SenseTime est une entreprise chinoise qui a retardé son entrée à la Bourse de Hong Kong à la suite de sanctions des États-Unis. Spécialisée dans la reconnaissance faciale et l'intelligence artificielle, l'entreprise emploie des technologies très utiles pour reconnaître et classifier la population ouïghoure, persécutée en Chine. La société nie ce genre d'utilisation en bloc, mais elle n’en est pas moins interdite de collaborer avec les entreprises américaines jusqu’à nouvel ordre.
La société devait lever plus de 760 millions de dollars lors de son OPA. Appuyée par Pékin, elle clame son absence de responsabilité quant au sort des Ouïghours.
Placée sur liste noire, SenseTime retarde son entrée en Bourse
C’est un coup de massue qui tombe sur SenseTime alors que ses investisseurs se réjouissaient d’une entrée en Bourse très médiatisée. Après plusieurs mois d’enquête, le Trésor américain a rendu sa décision : SenseTime est placée sur la liste noire des commerces qui portent atteinte à la sécurité nationale. Un marché colossal se ferme donc pour l’entreprise chinoise.
Le monde entier en sait un peu plus sur le sort réservé aux Ouïghours, minorité musulmane de Chine parquée dans des camps. Dans cette affaire, SenseTime est accusée de déployer des outils à la pointe dans un but de contrôle des populations. En effet, ses technologies peuvent reconnaître le visage de n’importe quelle personne dans une foule compacte, détecter la température d’un individu et même voir son visage avec un masque.
La précision des outils de SenseTime est telle que ses caméras peuvent identifier un individu en moins de 0,3 seconde, comme en atteste une expérience réalisée dans les bureaux d’une entreprise sud-coréenne. Elle a souvent été utilisée pendant la crise sanitaire pour vérifier si le citoyen lambda se pliait aux règles drastiques des confinements chinois.
« Des mensonges, de la désinformation »
Sans l’ombre d’un doute, SenseTime a joué un rôle actif dans la classification et la traque des Ouïghours, même si le gouvernement chinois affirme le contraire. Dans sa défense, le ministre des Affaires étrangères chinois affirme que l’entreprise est l’objet de « mensonges et de fausses informations ». Pourtant, SenseTime ne perd pas tous ses alliés à la suite de ce bannissement américain. Elle peut encore compter le géant Alibaba ou le fabricant de puces Qualcomm parmi ses partenaires et investisseurs.
Les sanctions du genre s'abattent de plus en plus sur les entreprises qui fabriquent des logiciels espions, comme NSO Group, firme israélienne. Elle a dû arrêter la production en série de son logiciel Pegasus, capable d'infecter des iPhone sans laisser de trace, lorsque la marque Apple a dénoncé des « violations de la loi américaine ».
Source : CNN