Ondrej Vlcek, P.-D.G. d'Avast, à VivaTech le 16 juin (© Alexandre Boero pour Clubic)
Ondrej Vlcek, P.-D.G. d'Avast, à VivaTech le 16 juin (© Alexandre Boero pour Clubic)

Clubic a rencontré, à VivaTech, le patron de l'éditeur de sécurité informatique Avast, Ondrej Vlcek. L'occasion de faire le tour, avec lui, des enjeux du moment en matière de cybersécurité.

À VivaTech, l'un des géants des produits de sécurité et de confidentialité en ligne, Avast, a présenté son tout premier Digital Wellbeing Report, à traduire littéralement par « Rapport sur le bien-être numérique ». L'éditeur tchèque explique dans le document que le fossé en matière de cybersécurité persiste entre les pays libres et les pays non-libres. Et ce, alors même que la liberté sur internet décline à travers le monde. Sur place, nous avons rencontré le président-directeur général d'Avast, Ondrej Vlcek, avec lequel nous avons aussi évoqué les conséquences de la guerre en Ukraine sur le terrain cyber, les menaces du moment et l'évolution de son entreprise.

Les internautes des pays « moins libres » défavorisés dans leur pratique d'internet

Sur le rapport présenté en marge de VivaTech, Ondrej Vlcek constate que « moins un pays est libre concernant internet et sur le plan numérique, plus les internautes de ce pays sont susceptibles d'être attaqués ou piratés ». La pandémie de COVID-19 est évidemment passée par là, avec un impact jugé sans précédent sur le bien-être des internautes du monde entier.

Les individus vivant dans des pays dits « libres » (comme l'Islande, la Lettonie, le Canada, l'Allemagne, la France ou encore le Royaume-Uni) courent moins de risques d'être victimes d'une cyberattaque : à hauteur de 30 %. Pour les internautes des dix pays les moins libres (la Chine, les Émirats arabes unis, le Venezuela, l'Ouzbékistan, l'Égypte, le Viêt Nam ou encore l'Éthiopie), cette proportion tourne entre 33 et 47 %.

L'actualité cyber est dominée par le conflit russo-ukrainien…

Si les gens voient aujourd'hui des chars, des bombes et autres missiles à la télévision, se déroule en parallèle de la guerre entre la Russie et l'Ukraine une autre guerre, ou plus précisément une cyberguerre, dont Ondrej Vlcek fait une analyse.

« Certaines personnes s'attendaient à ce que le conflit ait des effets beaucoup plus importants en ce qui concerne les infrastructures critiques. Certains ont prédit que s'il y avait une nouvelle guerre, en particulier en Europe, elle entraînerait la coupure du réseau électrique, du fait d'attaques informatiques qui entraîneraient aussi l'arrêt des radios, télévisions et autres moyens de communication de masse, ce qui ne s'est pas produit », constate le dirigeant et philanthrope tchèque.

© Pexels / Nextvoyage
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Ce dernier se livre d'ailleurs à une comparaison des stratégies de sécurité informatique des deux pays. « En Ukraine, le système est très décentralisé, avec de petites unités autonomes qui ont leur propre fonctionnement. En Russie, c'est très centralisé. Il y a Poutine, une couche en dessous de lui et encore une en dessous. Tout, y compris les cyberattaques, est géré et organisé de manière centralisée », nous dit-il, ajoutant que la stratégie du Kremlin « ne semble pas très bien fonctionner pour eux ».

… pendant que le ransomware recule

Dans le monde de la cybersécurité, l'invasion de l'Ukraine par la Russie prend beaucoup de place. Et la sécurité informatique demeure un secteur en pleine croissance. « Les cyberattaques sont à un niveau record », alerte Ondrej Vlcek, pour qui « elles suivent une trajectoire ascendante depuis, une vingtaine d'années, aussi loin que je me souvienne ». Le patron d'Avast apporte toutefois une petite nuance, qui concerne tout particulièrement les rançongiciels.

« Au premier semestre de cette année, et plus particulièrement au deuxième trimestre, le nombre global d'attaques par ransomware a en fait légèrement diminué. » On trouve l'explication à ce phénomène par le fait que bon nombre de ces attaques provenaient de Russie ou d'Ukraine. « Depuis que ces deux pays se battent l'un contre l'autre, l'impact de ces deux pays sur l'extérieur est en réalité plus faible qu'il y a un an », ajoute Vlcek.

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Le ransomware reste un cas particulier. Car dans le même temps, les violations de données ou encore le vol d'identité augmentent, année après année.

Avast n'est plus qu'un simple antivirus

Dans la dernière partie de notre entretien, nous avons souhaité interroger Ondrej Vlcek sur le futur d'Avast, qui a annoncé sa fusion avec Norton en août dernier avant de racheter le spécialiste de l'identité numérique SecureKey Technologies à la fin du mois de mars.

Cela n'a échappé à personne que l'éditeur ne se limite plus à un simple antivirus, mais qu'il s'est très largement élargi à la cybersécurité au sens large, avec des solutions contre les attaques par ingénierie sociale et la protection de la confidentialité des internautes, il y a plusieurs années. « Nous avons ajouté le VPN, des outils de tracking… et la prochaine étape pour nous qui aura un impact considérable : c'est l'identité numérique », nous explique Ondrej Vlcek, qui dénonce les robots qui pullulent sur les réseaux sociaux et contribuent à certaines dérives, passant notamment outre l'authentification forte.

« Si nous pouvions créer un système d'identité numérique solide qui fonctionnerait à l'échelle mondiale, cela aiderait clairement à résoudre ces problèmes, tant sur la sécurité que sur la confidentialité ». Et si Ondrej Vlcek reconnaît que les attaquants et les attaques sont de plus en plus sophistiqués, « les choses évoluent dans le bon sens ».

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