Nombreux sont ceux qui se croient à l'abris lorsqu'ils ont désactivé le Wi-Fi. Mais avec une nouvelle méthode de « cryptanalyse acoustique », des chercheurs n'ont même pas besoin d'accéder à un ordinateur ou à des données pour extraire une clé de déchiffrement RSA sur 4096 bits. Ironiquement on doit cette découverte à l'un des co-inventeurs de l'algorithme de chiffrement RSA, Adi Shamir, assisté de Daniel Genkin et de Eran Tromer, de l'université de Tel Aviv.
L'étude, qu'ils ont publiée la semaine dernière, prouve qu'on peut littéralement écouter un ordinateur à l'aide d'un équipement courant. Un ordinateur produit toutes sortes de bruits : le régulateur de tension du processeur en particulier émet un signal à haute fréquence (entre 10 et 150 kHz), variant en fonction des sollicitations du processeur, qu'on peut capter à l'aide d'un microphone puis qu'on peut traduire en instructions en assembleur.
Intercepter les données d'un ordinateur à l'aide d'un smartphone
La marge d'erreur est telle qu'il serait très difficile de suivre toutes les opérations d'un processeur en temps réel, mais certaines opérations, telles que le déchiffrage des différentes parties d'un fichier, se répètent suffisamment pour qu'on les capture fidèlement en moins d'une heure.Les chercheurs y sont parvenus à l'aide d'un microphone parabolique de grande qualité jusqu'à une distance de 4 m, mais aussi avec le microphone interne d'un téléphone conventionnel placé à 30 cm de l'ordinateur ciblé. C'est également possible en mesurant le potentiel électrique au travers d'un port Ethernet, USB ou VGA, ou même au travers de l'utilisateur qui toucherait simplement son ordinateur à main nue.
L'étude porte seulement sur l'une des implantations du chiffrement RSA, mais il est possible de la reproduire sur d'autres. Pour se prémunir il y a au moins deux solutions : déchiffrer les données dans un lieu isolé... ou jouer un concerto de violon simultanément.