Ça y est, les vannes sont ouvertes. Après Sonoma, voici donc Sequoia. En juin dernier, Apple introduisait les nouveautés de son nouvel OS pour Mac. Et après quelques versions bêtas estivales, le voici donc disponible au téléchargement. Mais autant l'annoncer tout de suite, chez nous, cette nouvelle mouture tombe un peu à plat.
Dans l'arène de l'intelligence artificielle, Google, Meta, Anthropic et OpenAI s'affrontent à coups d'innovations florissantes. Microsoft a sur tirer son épingle du jeu en pariant sur ChatGPT pour ses PC Copilot+. Mais chez Apple, rien. Pas un mot. Pour les actionnaires - et les adeptes de la marque - ce mutisme avait atteint ses limites dans un monde technologique en pleine mutation depuis deux ans. Alors, en présentant macOS Sequoia aux développeurs, l'entreprise californienne a rompu le silence et présenté ses travaux pour son Apple Intelligence.
Coup du sort ? L'affaire du DMA lui met des bâtons dans les roues. Alors que l'Union européenne force l'entreprise à ouvrir son écosystème si bien contrôlé, et plus précisément iOS, Apple ne voit pas cela d'un très bon œil.
macOS Sequoia, des fonctionnalités à la traîne en Europe
La firme de Cupertino a donc pris le parti de bloquer son IA au sein de l'Union européenne en affirmant que cette ouverture pourrait compromettre la confidentialité des données de ses utilisateurs. Soupçon d'aigreur ou réelles inquiétudes ? Quoi qu'il en soit, début août, le PDG d'Apple Tim Cook annonçait être en discussion avec les autorités européennes pour mesurer les exigences réglementaires. D'ailleurs, un scénario similaire est en cours en Chine.
À cela s'ajoute les travers d'un nouveau terrain de jeu pour Apple. De fait, les prémices de son IA sont, pour l'heure, en majorité réservées aux États-Unis.
L'IA d'Apple étant au cœur de plusieurs innovations annoncées pour macOS, il n'y a donc rien de révolutionnaire cette année pour nous – du moins pour l'instant. Allez, faisons quand même le tour des nouveautés.
La gestion des fenêtres
Souvenez-vous, il y a quinze ans : Microsoft annonçait Windows 7. On y trouvait Aero Snap, permettant d'ancrer les fenêtres du bureau à l'écran ; une fonctionnalité alors déjà bien populaire chez les adeptes de Linux avec Compiz. Et voilà maintenant qu'Apple s'empare de cette idée.
Pour un bureau sur-mesure et un agencement personnalisé de ses applications ouvertes, bien évidemment, on n'a pas attendu le réveil d'Apple. Plusieurs utilitaires existent depuis belle lurette sur macOS. Parmi elles, on compte Rectangle, Magnet, et l'indispensable BetterTouchTool. Vous pourrez vous passer des deux premières, désormais sherlockées par la firme de Cupertino.
En survolant le bouton vert en haut à gauche d'une fenêtre, vous aurez le choix de la déplacer vers la moitié haute, basse, gauche ou droite de l'écran. D'autres options permettront d'ajuster les autres fenêtres ouvertes en fonction de la position de celle au premier plan.
Bien évidemment, devoir survoler une petite icône pour ajuster ses fenêtres est loin, très loin d'être la solution la plus rapide. C'est la raison pour laquelle ce genre de dispositif s'accompagne le plus souvent de raccourcis clavier. Et dans le cas de macOS, ces derniers sont assez semblables à ce que l'on retrouve au sein des applications dédiées :
- Fn + Control + flèche du haut = pour un ajustement vers la moitié haute de l'écran.
- Fn + Control + flèche du bas = pour un ajustement vers la moitié basse de l'écran.
- Fn + Control + flèche de gauche = pour un ajustement vers la moitié gauche de l'écran.
- Fn + Control + flèche de droite = pour un ajustement vers la moitié droite de l'écran
Attention, ces raccourcis ne fonctionnent pas encore parfaitement. Les applications natives d'Apple ne posent aucun souci. En revanche, dans les navigateurs Chrome ou Brave affichant de longues pages, les raccourcis de positionnement vers la gauche ou la droite activent d'abord le défilement de la page vers le haut ou le bas avant de déplacer la fenêtre. On imagine donc que certaines apps peuvent nécessiter l'intégration d'un élément du SDK pour tirer pleinement parti de cette fonctionnalité.
La navigateur Safari
On l'a récemment passé en revue, le navigateur Safari est, selon nous, un peu sous-côté face à la pléthore des concurrents basés sur Chromium. Certes, les extensions ne fleurissent pas au sein du Mac App Store, mais Safari intègre plusieurs fonctionnalités bienvenues comme un lecteur, un traducteur, la création de groupes d'onglets, la gestion de profils et, bien sûr, le mode compact.
