C'est le pari que tente Kingston avec un nouveau produit de sa gamme V-Series. Pour rappel, cette gamme comportait jusqu'à présent deux modèles, l'un de 64 Go, l'autre de 128 Go, vendus seuls dans leur boîte ou au sein d'un kit dont nous allons vous parler plus avant. Démocratiser une technologie relativement récente et jusqu'à présent assez onéreuse tient souvent du numéro d'équilibriste : il convient d'informer le plus pédagogiquement possible afin de contourner les inévitables contraintes techniques sans effrayer les non-initiés. Et ils sont plutôt nombreux en matière de SSD. Les arguments en sa faveur sont toutefois particulièrement convaincants et parlent à tout le monde : on évoque un démarrage plus rapide, des applications qui s'ouvrent quasiment instantanément, plus de bruit ni de chauffe et une consommation électrique très faible. Alors, pari réussi pour Kingston ?
Sommaire :
Le produit : Kingston SSDNow V-Series 40 Go
Comme nous le disions en introduction, les disques de la séries V (pour Value) sont vendus seuls ou proposés dans un kit qui comprend les éléments suivants :- Le disque SSD ;
- Un câble de connexion S-ATA ;
- Un connecteur d'alimentation au cas où votre alimentation serait dépourvue de câble pour disque S-ATA ;
- Un support pour installer votre disque dans un emplacement 3"1/2 ;
- Un CD-ROM contenant un logiciel permettant la migration de votre système de votre disque dur vers le SSD ainsi qu'un manuel d'installation détaillé et en français.
Le premier reproche que l'on peut d'ores et déjà adresser à Kingston réside dans l'absence d'un guide de mise en route rapide expliquant en quelques étapes le montage et l'installation du SSD. Après tout, si ce produit est grand public, cela aurait dû être possible. Première incohérence ou simple économie de papier ? Nous répondrons que la procédure détaillée présente dans le CD-ROM contient bien plus de détails que n'en proposerait un dépliant et convient à la fois aux initiés qui liront ces instructions en diagonale comme aux novices, qui trouveront là un guide qui les prend véritablement par la main.
À propos du SSD, sachez qu'il n'a pas évolué par rapport aux modèles existants déjà dans le commerce. Basés sur des modèles Intel comme le sont tous les modèles Kingston et en l'occurrence ici le X25-X, ils sont composés de 5 puces de type MLC gravées en 34 nm (d'où la différence de débit en écriture, 40 Mo/s contre 80 Mo/s pour les modèles comprenant 10 puces). Ils gèrent l'interface Serial-ATA 3.0 Gb/s et le NCQ, alors que le firmware actuel ne permet pas encore d'assumer la fonction TRIM (pour rappel, cette fonction est censée maintenir à tout le moins constantes les performances en écriture des SSD qui ont tendance à s'user pour peu que le système d'exploitation soit compatible). Alors que le très attendu contrôleur JMicron 612 commence à pointer le bout de son nez dans certains SSD, Kingston reste fidèle à Intel et ses contrôleurs. Ce dernier travaille donc sur 5 canaux et doit en principe proposer de bonnes performances en écriture de petits fichiers, point faible d'autres contrôleurs. Les débits annoncés sont de 170 Mo/s en lecture et 40 Mo/s en écriture. Terminons en précisant que ces disques, au format 2"1/2, sont prévus pour un MTBF (Mean Time Before Failure, durée de vie moyenne) d'un million d'heures et seront garantis 3 ans. Disponibles le 9 novembre prochain en version seule ou en kit. Notez que pour l'instant, seule la version pour ordinateur de bureau sera proposée, alors que les modèles 64 et 128 Go existent pour ordinateur portable. La raison en est simple : ce SSD a pour vocation à remplacer votre disque dur, reléguant ce dernier en disque de stockage. Cette possibilité n'existe pas dans la majorité des portables qui ne possèdent qu'un seul emplacement pour disque dur.
La procédure de mise à jour
Dans les spécifications de son SSD, Kingston indique qu'il est préférable d'activer le support AHCI dans le BIOS afin de tirer le meilleur de son produit. AHCI et BIOS ne sont pas vraiment des acronymes connus du très grand public, cible pourtant privilégiée par ce kit. Comme nous l'évoquions en introduction à propos de la capacité réduite de ce SSD, les contraintes techniques s'opposent une nouvelle fois à la volonté de simplicité de Kingston.Le problème de l'AHCI
L'AHCI (Advanced Host Controller Interface ) consiste en une couche matérielle qui permet au contrôleur de communiquer de manière plus évoluée avec des disques connectés en S-ATA. Elle permet parfois d'améliorer les taux de transferts, mais autorise surtout le branchement à chaud et son activation est nécessaire pour voir fonctionner le NCQ (Native Command Queuing) sur les plates-formes Intel. Vous pourrez trouver ce réglage dans la partie de configuration du stockage (Storage Configuration) de votre BIOS, ou encore dans la partie concernant les périphériques embarqués.Le support de l'AHCI est natif sous Windows Vista et 7 (du moins sur les plates-formes Intel), mais ne l'est pas sous Windows XP. Il faut dans ce cas installer un pilote tiers au démarrage. Associé aux réglages du BIOS, cette manipulation requiert certaines connaissances et s'adresse, d'après nous, à l'utilisateur averti. Qui n'est pourtant pas la cible de choix de Kingston avec ce kit.
