Petya : plus qu’un ransomware, un wiper ?

Paolo GAROSCIO
Publié le 29 juin 2017 à 12h30
L'attaque mondiale au ransomware, Petya, continue de dévoiler ses mystères au fur et à mesure que les spécialistes en sécurité informatique tracent l'origine de l'infection et étudient le code du malware. Les premiers résultats des analyses sembleraient montrer que Petya n'est pas une attaque au ransomware classique comme l'attaque WannaCry de mai 2017. En fait, le ransomware ne serait qu'une façade.

Si l'attaque WannaCry qui utilisait la même faille critique de Windows, EternalBlue, avait pour but de récupérer de l'argent, l'attaque Petya aurait eu pour but de tout simplement détruire des fichiers et rendre des systèmes entiers inutilisables.

Petya : le ransomware qui cache un wiper

Le chercheur en informatique de l'entreprise Comae, Matthieu Suiche, aurait réussi à décoder une partie du code de Petya et à découvrir ce qui pourrait être le but premier de l'attaque : la destruction. Dans un tweet, le 28 juin 2017, il déclare que Petuya «  est un wiper, pas un ransomware ». Le but de l'attaque aurait donc été de détruire des données, pas de collecter de l'argent.

Une partie du code de Petya qui, contrairement à WannaCry, crypte l'intégralité du disque dur, aurait pour objectif la destruction d'une partie du HDD. L'attaque est donc bel et bien une cyberattaque et non une simple tentative de chantage. Cette théorie pourrait expliquer le fait que le mail censé être utilisé par les hackers était en clair, ce qui en a permis le blocage immédiat, et qu'un seul portefeuille bitcoin était utilisé pour toutes les victimes, ce qui le rendait traçable. Des détails qui n'auraient pas été laissés au hasard lors d'une attaque visant à collecter l'argent des rançons.




Les soupçons se tournent (encore) vers la Russie

Si Petya est effectivement une cyberattaque visant à détruire des systèmes, il faut maintenant trouver le coupable. L'attaque ayant été lancée en Ukraine - qui a subi la majorité des dégâts avec près de 60 % du nombre total d'ordinateurs infectés -, plusieurs experts estiment qu'il pourrait s'agir d'une attaque menée par la Russie. Toutefois, des grandes entreprises russes comme Rosneft, le géant du gaz, ont également été touchées : sont-ce là des dégâts collatéraux ou est-ce la preuve que la Russie n'est qu'une simple victime comme l'Ukraine ?

The Verge signale néanmoins une coïncidence troublante : en décembre 2015 la Russie a déjà attaqué le réseau électrique ukrainien et le 27 juin 2017, date de la cyberattaque Petya, le colonel de l'armée ukrainienne Maksim Shapoval a été victime d'un attentat à la voiture piégée. Mais cette coïncidence ne semble pas convaincre l'ensemble des spécialistes de la sécurité informatique : l'attaque pourrait très bien avoir eu pour objectif l'argent de la rançon, selon Sean Sullivan de F-Secure, et avoir été tout simplement mal organisée. Les hackers n'auraient collecté qu'un peu plus de 10 000 euros de la part de quelques dizaines de victimes qui ont effectivement payé.

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