Si l'année dernière, le navigateur d'Apple a fait le plein de nouveautés, cette fois, les choses sont plutôt différentes. Du moins pour nous, résidents de l'Union européenne. Dans cette nouvelle mouture, la vraie fonctionnalité dont nous disposons s'appelle Masquer les éléments gênants. Il s'agit d'un mécanisme passant en revue le code de la page web en cours de lecture et scannant les différents éléments HTML composant cette-dernière. Il suffit alors de sélectionner une section de la page au curseur pour la masquer instantanément. En d'autres termes, l'outil agit un peu à la manière du sélecteur d'Adblock Plus.
Lorsqu'on utilise cet outil pour la première fois, Apple explique ne pas être en mesure de bloquer les contenus dynamiques se rafraichissant automatiquement. Concrètement, la société sous-entend qu'un encart publicitaire affichant des bannières en rotation pourra difficilement être bloqué de manière permanente (si l'identifiant ou la classe rattachés à cet élément sont dynamiquement mis à jour eux-aussi). Il n'empêche que ce bloqueur intégré, accessible depuis le menu de la barre d'adresse, peut s'avérer bien pratique au quotidien. En cas de besoin, un clic suffit pour faire réapparaître les éléments masqués.
Notons tout de même que la sélection n'est pas aussi fine qu'une extension dédiée, voire plutôt grossière. Pour masquer finement les éléments d'une page, on choisira plutôt Stylebot sur Chrome et Firefox.
Le navigateur d'Apple se dote par ailleurs d'un visualiseur de vidéos. La fonctionnalité est également accessible depuis le menu de la barre d'adresse lorsqu'une vidéo est détectée sur la page. Elle active un mode PiP en positionnant une petite fenêtre en avant-plan pouvant être ancrée aux quatre coins de l'écran.
Il est intéressant de noter que ces fonctionnalités n'ont pas été implémentées au sein de la version Technical Preview de Safari pourtant censée offrir les nouveautés en avant-première.
Mots de Passe
Avec macOS Sequoia et iOS 18, Apple s'invite sur le secteur des gestionnaires de mots de passe. Certes, le trousseau d'accès historique remplissait cette fonctionnalité, mais Apple a pris le parti de le mettre au-devant de la scène et de l'enrichir. Il faut dire que la société se positionne en fervent défenseur de la vie privée parmi les autres GAFAM, elle n'avait donc pas trop le choix. Et puis, de 1Password à NordPass en passant par Bitwarden, Dashlane ou encore Keepass, les gestionnaires de mots de passe commencent à se faire connaître.
Alors pour faciliter la tâche aux utilisateurs – et bien entendu couper court aux autres éditeurs – la société californienne présente l'application Mots de passe. Cette dernière reprend les informations d'identification stockées sur le trousseau au sein d'une interface qui n'est pas sans rappeler celle du gestionnaire de tâches Rappels.
Les informations sont divisées en plusieurs catégories : Mots de passe classiques, clés d'accès (passkeys), codes et clés Wi-Fi. On y retrouve également une section listant les identifiants et mots de passe compromis via diverses fuites de données qu'il est nécessaire de modifier si ces derniers ont une importance à vos yeux.
Un peu plus qu'une simple enveloppe cosmétique, l'application Mots de passe permet de créer et de gérer des groupes de partage, et de glisser au sein de ceux-ci les informations que l'on souhaite mettre en commun avec ses proches ou les membres de sa famille. Entre amis, on pense évidemment aux services de streaming, en couple ou en famille, il sera plus simple de partager des identifiants bancaires ou de services administratifs. Toutes ces informations sont synchronisées avec un chiffrement de bout en bout.
Rappelons que la génération de mots de passe complexes stockés dans cette application est disponible via le navigateur Safari. Si vous utilisez un autre navigateur, vous pouvez synchroniser vos mots de passe via l'application baptisée Mots de passe iCloud, disponible au sein du Chrome web Store.
Cette nouvelle application native est quand même très pratique. Pour bien se positionner face à la concurrence, il manque encore à l'appel un gestionnaire de double authentification pour générer des codes d'accès et paramétrer le mode 2FA en scannant des codes QR.
Apple Notes
L'outil Notes proposé par Apple n'a finalement pas beaucoup d'équivalents. Oui, nous trouvons plusieurs applications de prise de notes, mais rares sont celles qui combinent les fonctionnalités proposées ici, qu'il s'agisse de la prise en charge des médias, la lecture des PDF, la reconnaissance d'écriture, la synchronisation, la gestion par tags ou encore le verrouillage des contenus sensibles, le tout gratuitement et dans une interface claire.
La grande nouveauté de cette nouvelle version, c'est l'intégration des mémos vocaux.
Avec macOS Sequoia, Apple introduit la prise en charge des formules mathématiques. L'entreprise explique qu'un problème est résolu dès l'apparition du signe "=". Bon, il faut toutefois savoir bien formuler le problème en premier lieu. Dans notre exemple élémentaire, la référence de la valeur ne doit être composée que d'un seul mot.
Le logiciel optimise par ailleurs la mise en page avec la possibilité de plier/déplier les sous-titres et les titres secondaires pour une meilleure lecture des longues notes. Mentionnons également une fonctionnalité de surlignage avec cinq couleurs au choix.
