La ministre chargée de l'économie numérique a bien conscience que le très haut débit affecte de plus en plus le développement économique. Elle en veut pour preuve les entreprises qui réclament désormais la fibre optique pour s'installer ou même les touristes pour lesquels la bande passante est un critère pour le choix d'une location et donc d'une destination.
Mais ni la ministre ni les députés ne sont pleinement satisfaits par l'avancée du déploiement.
Des mesures plus strictes pour les opérateurs
Le député-maire de Sarcelles, François Pupponi, souligne pour commencer que la fracture numérique est plus grave qu'on ne le croit. Selon lui les ruraux ne sont pas près de bénéficier du très haut débit puisqu'on n'est pas près d'en bénéficier à 20 km de Paris.Il parle d'« anarchie » et cite un cas précis : « Free voulait venir à Sarcelles et a déployé la fibre optique sous les rues, mais il sont repartis avant d'avoir terminé les raccordements, et quand on leur demande quand ils reviendront, ils répondent qu'ils verront bien. »
Fleur Pellerin rassure avec de futures conventions qui permettront aux collectivités territoriales de reprendre la main sur le déploiement des réseaux à partir du moment où une carence aura été constatée.
La menace de Google Fiber comme carotte au déploiement
Interrogée par une élue de Gironde, Pascale Got, sur la suppression pure et simple des frais d'itinérance, Fleur Pellerin a repoussé ce genre de mesure : « Ce serait une bonne nouvelle pour les consommateurs mais pas pour les opérateurs auxquels on demande beaucoup d'investissements », « c'est une mesure qui conduirait à diminuer nos capacités d'investissement ».Et d'ajouter : « Je pense qu'on a quand même vraiment intérêt à déployer nos infrastructures ». C'est que selon Madame la ministre, des opérateurs étrangers sont sur les rangs : « J'ai vu une grosse entreprise américaine, qui fait un moteur de recherche et qui déploie du très haut débit au Kansas, qui se demande si elle ne va pas proposer ce service dans tous les pays du monde ». « Je préfère que les opérateurs aient des marges d'investissement pour fabriquer nos réseaux plutôt que ce soit des entreprises over-the-top qui se mettent à les déployer. »
En d'autres termes, si les opérateurs français n'accélèrent pas leur déploiement, ils laisseront assez de place pour Google Fiber, ce qui n'est ni dans leurs intérêts, ni dans ceux de l'état, puisque ce genre de multinationale parvient à optimiser sa fiscalité. D'autant que l'offre Google Fiber n'a plus tellement d'intérêt particulier pour les consommateurs français, depuis que Free et SFR ont porté le débit maximal de leurs offres à 1 Gb/s.