En dehors de ces difficultés déjà quasi insurmontables pour la plupart des utilisateurs novices, il existe un autre problème de taille : activer l'AHCI dans le BIOS sur un système où Windows est déjà installé induit inexorablement un écran bleu de la mort si le disque dur SATA a été utilisé en mode IDE pendant l'installation de Vista, ce qui est probablement le cas de la très grande majorité des gens. Il existe alors une solution qui consiste à activer, dans Vista, les pilotes AHCI. Par défaut, ces derniers sont désactivés. Cette manipulation oblige à mettre les mains dans la base de registre ce qui, une fois de plus, n'est absolument pas envisageable pour Monsieur Tout-le-monde. Pour plus d'informations sur la procédure à suivre, reporter à cette page de la base de connaissance de Microsoft.
Les plus chanceux seront finalement ceux dont l'AHCI aura été activé par défaut. Pour les autres, le plus simple reste finalement de ne pas l'activer...
Le logiciel de migration, Acronis True Image HD
L'un des principaux intérêts du produit de Kingston réside dans son logiciel de migration. Ce dernier est censé vous permettre de cloner votre système de votre ancien disque vers le SSD de Kingston. Pour effectuer cette tâche, Kingston n'a pas développé de solution en interne, mais a fait appel à Acronis et son célèbre True Image, présenté ici dans une version légèrement modifiée (d'où le HD). Le logiciel est présent sur un CD fourni dans le kit et se lance au démarrage de votre ordinateur. Sur l'écran qui apparait, vous pouvez choisir de continuer à lancer Windows ou d'utiliser Acronis True Image.Premier regret : le logiciel est en anglais, ce qui ne facilitera pas la vie des non-anglophones. Choisissez la tâche de clonage (« Clone Disk »), puis le mode automatique. Le mode manuel n'offre que des fonctions assez peu intéressantes pour la plupart des gens.
Apparaissent alors vos disques, durs et SSD. Dans notre cas, deux unités interviennent, l'une étant le disque dur contenant notre système, l'autre étant le SSD de Kingston. Vous noterez que notre disque dur possède une capacité de 1 To, alors que le SSD de Kingston ne dispose que de 40 Go. Cette différence n'est pas gênante tant que votre partition système de dépasse pas les fameux 40 Go. Choisissez donc dans un premier temps votre ancien disque dur comme unité source, puis le SSD de Kingston comme unité de destination.
Si le terme « Delete Partition » peut faire peur au premier abord, vous ne risquez absolument rien si vous avez correctement respecté nos indications à l'étape précédente, car le disque SSD ne contient pour l'instant aucune information à effacer ! Méfiance toutefois, car en cas d'erreur lors du choix du disque de destination, vous risquez de supprimer la partition de votre ancien disque, rendant la procédure impossible et vos données difficilement accessibles.
L'écran suivant résume la manipulation que vous venez de programmer. On distingue clairement sur cet écran la réduction d'espace dédié au système (de 931,5 Go à 37,25 Go). Il reste à lancer la procédure qui, sur notre machine de test, n'a pas excédé les 5 minutes, sachant que notre installation de Windows 7 était toute récente et exempt de tout programme superflu.
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Une migration pour quel gain ?
Les arguments marketing employés par Kingston et l'ensemble des constructeurs de SSD sont bien rodés : un démarrage et une extinction de Windows plus rapide, des applications qui se lancent plus rapidement, des performances en lecture supérieures... Le disque dur passe pour un véritable ancêtre ! Nous avons donc mené une petite série de tests afin de vérifier, dans la pratique, quels étaient les gains apportés par le remplacement du disque dur par le SSD de Kingston. Nous avons eu recours à la machine de test suivante :- Alimentation Corsair TX850W,
- Carte-mère Asus Rampage II Extreme (BIOS 1406),
- Processeur Intel Core i7 920 2,8 GHz,
- Mémoire vive 6 Go A-Data DDR3-1600X,
- Carte graphique NVIDIA GeForce 8500GT
Crystal Diskmark 2.2.0
Ce logiciel permet de réaliser des tests de lecture et d'écriture séquentielles et aléatoires sur notre SSD de test. La lecture et l'écriture séquentielles sont réalisées à partir d'un fichier de 100 Mo, tandis que les tests aléatoires ont lieu avec des fichiers de 512 Ko et 4 Ko. Voici les résultats de ces tests :Test de lecture et d'écriture séquentielle avec un fichier de 100 Mo. Le plus grand est le meilleur.
