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Si les brouteurs peuvent faire des dégâts considérables chez leurs victimes, ils souffrent souvent aussi de conditions de travail qui tiennent de l'exploitation.

Au milieu de tous les bienfaits qu'a permis l'arrivée d'Internet, le développement et la multiplication des arnaques plus ou moins bien pensées est malheureusement un point que l'on ne peut oublier. Mais si leurs victimes peuvent souvent se retrouver bien démunies et n'avoir aucun recours, les personnes qui les ont escroquées ne sont pas toujours mieux loties.

Qu'est-ce qu'un brouteur ?

Le terme « brouteur » est une expression désignant les personnes dont le métier consiste à soutirer de l'argent sur Internet. Ces arnaques peuvent prendre plusieurs formes : du célèbre prince nigérien qui vous demande de régler des frais de notaire pour vous faire hériter de sa considérable fortune à la femme séduisante qui promet de rejoindre sa victime une fois que celle-ci lui aura payé un billet d'avion ou des frais de santé. Les brouteurs ne manquent pas d'imagination.

Ces arnaques peuvent s'avérer particulièrement cruelles dans le cas où les personnes touchées pensent réellement aider ou avoir une connexion avec la personne qui les escroque. Mais surtout, il n'existe généralement aucun recours, et en tracer l'origine peut parfois s'avérer très ardu.

Les brouteurs souffrent parfois plus que leurs victimes

La plupart des personnes derrière ces arnaques sont originaires de pays pauvres et souvent sans réel droit du travail. Ces éléments auraient pu le laisser deviner, mais une enquête de VOD English est venue le confirmer : les conditions de travail des brouteurs relèvent parfois véritablement de l'exploitation.

La journaliste derrière cette enquête a ainsi interrogé plusieurs personnes récemment rescapées – le terme n'est pas exagéré – d'une entreprise cambodgienne qui arnaquait des occidentaux en les convainquant d'investir dans une crypto-monnaie qui n'existait pas. Les témoins pour cet article ont ainsi expliqué qu'après leur avoir donné plusieurs garanties, les recruteurs de l'entreprise confisquaient leurs téléphones dès leur arrivée en ville, avant de les installer dans un bâtiment où ils allaient devoir vivre et travailler sans pouvoir sortir.

Les quotas imposés à ces « employés » étaient très durs, et ceux qui ne les atteignaient pas étaient systématiquement punis et/ou humiliés, en étant obligés de faire 50 pompes par « client » manquant par exemple. L'une des personnes interrogées explique même avoir été tasée et passée à tabac après avoir fait une simple erreur de destinataire pour un message. Et quand, enfin, des policiers sont venus pour réclamer à l'entreprise de les laisser partir, cette dernière a accepté, à condition qu'ils versent 2 800 $ chacun « pour rembourser les dépenses engagées ». La plupart de ces salariés ne recevaient pourtant jamais le salaire qui leur était promis.

Bien entendu, la personne directement derrière l'arnaque peut, au vu des conditions, difficilement être tenue responsable. Et si, dans le cas décrit dans l'article de VOD, les responsables ont été arrêtés, la pratique reste néanmoins très répandue.