Le gendarme des ondes s'est doté d'un nouveau banc de test de mesures du DAS des téléphones mobiles, qui aura une réelle utilité alors que la 5G est sur le point d'être officiellement commercialisée.
Après avoir lancé un appel d'offres visant à faire l'acquisition d'un nouveau banc d'essai pour ses mesures du DAS des smartphones, l'Agence nationale des fréquences (ANFR) a annoncé, il y a quelques jours, avoir choisi la start-up labélisée French Tech Art-Fi, basée à Orsay dans le département de l'Essonne, pour s'équiper de son nouvel instrument.
L'ANFR entend doubler ses contrôles en 2021 par rapport à 2019
« Avec cet appareil innovant, l'Agence se dote d'un véritable laboratoire pour expertiser les évolutions matérielles et logicielles des téléphones, notamment dans le contexte de l'arrivée de la 5G », explique l'ANFR, « qui conforte ainsi son rôle d'acteur de référence dans le domaine ».
L'ANFR va redoubler d'intensité en 2021 s'agissant des contrôles de DAS sur les smartphones, avec 140 contrôles prévus en 2021, soit deux fois plus qu'en 2019. 5 000 mesures seront par ailleurs effectuées sur les antennes 5G. L'intensification des mesures, notamment permise par l'acquisition de ce banc d'essai made in Art-Fi, permettra à l'Agence de contrôler plus de 85% du marché des terminaux vendus et utilisés en France.
L'Agence nationale des fréquences mène année après année une mission de contrôle de l'exposition aux ondes électromagnétiques. En plus des téléphones portables, elle vérifie l'exposition de tout appareil radioélectrique pouvant fonctionner à proximité du corps humain et émettant plus de 20 mW. La mesure du débit d'absorption spécifique (DAS) par l'ANFR, qui permet de mesurer l'énergie transportée par les ondes électromagnétiques émises par les appareils et absorbées par le corps humain, était jusqu'à maintenant externalisée. Ces mesures externalisées vont se poursuivre, tout en menant des expérimentations au sein même de l'ANFR.
Des tests en interne, et un gain de temps sur les mesures
L'ANFR et Art-Fi, vous en avez sûrement entendu parler il y a quelques jours, si vous étiez connecté(e) sur Clubic ou que vous avez regardé le dernier numéro de Complément d'enquête, sur France 2. La start-up, en sa qualité de laboratoire indépendant, a notamment montré que le DAS tronc (smartphone qui se trouve dans une poche de veste ou dans un sac), est en moyenne quatre fois supérieur à 0 mm qu'à 5 mm de la peau, encore sa limite réglementaire aujourd'hui.
Si les tests étaient ramenés à 0 mm, tous les smartphones actuellement commercialisés dépasseraient la limite réglementaire, qui est de 2 W/Kg. « Dans le contexte des évolutions des normes envisagées à la suite du dernier avis de l’ANSES sur le sujet, le DAS tronc, aujourd’hui évalué à 5 mm, pourrait être évalué à des distances moindres, notamment au contact », note d'ailleurs l'ANFR, prête à se mettre en conformité au niveau de ses tests et expérimentations au moindre changement de réglementation. Une limite plus basse de la distance entre le corps et l'appareil pourrait être justifiée par le fait que les smartphones embarquent désormais plusieurs antennes dans un même appareil.
Grâce à son banc constitué d'une partie qui simule la tête ou le corps (appelée fantôme), avec « une grille rectangulaire de capteurs conçue pour mesurer sur cette surface les deux composantes de champ électrique tangentielles orthogonales », il sera ainsi possible de procéder à des mesures rapides, sans déplacer les sondes dans tout le volume du fantôme. De quoi gagner du temps, outre la possibilité de voir en temps réel la variation du DAS.
Source : ANFR