Crossover

CrossOver n'est pas un émulateur, mais qu'est-ce alors ? Le logiciel de CodeWeavers jouit d'une popularité certes moindre que ses lointains cousins Parallels Desktop et VMWare Fusion mais n'en est pas moins capable pour autant.

Les plus
  • Large catalogue d'applications...
  • Ne nécessite pas d'ISO Windows
  • Performances supérieures à la virtualisation, surtout sur les jeux
  • Communauté active
Les moins
  • ... mais avec une compatibilité variable
  • Demande parfois de s'improviser testeur

CrossOver fait figure d'exception dans le petit monde de la virtualisation. Actuellement dans sa version 21, il permet de lancer des applications Windows sans quitter macOS. Au coeur de cette petite prouesse se trouve Wine, un projet open-source largement soutenu par CodeWeavers qui aide au développement de ce qui fait la base de sa solution.

Compatibilité et performances

Des milliers d'applications compatibles

Si CrossOver n'est pas un émulateur, il en partage la finalité : donner la possibilité de lancer des applications Windows depuis un Mac. Pour y arriver, la solution se base en grande partie sur Wine. Ce projet open-source en développement depuis 1995 permet la création d'environnements Windows clos au sein de macOS pour y installer des exécutables. Pour faire tourner les logiciels à la sauce Microsoft, Wine crée une couche de compatibilité entre les appels système Windows et Mac. En résultent de biens meilleures performances mais également une compatibilité accrue avec bon nombre de programmes « anciens » comme Internet Explorer ou des petits utilitaires datant de l'ère Windows XP… Le tout sans jongler entre les différents systèmes d'exploitation de Microsoft.

iTunes de retour sur Mac grâce à CrossOver

D'après CrossOver, plus 17 000 logiciels sont enregistrés dans leur base de données. En revanche, tous ne sont pas entièrement compatibles. CodeWeavers s'appuie sur sa communauté pour tester et noter la compatibilité de la masse de logiciels disponibles. À l'heure actuelle près de 3000 logiciels jouissent d'une excellente compatibilité avec CrossOver dont des grands noms comme Steam ou World of Warcraft.

Le gaming sur Mac enfin viable ?

L’entreprise met ce savoir-faire à l’oeuvre puisqu’elle propose ses services de portage à côté du développement de CrossOver pour arrondir les fins de mois. Pour la petite anecdote, c'est à CodeWeavers que nous devons le portage de Final Fantasy XIV sur Mac. Cette mouture n’est en effet qu’une version Windows modifiée qui tourne grâce à Wine et quelques optimisations apportées par les développeurs de CrossOver. C’est également leurs petites mains expertes qui sont derrière Proton, la couche de compatibilité qui permet à SteamOS et plus largement Linux de faire tourner des jeux Windows.

CrossOver fera les beaux jours de beaucoup de joueurs Mac qui répugnent les solutions de virtualisation comme Parallels Desktop. Il faut dire que la virtualisation est rarement la méthode la plus économe en performances, un critère important quand il s'agit de faire tourner des jeux toujours plus gourmands. CrossOver en revanche produit d'excellents résultats sur la foulée de jeux compatibles comme Dark Souls Remastered ci-dessous.

Avec un Macbook Air à la configuration de base (M1, 8GB de RAM et 8 coeurs graphiques), le jeu tourne en 1080p à 60 images par seconde sans accroc. D'autant que CrossOver prend en charge les manettes de jeu officiellement compatibles avec macOS dont la toute récente DualSense ainsi que la manette des Xbox Series S et X.

