Les réseaux redéfinissent nos interactions © Pixabay / Pexels
Les réseaux redéfinissent nos interactions © Pixabay / Pexels

Nés à la fin des années 90, les réseaux sociaux ont révolutionné nos échanges. Des débuts de MySpace à la suprématie de Facebook en passant par l’irruption de TikTok, ils influencent profondément notre quotidien. Chaque nouveauté bouscule nos usages, peu importe notre âge.

L’an passé, nombre d’articles prévoyaient la fin des réseaux sociaux tels que nous les connaissons. Alors que la génération Z prend le pas sur les millenials, les attentes évoluent quant à ces plateformes. Les défis sont nombreux : harcèlement, désinformation, protection de la vie privée… Quelles directions vont prendre les plateformes sociales ? Quelle influence cela aura-t-il sur nos interactions numériques ? Petit tour d’horizon dans cet article.

Les réseaux sociaux, des outils en révolution permanente

Pour fidéliser leurs utilisateurs, les plateformes sociales doivent se renouveler sans cesse.

Pourquoi les réseaux sociaux évoluent-ils si vite ?

Les réseaux sociaux évoluent et se diversifient à grande vitesse. En 2013, Facebook, YouTube et Twitter (désormais, X) dominaient le marché. Côté professionnel en France, LinkedIn et Viadeo étaient aussi très populaires. En 2015, Instagram et Snapchat, des plateformes privilégiant le visuel, prennent de l’ampleur. Deux ans plus tard, alors que Google+ ressemble à une ville fantôme, TikTok et ses capsules vidéos pointent le bout de leur nez.

Sous la pression d’une concurrence intense, les plateformes sociales utilisent la technologie pour améliorer l’expérience des utilisateurs et proposer des fonctionnalités toujours plus attractives, quitte à se copier les unes les autres. S’adapter au besoin des entreprises et des annonceurs ainsi qu’aux nouveaux comportements est un enjeu de taille. Autant de raisons qui forcent les réseaux sociaux à se renouveler en permanence.

Les communautés virtuelles sont incontournables © Pixabay / Pexels
Les communautés virtuelles sont incontournables © Pixabay / Pexels

Quels sont les défis auxquels se confrontent les plateformes sociales ?

Proposer des expériences engageantes est la préoccupation majeure de tous les réseaux sociaux. Bien qu’ils reposent sur un nombre d’utilisateurs très important (on compte plus de 5 milliards d’inscrits sur la planète, soit 62,3 % de la population mondiale), la monétisation est une question centrale. Toutefois, les réseaux se confrontent aussi à de nombreuses autres problématiques :

  • Préserver la confiance des membres quant à la protection de leurs données personnelles.
  • Éviter la prolifération de fausses informations dans un monde où les jeunes générations se fient plus aux réseaux qu'aux médias traditionnels. Ce problème ne cesse, d'ailleurs, de croître avec l’essor de l’IA et l'abandon de la lecture pour le visionnage de vidéos.
  • Garantir la liberté d’expression tout en luttant contre les comportements ou contenus inappropriés.
  • Protéger le bien-être mental des membres.
  • Gérer les “bulles de filtre”, et bien d’autres.

Il existe aussi de nombreuses restrictions réglementaires et une méfiance croissante de la part des gouvernements.

Les grandes tendances pour 2024

Perte de parts de marché, plans sociaux, législations contraignantes… 2022 et 2023 ont été particulièrement catastrophiques pour les plateformes sociales. Si les réseaux de niche, qui reposent sur des communautés fidèles, n'ont pas entrepris de profondes modifications de leurs usages, les médias plus généralistes ont dû revoir leur copie, dans l’espoir d’attirer les faveurs d’une Gen Z particulièrement exigeante.

Place à la nouvelle génération © Cottonbro Studio

2024 devrait être le théâtre de nombreuses évolutions :

  • Les réseaux sociaux deviennent les nouveaux moteurs de recherche. Ils sont aussi utilisés comme sources d'actualité, en particulier chez les 18-24 ans.
  • Le shopping social est en pleine ascension.
  • Les vidéos courtes pourraient être éclipsées par une résurgence du format long.
  • Le ton authentique, à la fois transparent et décontracté, est plus que jamais d’actualité.
  • Les nano-influenceurs sont de plus en plus sollicités et écoutés.
  • L’intelligence artificielle et la réalité virtuelle sont en net progrès.
  • On évoque aussi, ô joie, un possible retour du fameux “Poke”.

