Pascal Gauthier faisait partie des principaux « keynote speakers » qui se sont succédés au cours de la deuxième édition du salon Surfin' Bitcoin. Ce serial entrepreneur est aujourd’hui à la tête de Ledger, leader du marché des portefeuilles numériques pour cryptoactifs.
Dès 2014, Pascal Gauthier avait l'intuition que les cryptomonnaies allaient devenir des actifs majeurs dans les années à venir. Aujourd’hui, la société Ledger, qu'il dirige depuis 2017, est un poids lourd mondial dans le domaine. En juin dernier, une levée de fonds de 380 millions de dollars a d’ailleurs permis à Ledger d’intégrer le club très fermé des licornes. Une présence dans le secteur des cryptodevises qui lui permet d’avoir un poste d’observation unique sur l’avenir du bitcoin.
Interview de Pascal Gauthier, PDG de Ledger
Clubic : Ledger était déjà une entreprise rentable avant sa levée de fonds de juin dernier. Cette opération est-elle destinée à confirmer sa position de leader mondial dans le domaine de la sécurité des cryptoactifs ?
P. Gauthier : Ledger était effectivement dans une situation financièrement favorable, mais quand vous voulez changer d’échelle de valeur, une levée d’argent permet d’atteindre les objectifs plus rapidement. Nous avons plusieurs projets hardware et software que nous souhaitons financer de façon plus agressive, et l’atteinte d’une taille critique est nécessaire pour rester compétitifs face aux concurrents internationaux. Dans le domaine du digital, la taille a son importance et il est essentiel d’avoir toutes les cartes en mains pour pouvoir être un leader dans son domaine.
Les brusques variations du bitcoin à la baisse sont de plus en plus considérées comme conjoncturelles, car la tendance longue est clairement haussière. Partagez-vous ce sentiment de confiance ?
Oui. Le bitcoin est un actif résilient, car à chaque fois qu’il connait des crises il s’en sort toujours par le haut. L’infrastructure est aujourd’hui en place et le marché est mature. Certes, il y aura toujours des influenceurs qui pourront faire baisser les intentions d’achats en fonction de leurs déclarations, comme Elon Musk ou la Chine.
Si le patron de Tesla dit qu’il n’accepte plus de bitcoins pour son entreprise ou si les autorités chinoises annoncent fermer des usines de minage, un mouvement passager peut pousser les gens à moins investir dans la cryptomonnaies. Mais cette tendance ne durera qu’un temps, et les conséquences sont donc aujourd’hui plus marginales. Le cours du bitcoin suit sur une trajectoire ascendante solide, preuve supplémentaire de sa résilience.
La seconde édition de Surfin' Bitcoin été un succès. Une réussite qui doit beaucoup à la qualité des débats, mais aussi au format « cool » et décontracté. Partagez-vous ce sentiment ?
Surfin' Bitcoin doit son succès à plusieurs facteurs. Le cadre de Biarritz est idéal, d'une part. C'est aussi un évènement bitcoin maximaliste donc on sait immédiatement de quoi l’on va parler. Et puis le ton décontracté convient parfaitement à la thématique digitale. L'événement est certainement amené à grossir, et nous pouvons tout à fait imaginer dans les prochaines années le voir devenir un rendez-vous majeur lié au bitcoin en France.
La technologie blockchain est à l’origine des cryptomonnaies, mais ce terme n’a finalement pratiquement pas été employé pendant les deux jours du salon. Qu'est-ce que cela révèle de l'événement ?
Je pense que c’est une autre raison du succès de Surfin' Bitcoin. La parole a été donnée aux gens qui font l’industrie, tels que les entrepreneurs, mais également des historiens et des philosophes. Cela a permis d’aller au-delà des simples considérations techniques et d’aborder l’impact du bitcoin dans nos vies, aussi bien au niveau financier que social. Bien que l’on soit au début de la création de l’écosystème bitcoin, cette cryptodevise va avoir à mon sens un vrai rôle de « game changer » dans notre vie quotidienne à l'avenir.