Les pouvoirs publics devront aussi, selon lui, se livrer à de l'incitation financière, tout en investissant les fonds collectés grâce aux taxes appliquées sur l'aviation, dans les programmes de recherche nécessaires au zéro-émission.

Sur le plan économique toujours, easyJet demande à ce que les compagnies qui seront les premières à se jeter dans le bain des nouvelles technologies bénéficient d'une réduction des redevances aéroportuaires et de navigation aérienne. Elle milite aussi pour des exonérations fiscales octroyées aux transporteurs qui exploiteront des avions zéro-émission ainsi qu'une place prioritaire dans l'attribution des créneaux aéroportuaires. Rien que ça.

Le Piper M a réussi, dès 2020, son premier vol grâce à hydrogène, sans avoir eu recours à du kérosène donc. © ZeroAvia
Le Piper M a réussi, dès 2020, son premier vol grâce à hydrogène, sans avoir eu recours à du kérosène donc. © ZeroAvia

Airbus et easyJet, une amicale coopération sur le chemin du zéro-émission

Outre la sollicitation à l'investissement et au soutien du développement de nouvelles technologies et la nécessité de procéder à des incitations financières envers les compagnies, easyJet en appelle aussi à la Commission européenne. La firme demande à Bruxelles et aux différents gouvernements d'accélérer l' objectif de ciel unique européen. Elle affirme qu'emprunter des routes aériennes plus directes permettrait de réduire d'environ 11 % les émissions de l'aviation.

easyJet soulève un autre élément. La compagnie précise que l'adoption d'avions zéro-émission pourrait être favorisée en privilégiant, dans un premier temps, les réseaux court-courriers qui, on le sait aujourd'hui, ne sont plus une priorité absolue des pouvoirs publics en France. Mais cela ne doit pas s'arrêter uniquement aux transporteurs qui effectuent des vols intra-EEE ou des vols court-courriers. Pour easyJet, il faut aussi inclure dans le deal les vols long-courriers, qui représentent plus de 50 % des émissions de l'aviation européenne, alors même que ces vols long-courriers ne pèsent que pour 6 % des vols de l'espace européen.

« Le secteur ne peut pas y arriver seul. Nous avons besoin que les gouvernements aident le secteur à atteindre les ambitieux objectifs de réduction des émissions en fournissant un soutien financier et réglementaire pour les technologies vertes et les investissements dans des avions zéro-émission », a déclaré Johan Lundgren. L'entreprise exploite aujourd'hui des avions Airbus NEO, réputés pour être 15 % plus économes en carburant que les avions qu'ils remplacent. De plus, elle n'utilise plus qu'un seul moteur pour les actions de roulage à l'arrivée et au départ afin de davantage réduire la consommation de carburant. Depuis 2000, la compagnie affirme avoir réduit de plus d'un tiers ses émissions de carbone par passager-kilomètre.

Guillaume Faury, directeur général d'Airbus, l'avionneur qui travaille au développement d'un avion commercial fonctionnant à l'hydrogène avec easyJet, affirme ne pouvoir « que saluer l'appel (de la compagnie britannique) pour une collaboration étroite entre le secteur et les gouvernements, alors que nous établissons notre feuille de route commune vers le net-zéro ». Airbus a par ailleurs confirmé le rôle actif d'easyJet dans l'élaboration du futur de l'aérien, avec un partenariat entre les deux entités qui semble solide. Affaire à suivre, donc.

Source : communiqué easyJet