debit bande passante

Des ralentissements de connexion inattendus ? Des services en ligne inaccessibles ? Des pages web qui peinent à charger à heures fixes ? Des fichiers difficilement téléchargeables en P2P ? Votre FAI bride très certainement votre connexion. Voici comment repérer ces interventions menées par votre opérateur pour contourner les restrictions arbitraires de bande passante qui dégradent votre expérience web.

Qu’est-ce que le bridage d’une connexion Internet ?

Lorsque l’on souscrit un abonnement à Internet, il est d’usage que le FAI communique sur les débits ascendants et descendants auxquels la connexion peut prétendre. Concrètement, ces débits témoignent de la vitesse de chargement et de téléchargement des données. Ainsi, lorsqu’un opérateur commercialise une box Internet fibre 500 Mb/s ou 1 Gb/s, la connexion doit théoriquement atteindre ces plafonds chaque fois que l’on surfe sur le web. On précise par ailleurs que la plupart des offres actuelles proposent des débits symétriques, ce qui signifie que l’on doit observer des vitesses sensiblement identiques en download et en upload, à quelques dizaines de Mb près.

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Même constat pour les forfaits mobiles, dont les débits théoriques varient en fonction du réseau utilisé. À titre d’exemple, la 4G LTE permet d’atteindre 150 Mb/s, tandis que la 4G+ doit pouvoir pousser jusqu’à 1 Gb/s. La 5G, quant à elle, promet des vitesses de connexion jusqu’à 20 fois supérieures à la 4G+ (20 Gb/s).

Cette valeur exprimée en Mb/s ou Gb/s est ce qu’on appelle la bande passante. Malgré les performances annoncées sur le papier, il n’est pas rare que les FAI brident occasionnellement la bande passante (vitesse et/ou quantité de données transférées), ce qui, contrairement aux idées reçues, n’est pas illégal, mais va à l’encontre du principe de neutralité du Net et est réglementé par l’Arcep.

Parmi les raisons légitimant le bridage de la connexion, on peut, par exemple, évoquer les congestions de réseau en heure de pointe, découlant d’une surcharge de connexions simultanées. Une situation que les opérateurs sont autorisés à régler en limitant et en redistribuant la bande passante de manière équitable à leurs abonnés pour que tous puissent à se connecter à Internet.

Autre cas commun impliquant régulièrement des bridages de connexion : l’utilisation intensive du réseau pour jouer en ligne, télécharger des fichiers en P2P ou regarder des contenus en streaming. Ici, les FAI limitent parfois la bande passante afin de continuer à fournir au reste de leurs internautes un service stable et fluide.

Enfin, les forfaits mobiles limités en data incluent dans leur contrat des conditions de limitation des données transférées une fois le quota mensuel consommé.

Si ces restrictions volontaires de la bande passante trouvent une justification louable – permettre à tous et toutes de profiter d’une connexion stable et fonctionnelle malgré les difficultés rencontrées par le réseau –, il n’est pas rare d’observer des dérives. Certains FAI enfreignent ostensiblement la neutralité du Net pour des raisons commerciales et s’octroient le droit de brider la connexion Internet pour promouvoir des forfaits, des services et des partenariats plus lucratifs.

En 2010, Orange était épinglé pour avoir favorisé Deezer, offrant un accès illimité au service (moyennant surcoût) au détriment de plateformes concurrentes, limitées à 1 Go par mois. En 2012, c’est Bouygues Telecom qui était à son tour fustigé pour avoir déployé une offre premium, garantissant un accès prioritaire sur le reste de ses abonnés en cas de congestion du réseau. Quelques années auparavant, en 2006, Free était pris la main dans le sac alors que l’opérateur avait sciemment bloqué l’accès à Dailymotion à l’issue de négociations commerciales tendues.

Comment vérifier si votre FAI bride votre connexion Internet ?

Bien évidemment, qu’ils agissent pour de bonnes raisons ou des motifs discutables, les FAI se gardent bien de prévenir leurs abonnés quand ils brident la connexion. Des ralentissements fréquents, à heures fixes, ou brutaux doivent vous mettre la puce à l’oreille.

Il existe aujourd’hui de très nombreux outils en ligne permettant de mesurer en temps réel les débits ascendants et descendants de la connexion, et donc capable de révéler des anomalies imputables à une restriction arbitraire de la bande passante. On pense, par exemple, au Speedtest d’Ookla, à OONI Probe, développé par des membres du réseau Tor, ou encore à nPerf, que la rédaction de Clubic utilise pour analyser les performances des VPN qu’elle teste.

