StopCovid (© Alexandre Boero pour Clubic)
StopCovid (© Alexandre Boero pour Clubic)

L'application de traçage numérique peine à franchir les 2 millions de téléchargements. Il devient difficile pour le gouvernement de s'en satisfaire.

StopCovid devait être l'un des rouages essentiels de la stratégie mise en place par le gouvernement pour se protéger et se prémunir de toute infection au coronavirus. Mais en plus de collecter plus d'informations que ne le prévoit l'arrêté initial, l'application portée et défendue par le secrétaire d'État chargé du Numérique, Cédric O, n'est pas du tout populaire, à tel point que ce dernier ne se fait aujourd'hui plus vraiment d'illusions sur son utilité.

Le rythme des téléchargements ralentit jour après jour

Les choses n'avaient pourtant pas si mal démarré pour StopCovid. On se souvient que 24 heures après son lancement (elle est disponible depuis le 2 juin 2020 pour le grand public), l'application avait déjà été téléchargée 600 000 fois. Un départ correct. Mais l’essoufflement s'est rapidement fait sentir, avec moins d'un million de téléchargements les dix jours suivants.

Et depuis, le rythme ralentit encore du côté de StopCovid, qui pointait mercredi matin à 1,7 million de téléchargements. On dépasse ainsi à peine les 2% de la population, alors qu'il faudrait des millions et des millions d'activations pour que l'application de traçage numérique destinée à lutter contre le coronavirus trouve sa pleine utilité et tente de prouver sa réelle efficacité.

Ardent défenseur de StopCovid (dans sa position, avait-il le choix ?), le secrétaire d'État Cédric O devient fataliste. Il aurait ainsi confié à nos confrères de Franceinfo qu' « aujourd'hui, vu la faiblesse de l'épidémie, l'utilité de l'application est relative ». On peut clairement parler de désaveu.

L'appli allemande téléchargée 6 millions de fois en… 30 heures !

StopCovid court derrière l'échec (ou l'inverse) et devient peu à peu un symbole de ce l'on pourrait appeler « l'exception française ». En Allemagne, où l'application équivalente Corona Warn-App n'est disponible que depuis le début de la semaine, on a franchi la barre des 6 millions de téléchargements en seulement… 30 heures, comme l'a confirmé le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, mercredi matin. En Italie, l'application Immuni totalisait 2,2 millions de téléchargements en 10 jours, en étant disponible au départ que dans une partie du pays.

Et ce n'est pas tout. Il y a quelques jours, nous apprenions que l'architecture même de StopCovid pourrait, à terme, lui être fatale. L'application française repose en effet sur une approche centralisée (les échanges passant par un serveur central). Et dans le cadre d'une coopération européenne qui reposera, elle, sur une architecture décentralisée, l'outil hexagonal ne sera pas compatible à l'étranger. Depuis que le Royaume-Uni a décidé cette semaine de privilégier finalement le protocole décentralisé mis au point par Apple et Google, la France est devenue le seul grand pays d'Europe à avoir une approche centralisée.

Décidément, StopCovid a du mal à se mettre dans les bons coups et ne parvient pas à convaincre les Français, qui restent sceptiques. Et tout cela coûterait entre 100 000 et 200 000 euros par mois à l'État français. Dommage.