Tout n'est pourtant pas rose. La compatibilité et les performances peuvent grandement varier d'un jeu à l'autre. La raison ? CrossOver doit jongler avec les différentes API graphiques disponibles sur Mac pour accomplir sa besogne, et ça ne fonctionne pas toujours bien. Beaucoup de jeux sortis après 2019 ne sont pas fonctionnels en raison d'absence de compatibilité avec DirectX 12 sur Mac. CodeWeavers remédie partiellement à ça avec l'ajout d'une couche intermédiaire entre la populaire API open-source Vulkan et l'API Metal, propriétaire à Apple. Chaque version voit le catalogue de jeux pris en charge s'étoffer, mais un Macbook M1 de base ne fera pas de miracles sur tous les jeux. Le Mac n'a jamais été la plateforme des joueurs et CrossOver ne changera pas la donne.

Interface et fonctionnalités

Il faut savoir que Wine ne possède pas d'interface graphique et demande de jouer de la ligne de commande pour installer ses logiciels. C'est l'une des manières dont CrossOver dépasse le projet open-source dont il s'inspire mais il y en a bien d'autres. Le processus d'installation est grandement simplifié. On sélectionne son logiciel parmi les milliers fournis par CrossOver ou on utilise son propre exécutable. Ensuite il suffit de choisir la version de Windows que Wine doit reproduire et de laisser faire le processus. Les logiciels sont contenus dans des wrappers appelés « bouteilles », une référence (peu) subtile à Wine. Ces bouteilles englobent chacune un véritable sous-système Windows dans macOS. Ainsi, nul besoin de recréer des bouteilles pour chaque logiciel. C'est assez pratique et même indispensable lorsqu'un programme doit communiquer avec d'autres pour fonctionner.

Crossover

L'interface est assez simple mais a le mérite d'être francisée et de disposer d'un mode sombre. Avec peu de sous-menus, il est difficile de s'y perdre mais on regrette que les développeurs ne soient pas aller plus loin dans les options de tri et de recherche du catalogue de logiciels, notamment en fonction des notes de compatibilité ou des versions Windows compatibles.

Le menu principal permet de gérer ses bouteilles et les programmes qui y sont installés. Un invité de commande est également disponible et permet d'initier des tâches Shell. Il sera possible de logger ces commandes dans un fichier journal, pratique pour débugger.

Support client et tarifs

CrossOver se veut moins cher que sa compétition indirecte avec un prix de 59€ pour sa licence d’un an. Cette licence octroie un support par téléphone limité et une réduction lors du renouvellement annuel. Une autre option à 475€ offre une licence à vie avec un support par téléphone et mail illimité. Malheureusement, aucun remboursement n'est accepté, mais il reste la version d'essai de 14 jours pour se faire une idée définitive avant de dépenser.

Conclusion

Même si CrossOver peut être déconcertant pour les habitués de la virtualisation classique, il mérite le coup d'oeil. Même s'il en décuple les possibilités et en facilite l'usage, le soft de Codeweavers reste limité par Wine. C'est-à-dire qu'il produira des miracles sur les programmes et jeux compatibles mais que l'inverse est tout aussi probable sur d'autres. Il faudra donc être prudent et bien vérifier que ses logiciels soient compatibles avant de sauter le pas. Pour ce qui est des logiciels les moins populaires, pas sûr que ce soit au goût de chacun de jouer au testeur, surtout après le passage en caisse. Heureusement, une bonne partie des programmes utiles et connus sont totalement ou partiellement compatibles.

Conclusion
Note générale
8.3 / 10

CrossOver est le pendant payant du projet Wine. Le prix se justifie de part la facilité d'utilisation et le nombre de logiciels compatibles. Ici, pas besoin d'utiliser Bootcamp ou de virtualiser Windows. Tout se fait dans macOS et c'est pour ça que nous le recommandons aux allergiques de Windows qui doivent tout de même utiliser certaines applications uniquement compatibles avec le système d'exploitation de Microsoft.

Les plus
  • Large catalogue d'applications...
  • Ne nécessite pas d'ISO Windows
  • Performances supérieures à la virtualisation, surtout sur les jeux
  • Communauté active
Les moins
  • ... mais avec une compatibilité variable
  • Demande parfois de s'improviser testeur