En comparant les vitesses d’upload et de download relevées par ces outils avec les débits théoriques annoncés par les opérateurs, nul ne devrait observer d’écart flagrant. Dans le cas contraire, il est fort probable que le FAI bride la connexion Internet.

Pour obtenir des résultats fiables, pensez à effectuer plusieurs tests de débits sur une période de quelques jours.

On rappelle enfin que l’Arcep développe aussi son propre outil avec Wehe. Le dispositif, disponible sur Android (Google Play Store et F-Droid) et iOS (App Store), analyse le trafic généré par l’application afin de déterminer si l’opérateur mobile bride ou priorise certains services et ports logiciels. En cas de doute concernant la légitimité de ces pratiques, les internautes peuvent signaler leur FAI directement via la plateforme (« J’alerte l’Arcep »). Les dossiers sont ensuite examinés par l’Autorité qui constate, ou non, les infractions à la neutralité du Net.

Comment contourner les restrictions de bande passante imposées par son FAI ?

S’il n’est pas possible d’agir directement sur la connexion bridée, on peut, à tout le moins, tenter de mettre en place des solutions externes.

Changer de type de connexion

Que l’on soit internaute fixe ou mobile, modifier son type de connexion peut influencer la qualité des transferts de données. Sur un PC connecté au réseau wifi, il est évident que l’on gagnera en rapidité en basculant sur une connexion filaire.

Les appareils mobiles, plus souvent sujets au bridage sur les réseaux 4G/5G pour cause de congestion, peuvent se rabattre, dans la mesure du possible, sur une connexion wifi sécurisée. Dans ce cas, il est impératif de privilégier les réseaux domestiques. Sur les hotspots publics et/ou très fréquentés (entreprises, hôtels, universités, etc.), utiliser un VPN pour protéger ses données sensibles est plus que vivement conseillé.

Enfin, si les ralentissements interviennent sur le réseau wifi, passer sur un réseau 4G/5G peut améliorer les conditions de navigation.

Souscrire un forfait Internet illimité

Dans le cas où les limites de transferts de données proviennent d’un dépassement de forfait mobile, les seules alternatives consistent à se rabattre sur un réseau wifi domestique (ou, à défaut, public sécurisé par un VPN), ou à souscrire un forfait Internet illimité auprès de son opérateur ou d’un concurrent.

Utiliser un VPN

Si l’on soupçonne son FAI de brider la connexion Internet en fonction des contenus web consultés, masquer ses activités en ligne demeure l’unique solution pour leurrer son opérateur et lever les restrictions de bande passante.

Pour rappel, un VPN, ou réseau privé virtuel, établit une connexion chiffrée, isolée du reste du trafic Internet public grâce à un tunnel sécurisé, entre l’appareil de l’internaute et un serveur administré par le fournisseur VPN. Lorsque le trafic est réceptionné par cet équipement intermédiaire, il est déchiffré et renvoyé vers le site web cible en même temps que les requêtes HTTP/HTTPS standard.

De deux choses l’une : grâce au chiffrement et au tunnel VPN, le FAI n’est plus en mesure de connaître les données de la requête, ni de prendre connaissance des URL consultées. La seule information dont l’opérateur dispose concerne l’adresse IP du serveur VPN auquel s’est connecté l’internaute. Tout ce qui se passe derrière ce serveur lui est désormais impossible d’accès.

Seconde conséquence : en rebondissant sur un équipement VPN, la connexion de l’utilisateur ou de l’utilisatrice emprunte l’adresse IP du serveur intermédiaire. De cette manière, sites et plateformes web ne peuvent plus identifier l’internaute en tant que source du trafic.

Enfin, plusieurs options et services de sécurité complémentaires, comme le kill switch, les serveurs obfusqués, double VPN et Onion over VPN, ou encore la connexion automatique au VPN sur les réseaux inconnus, garantissent un très haut niveau de confidentialité des données de trafic auquel le FAI n’est plus jamais en mesure d’accéder.

Pour en savoir plus sur les réseaux privés virtuels capables de contourner les limites de bande passante imposées par les FAI, n'hésitez pas à consulter notre comparatif des meilleurs VPN, ainsi que nos avis sur CyberGhost, NordVPN, Proton VPN et Surfshark VPN.