Le triangle d'or, où se rejoignent le Laos, la Thaïlande et le Myanmar, regroupant ces usines à escroqueries en ligne - © kavram /Shutterstock
Le triangle d'or, où se rejoignent le Laos, la Thaïlande et le Myanmar, regroupant ces usines à escroqueries en ligne - © kavram /Shutterstock

Ce sont de véritables usines à escroqueries qui font des ravages en Asie du sud-est. Ces complexes ultramodernes exploitent des milliers de travailleurs forcés pour gruger des victimes dans le monde entier. Au prix fort : 64 milliards de dollars par an.

Le fléau des arnaques en ligne orchestrées par la pègre prend une ampleur inquiétante en Asie. Selon un rapport de l'Institut des États-Unis pour la paix ou l'USIP, les groupes criminels organisés raflent près de 64 milliards de dollars chaque année grâce à ces escroqueries massives. Au Cambodge, au Laos et au Myanmar, ce butin faramineux représenterait 40 % du PIB combiné de ces trois pays ! Un chiffre qui illustre l'emprise tentaculaire de ces syndicats de l'arnaque 2.0, engrangeant des profits criminels astronomiques sur le dos de milliers de victimes dûment piégées.

Derrière ces vastes campagnes d'hameçonnage et d'escroqueries à l'investissement se cachent de véritables « usines à arnaques » ultra-modernes, exploitant une main-d'œuvre captive dans des conditions déplorables. Elles ne sont pas sans rappeler ces usines en Chine, qui font tourner des racks de smartphones pour de l'escroquerie à grande échelle.

Fraude et cybercriminalité : comment les criminels s'y prennent-ils ?
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Fraude et cybercriminalité : comment les criminels s'y prennent-ils ?

01 décembre 2023 à 16h49

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Les sombres usines à arnaque en ligne de la pègre asiatique

Pour mener à bien leurs sales besognes, ces syndicats criminels n'ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont construit en Asie du sud-est de véritables complexes ultramodernes abritant leurs « travailleurs » de l'escroquerie, dans des conditions proches de l'univers carcéral. Hauts murs d'enceinte, miradors de surveillance, salles d'interrogatoire... Ces sinistres « usines à arnaques » ne laissent rien au hasard pour garder un contrôle maximal sur leur misérable main-d'œuvre.

À l'intérieur, c'est une plongée en plein cauchemar : des open spaces surpeuplés où des centaines de personnes hackent sans relâche pour appâter de nouvelles victimes sur les réseaux sociaux et des applications de rencontre. Un déploiement de techniques d'ingénierie sociale rodées pour gagner la confiance des cibles et les convaincre d'investir dans des produits fictifs qui ne font qu'alimenter les caisses des truands. Récemment, une Française a perdu près de 90 000 euros à cause de cette méthode.

Des équipes entières sont formées pour mener des campagnes de phishing massives à la pêche aux pigeons bernés par ces escrocs de haut vol. Des investissements réussis pour les gangs, mais rien que du vent pour les grugés qui ne reverront jamais la couleur de leur argent.

Des escrocs qui travaillent dans des conditions déplorables - © Alta Oosthuizen /Shutterstock

L'enfer des travailleurs esclaves de l'arnaque 2.0

Après avoir été attirées sous de fallacieux prétextes, comme des offres d'emploi dans l'industrie du divertissement numérique, des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées piégées dans ces centres, réduites en l'esclavage moderne par les gangs criminels. Enfermées, battues, affamées... Le tout dans un climat de terreur permanente pour les forcer à coopérer.

« On nous menaçait de représailles sur nos familles si on désobéissait », témoigne Ming, un rescapé qui a fui ce cauchemar au péril de sa vie. « J'ai été malmené, torturé au fer rouge après un dérapage. J'avais des quotas déments d'arnaques à remplir sous peine de privations de nourriture ». Un enfer sans nom avec la mort comme seule échappatoire.

Ces tragiques histoires se répètent dans toute la région où ces centres mafieux prospèrent grâce à la corruption des élites locales. Au Cambodge, un puissant sénateur du parti au pouvoir touche des dessous de table malgré son casino doublement véreux. Au Myanmar, la junte militaire ferme les yeux sur ces trafics en échange de versements de pots-de-vin.

« Ces complexes s'implantent souvent en partenariat avec les grands pontes du régime, dans des zones mal régulées où l'impunité est totale », dénonce le rapport, appelant à une implacable mobilisation internationale pour démanteler ces réseaux d'escrocs.

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Source : USIP, The record