Siège des Nations Unies à New York © Alexandre Boero
Siège des Nations Unies à New York © Alexandre Boero

L'ONG Amnesty International demande aux Nations Unies un moratoire sur les technologies dites de cybersurveillance, qu'elle juge à la fois discrètes, invasives et dangereuses pour les droits humains.

Amnesty International demande une régulation sur les logiciels espions. Faisant suite au scandale du projet Pegasus dévoilé au grand public lors de l'été 2021, l'ONG de défense des droits de l'Homme regrette que le secteur des technologies de surveillance ne fasse pas encore l'objet d'une vraie régulation. Sur cette question, elle demande aux Nations Unies un moratoire mondial.

Une pétition de 100 000 signatures pour soutenir le débat autour des technologies de surveillance ciblée

C'est dans le cadre de la 77e Assemblée générale des Nations Unies, qui avait lieu à la fin du mois de septembre, qu'Amnesty International a déposé auprès des États membres une pétition mondiale garnie de 100 000 signatures. Comme l'ONG, les signataires considèrent les technologies de surveillance numérique ciblée comme une réelle menace pour le droit à la vie privée.

Cela tombe bien, puisque les Nations Unies ont ouvert le débat sur le droit à la vie privée à l'ère numérique. Les équipes de l'organisation internationale de défense des droits humains sont en ce moment même à New York pour mener à bien leur mission et faire adopter une résolution qui pourrait pousser dès maintenant à une régulation des technologies.

Le hasard fait au passage bien les choses, puisque l'antenne new-yorkaise d'Amnesty International se situe juste en face de l'imposant bâtiment de l'Organisation des Nations Unies, sur les bords de l'East River.

Amnesty International demande la suspension temporaire de ces technologies

À New York, Amnesty International réclame un moratoire mondial « sur l'utilisation, la vente et le transfert de ces technologies jusqu'à ce qu'un cadre réglementaire approprié en matière de droits humains soit mis en place ». Le but du moratoire est donc de suspendre temporairement ces activités, ce qui comprend également l'exportation des technologies de surveillance.

L'ONG appuie sa demande avec le soutien que lui apporte le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU, mais aussi de la part d'experts des Nations Unies et de diverses organisations de la société civile. « Il est extrêmement dangereux et irresponsable de permettre au secteur des technologies et du commerce de la surveillance de fonctionner comme une zone de non-droit », s'accordent à dire les spécialistes.

La France a largement contribué à donner de l'épaisseur à la pétition, puisque parmi les 100 000 personnes soutenant la demande de moratoire, 70 000 sont françaises. « Le sujet de la cybersurveillance nous concerne toutes et tous. Si rien n’est fait, les abus continueront. Une fois nos messages adressés auprès des Nations Unies, des actions concrètes et ambitieuses vont devoir être mises en place. Nos droits sont en jeu », explique Amnesty International.

Pour le moment, rares sont les initiatives occidentales prises pour une stricte réglementation des logiciels espions. Les États-Unis avaient néanmoins, dès le mois de novembre dernier, placé NSO Group, éditeur de Pegasus, sur leur liste noire.