Ces nouvelles tendances traduisent des changements plus importants : elles témoignent, en effet, d'une transformation globale de nos habitudes sur internet.

Une nouvelle ère pour les plateformes sociales

Loin de s’effondrer, les réseaux vont devoir s’adapter et innover.

La technologie, meilleure alliée des communautés virtuelles

Les dernières avancées technologiques boostent les interactions et le partage innovant d’informations. Le recours à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée pourrait favoriser l’émergence d'expériences plus immersives et effacer les frontières : évènements virtuels, collaborations et publicités interactives, etc. Côté marketing, ces outils pourraient s’avérer particulièrement intéressants, car ils augmentent l’engagement et le partage.

L’IA a également sa carte à jouer : recommandation de contacts et de contenus, protection des utilisateurs optimisée, personnalisation d’expériences sociales, outils de création, chatbots… Les idées sont séduisantes, si tant est qu’elles soient mises en œuvre avec prudence.

Enfin, le recours aux assistants vocaux (ou Voice-Based Social Media) devrait aussi permettre une utilisation plus fluide des plateformes.

La technologie offre de nombreuses opportunités © Kampus Production / Pexels

Une fragmentation des réseaux

Au départ, les réseaux sociaux étaient, avant tout, un lieu de partage et de discussion entre proches. Vingt années plus tard, les plateformes sont devenues, avant tout, un lieu de business.

Les utilisateurs ont plus que jamais besoin de renouer avec l’esprit de communauté et c’est pourquoi on assiste aujourd’hui à la multiplication de plateformes spécialisées : Nextdoor, Nostr, BeReal, Minus, Yik Yik, Fizz, Ahwaa, Bluesky et bien d’autres. Certains imaginent déjà un outil qui permettrait de les gouverner tous, comme Gobo, en développement au MIT.

Une mutation profonde de nos interactions

Au fur et à mesure qu’ils évoluent, les réseaux sociaux remodèlent nos comportements.

Un fossé générationnel en expansion

Les plateformes sociales ont un véritable impact sur notre quotidien, en témoigne le temps qu’on leur accorde. Tous âges confondus, l’utilisateur moyen se connecte chaque mois à au moins 7 réseaux sociaux.

L’usage, on le sait, varie beaucoup selon les générations : si 48 % des Boomers visitent quotidiennement un média social pendant 10 minutes à une heure, 35 % des Gen Z les utilisent chaque jour plus de 2 heures. Les perceptions que les gens ont des plateformes varient aussi fortement, et ce, quel que soit le sujet (vie privée, santé mentale, e-commerce, etc.).

Tous égaux face aux réseaux ? © Cottonbro Studio / Pexels

En constant développement, ces outils offrent toujours plus d’opportunités de communication et de partage (messages privés, commentaires, Lives, etc.). Ils permettent aussi, pour ceux qui ont l’ouverture d’esprit nécessaire, de mieux saisir les enjeux auxquels chacun d’entre nous est confronté. Malheureusement, ces évolutions génèrent aussi d’importants clivages générationnels :

  • La croissante complexité technique des médias crée des barrières technologiques et des freins sociaux.
  • Les bulles de filtres accentuent les stéréotypes et empêchent les échanges.
  • L’utilisation des réseaux a des incidences sur notre langage, sur notre bien-être mental, mais aussi sur la qualité des conversations hors plateforme.

Les réseaux sont-ils toujours sociaux ?

Les réseaux sociaux, et internet en général, vivent une période de fortes tensions et de mutations. Loin de l’image d’Épinal du village global, la course à la scalabilité des plateformes n’est pas sans conséquences sur nos comportements et nos usages. Sous couvert de connexion, nous nous isolons d'autant plus.

Dans une récente chronique, Ellis Hamburger, ancienne de Snapchat, disait très justement que leurs fondateurs ont “rendu leurs applications gratuites pour développer leur communauté, avant de découvrir qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. Une croissance sans limites est la seule voie envisageable, et ce, même si le produit de départ devient méconnaissable”. Devoir plaire aux utilisateurs aussi bien qu’aux annonceurs est, en effet, une véritable gageure.

Dans un monde où nous sommes tous devenus le produit et où nos amis sont devenus une audience, il nous appartient de prendre du recul et de renouer avec l'utilité initiale de ces outils : servir de puissants vecteurs de communication et de partage.