Apple Calendrier et Rappels
Avec macOS Sequoia et iOS 18, Apple a jugé bon d'intégrer directement les rappels dans le calendrier, ce qui en soi est une bonne idée. L'exécution, en revanche, est un peu bancale.
Dans l'application Calendrier, les tâches de Rappels trouvent bien leur place aux côtés des événements. D'ailleurs, toujours depuis Calendrier, l'utilisateur est en mesure de créer soit un nouvel événement, soit une nouvelle tâche. Nous retrouvons la même fonctionnalité sur iOS. Mais alors, pourquoi conserver l'application Rappels ? Apple a sans doute jugé qu'il serait plus simple, plus clair et plus direct d'utiliser une application de tâches dédiée, notamment sur iPhone. Mais alors pourquoi amorcer une fusion ? Par ailleurs, la synchronisation ne semble pas activée sur iCloud.com : les rappels ne sont pas affichés sur iCloud Calendar.
Sur macOS, il serait finalement plus logique d'intégrer ces listes de tâches dans un volet latéral à droite du calendrier. On imagine qu'Apple s'attèlera à peaufiner cette intégration par la suite.
En vrac, les autres nouveautés de macOS Sequoia
Apple centralise les options de visio-conférence en haut à droite de la barre de menu. Il y a deux ans, on y découvrait la possibilité d'utiliser l'appareil-photo arrière de son iPhone comme Webcam. Cette année, il est possible de choisir des fonds d'écran.
Apple Plans permet désormais de préparer ses propres itinéraires pédestres, par exemple, pour planifier une randonnée ou se rendre à un lieu en faisant un détour. L'utilisateur peut choisir un chemin aller-simple ou aller-retour et l'enregistrer pour le retrouver par la suite.
L'application Photos reçoit une belle mise à jour sur iOS 18 avec plusieurs options de personnalisation. Sur macOS Sequoia, on retrouve une nouvelle section baptisée Collections. Cette dernière permet d'obtenir de nouveaux filtres de tri.
Outre quelques nouvelles options d'interaction au sein d'une discussion, l'application Messages permet surtout de programmer l'envoi d'un message. À l'instar d'un email différé, il suffit de définir une date et une heure.
Ces fonctionnalités qui ne sont pas disponibles chez nous (pour le moment ?)
L'Apple Intelligence, l'IA maison, est donc la grande absente de cette nouvelle version de macOS déployé chez nous. Cette dernière ajoute des outils d'aide à la rédaction et de synthèse dans Mail et Notes. L'assistant Siri se refait une beauté avant d'être prochainement enrichi par ChatGPT. Il est possible d'activer l'Apple Intelligence au sein des versions developer de macOS Sequoia (et donc non stables). Retrouvez de plus amples informations ici.
La mise en miroir de l'iPhone était particulièrement attendue et pourtant, cette nouveauté est aussi indisponible sur le Vieux Continent. De la réception des notifications à la gestion de fichiers par glisser-déposer sur un iPhone virtuel affiché sur le Mac, l'utilisateur est en mesure de prendre pleinement le contrôle de son smartphone même verrouillé dans sa veste.
Outre-Atlantique, Safari tire parti de l'IA avec une analyse de la page en cours de lecture. Le navigateur devient capable de détecter les informations pertinentes puis de les extraire pour les présenter de manière concise à l'utilisateur en survolant le titre de l'onglet. Un numéro de téléphone, une chanson, une carte Apple Plans générée à partir d'une adresse... le dispositif parait complet et vraiment intéressant ; il rappelle un peu ce que fait le navigateur Arc Max.
L'IA d'Apple sur Safari se couple par ailleurs avec un nouveau lecteur capable de rédiger un résumé de la page et de dresser un plan clair de cette dernière.
Aux États-Unis, les utilisateurs d'Apple Plans peuvent retrouver des itinéraires de randonnées au sein des grands parcs nationaux et les télécharger pour un accès en mode déconnecté. Le dispositif rappelle donc celui des applications dédiées comme Visorando ou Decathlon Outdoor.
Les Mac compatibles avec macOS Sequoia
Dans la gamme des ordinateurs Apple, le Mac le plus vendu reste le MacBook Air. Il est fin, léger et suffisamment puissant pour répondre à beaucoup d'usages. Malheureusement, c'est également lui qui paie le prix fort de cette mise à jour.
Parmi les modèles de Mac compatibles avec macOS Sequoia, nous retrouvons :
- L'iMac de 2019 et modèles plus récents.
- L'iMac Pro de 2017 et modèles plus récents.
- Le Mac Studio de 2022 et modèles plus récents.
- Le MacBook Air de 2020 et modèles plus récents.
- Le Mac mini de 2018 et modèles plus récents.
- Le MacBook Pro de 2018 et modèles plus récents.
- Le Mac Pro de 2019 et modèles plus récents.
Presque l'intégralité des machines éligibles à macOS Sonoma (avec une puce ARM ou Intel) se retrouvent sur cette liste... à l'exception des MacBook Air de 2018 et 2019. Il semblerait qu'Apple nous envoie un message clair : si votre MacBook Air a plus de 4 ans, il est temps de le changer pour profiter de macOS Sequoia.
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