En lecture séquentielle d'un fichier de 100 Mo, le SSD de Kingston est bien plus rapide que notre disque dur Seagate, pourtant pas l'un des plus mauvais. Le SSD Intel est lui complètement hors concours, avec un débit incroyable de plus de 260 Mo/s ! Cette valeur de 180 Mo/s obtenue pour le disque Kingston semble relativement élevée au regard de celle annoncée par le constructeur, à savoir 170 Mo/s. Contacté par nos soins, Kingston nous a répondu que la jeunesse du produit était probablement responsable de ces performances supérieures à celles attendues. En écriture en revanche, le disque dur a encore largement le dessus et propose des performances plus de deux fois meilleures que celles du SSD de Kingston, le disque Intel se plaçant entre les deux. Notez toutefois que les 40 Mo/s annoncés sont bien dépassés.
Test de lecture et d'écriture aléatoire avec un fichier de 512 Ko. Le plus grand est le meilleur.
En lecture aléatoire de fichiers de 512 Ko, les performances du disque dur Seagate chutent de plus de 50%. Celles du SSD Kingston diminuent également, mais de manière moins prononcée, alors que celles de l'Intel Postville restent exceptionnelles. Résultat, un écart qui varie du simple au triple, et même plus ! En écriture, l'écart diminue à puisque les performances du SSD restent inchangée par rapport à l'écriture séquentielle. Le disque Seagate reste toutefois plus de 30% plus rapide que le SSD de Kingston, tout comme le SSD d'Intel, quasiment à égalité avec le disque dur sur ce test.
Test de lecture et d'écriture aléatoire avec un fichier de 4 Ko. Le plus grand est le meilleur.
Le travail sur les petits fichiers est souvent le plus intéressant : c'est en effet le point faible de nombre de SSD. Ici, les résultats sont plus que satisfaisants, puisque le modèle Kingston maintient un débit en lecture supérieur à 26 Mo/s quand le disque Seagate voit ses performances dégringoler à moins de 1 Mo/s. Même le SSD Intel, pourtant plus haut de gamme, ne parvient pas à suivre la cadence du modèle Kingston. En écriture le constat est le même : alors que les performances du SSD restent inchangées, celles du disque dur chutent dramatiquement à 1,2 Mo/s, soit une différence très importante. Encore une fois, le disque Kingston se permet de battre le modèle Intel de quelques Mo/s.
HDTach 3.04
Débits moyens en lecture et temps d'accès relevés pour les deux disques. Le plus grand est le meilleur pour la lecture, le plus petit est le meilleur pour le temps d'accès
Suite des tests synthétiques avec HDTach, qui teste ici à la fois la vitesse moyenne en lecture et le temps d'accès au disque, élément important pour les performances globales et la réactivité de la machine. Dans les deux cas, le SSD est clairement supérieur au disque dur Seagate. Deux fois meilleur (voire un peu plus pour le SSD Intel) tout d'abord en ce qui concerne le débit en lecture (encore une fois, cette valeur de 200 Mo/s pourrait être amenée à chuter un peu avec l'utilisation du SSD, d'après Kingston). Concernant le temps d'accès, la différence est encore bien plus criante : là où il faut près de 14 ms au disque dur pour aller chercher une information, il ne faut que 0,1 ms aux disques SSD, grâce à leur mémoire de type Flash.
Tests applicatifs : Mediacoder et Winrar
Temps de l'opération d'encodage et de compression pour Mediacoder et Winrar. Le plus petit est le meilleur.
Si ces tests synthétiques sont plus que flatteurs pour le disque SSD de Kingston, qu'en est-il lorsqu'il s'agit de test plus proche de l'utilisation de tous les jours ? Nous avons effectué une conversion d'un fichier de 700 Mo en H.264 avec un bitrate de 800 Kbps grâce au logiciel Mediacoder, ainsi qu'une compression d'un dossier de 972 Mo contenant tout type de fichiers avec le très connu Winrar. Les résultats sont sans appel : aucune différence entre les trois disques ! L'unité de stockage, quelle qu'elle soit, n'est donc pas le facteur limitant dans ces opérations et le passage du disque dur au SSD n'apporte ici aucun gain.
Lancement et extinction de Windows
Temps de mise en route et d'extinction de Windows 7. Le plus petit est le meilleur.
Si la conversion et la compression ne semblent pas mettre en valeur le SSD, le temps de mise en route et d'extinction de Windows montre quant à lui le gain apporté par le SSD dans le domaine. La différence est notamment particulièrement importante pour l'extinction, qui prend quasiment deux fois moins de temps avec le SSD. Pour rappel, c'est Windows 7 qui a été utilisé pour ce test.
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