Les enquêteurs ont saisi durant l'opération plus de 16 millions et demi de dollars dérobés à plusieurs centaines de victimes.
L'art de se faire passer pour un donneur d'ordre
C'est l'une des opérations de police les plus importantes de l'année. Nom de code : Operation Wire Wire. A son terme, après 6 mois de travail, le Département américain de la Justice a mis sous écrous 42 Américains, 29 Nigérians, 1 Canadien, 1 Mauricien et 1 Polonais, tous ou presque membres de réseaux criminels internationaux. Leur spécialité : l'arnaque au PDG. Plus élaborée que l'arnaque nigériane (ou scam 419), qui le plus souvent est une escroquerie assez grossière pour tenter de vous soutirer de l'argent, l'arnaque au PDG, ou BEC scam (Business Email Compromise), consiste à usurper l'identité d'un donneur d'ordre (chef d'entreprise, organe de crédit, banque, etc.) pour exiger un virement financier frauduleux, au nom d'une situation urgente.Ces fraudeurs ciblaient à la fois des entreprises et des particuliers, le plus souvent des séniors ou des acheteurs de biens immobiliers. Pour leur extorquer des fonds, les voleurs leur envoyaient depuis des adresses mail très convaincantes des appels de fonds conséquents : un promoteur immobilier texan s'est ainsi fait plumer de 246.000 dollars par deux Nigérians vivant à Dallas, qui s'étaient habilement fait passer pour les vendeurs d'une maison à son catalogue.
Des scammers très imaginatifs
Un autre procédé courant : un email d'un haut responsable d'une entreprise à l'un de se subordonnés, faisant usage de l'autorité qu'on lui suppose pour exiger un virement dans les plus brefs délais, pour finaliser un deal confidentiel ou payer un fournisseur. L'imagination des scammers est sans limites, et prend la forme d'offres d'emplois, de ventes flash, de loteries, et s'accompagne parfois, pour la crédibilité, en plus de l'argent, d'une demande de documents.Dans l'opération Wire Wire, les autorités américaines ont saisi 2,4 millions de dollars et recouvré 14 millions sur les transferts bancaires des fraudeurs. Mais ce n'est qu'une petite partie de l'argent perdu par les victimes. En pleine expansion, les arnaques au PDG, et plus généralement de type BEC, auraient coûté depuis 2013, selon le FBI, plus de 5,3 milliards de dollars aux Etats-Unis.