Par défaut, Adblock Plus ne bloque maintenant plus l'intégralité des publicités en ligne. Les réclames considérées comme non intrusives passent en effet désormais au travers des mailles du filet de ce tueur de pub, à moins que l'utilisateur ne choisisse de revenir à une suppression totale. Ce nouveau comportement est implémenté au sein de la version 2.0 du plugin, dès à présent disponible pour Firefox (les déclinaisons Chrome et Safari devraient être mises à jour prochainement).
Qu'est ce qu'une publicité « acceptable » selon Adblock Plus (ABP) ? Ses auteurs la définissent comme une réclame statique (sans animation ou son), de préférence textuelle, et ne faisant appel qu'à un unique script externe. Autrement dit, un bloc de liens sponsorisés devrait passer, alors que la luxueuse animation Flash combinant vidéo, son et interactivité sera bloquée.
En acceptant ce comportement, « vous soutenez les sites web qui dépendent des publicités mais choisissent des annonces non envahissantes », affirment les créateurs du plugin. « Et vous leur donnez un avantage sur la concurrence, ce qui encourage les autres sites web à utiliser également des publicités non-intrusives ». D'après eux, seuls 25% des utilisateurs d'ABP souhaiteraient l'éradication totale des publicités. Les autres seraient donc enclins à laisser passer la réclame, lorsque celle-ci est raisonnablement envahissante.
Forte du succès de son outil, l'équipe ABP estime que cette modification contribuera à sensibiliser les régies Internet à l'intérêt d'« améliorer leurs publicités ». Le message passera-t-il ?
En simplifiant à l'extrême, la problématique de la pression publicitaire se résume de la façon suivante : plus un format est visible (et donc intrusif, animé, bondissant ou confondu avec un contenu éditorial) et plus les espaces qui l'abritent seront facturés cher à l'annonceur. Au gré de la montée en résolution des écrans, les formats publicitaires historiques (le « 728 x 90 » par exemple) occupent une surface de moins en moins importante lors de l'affichage d'un site, et laissent souvent la place à des bannières dynamiques et plus imposantes, lorsqu'on n'use pas d'artifices plus complexes comme l'habillage ou l'interstitiel. Bref, pour être vue, et donc vendue, une publicité se doit d'être visible.
Le corollaire, c'est que plus la publicité est visible... et plus elle agace l'internaute, l'incitant à se tourner vers des outils comme Adblock Plus. Pour les sites qui monétisent tout ou partie de leurs activités par la publicité, l'existence d'un tel plugin n'est pas anodine, puisque les visiteurs qui l'utilisent ne participent plus à la vente de l'inventaire publicitaire. Reste à voir quelle réponse les régies choisiront d'apporter à cette menace latente.